Ce week-end, débutent les marées d'équinoxe. Or la canicule couplée à de forts coefficients de marée impactent la faune et la flore locale de la Loire. On vous explique comment la nature ligérienne réagit face à ces phénomènes.
Que l’on soit en période de sécheresse ou en présence de fortes marées en Loire-Atlantique, celui qui est l’objet de toutes les attentions, c’est le bouchon vaseux.
Cette masse de sédiments brune constituée de matière organique, de petits végétaux oscille plus ou moins en amont et en aval selon les coefficients de la marée et le débit de la Loire. C'est elle qui donne alors à l’eau sa couleur brune verdâtre.
Faune en danger
Lorsque le coefficient de la marée est bas, notamment en été du fait des fortes températures, le niveau de l’étiage, le niveau de l’eau est bas. Le bouchon vaseux remonte.
"Cela entraîne une désoxygénation. C’est-à-dire que la quantité d’oxygène présente dans l’eau diminue, et impacte de fait la faune aquatique notamment", explique Simon Léry, directeur du GIP (Groupement d’intérêt public) Loire Estuaire, avant de préciser, "la sécheresse et la canicule peuvent aggraver cette désoxygénation et alors altérer les déplacements des animaux, leur façon de se nourrir et même de se reproduire".
Eu égard à l’évolution et aux changements climatiques, cette situation d’un fleuve très bas, au débit très bas risque de se produire de plus en plus.
Marées et salinité
Ce phénomène qui altère la qualité de l’eau, la reproduction et les déplacements des poissons et autres animaux des bords de Loire n’est pas l’unique cause.
La variation de la salinité est également en cause.
Lors de très forts coefficients de marée, un apport conséquent en sel va affluer dans l’eau douce du fleuve. "Avec les submersions liées aux grandes marées, l’apport en sel sur les milieux attenants de la Loire aura également des effets sur la flore", ajoute Simon Léry, "c’est surtout en aval de la ville de Nantes que l’on observera ce phénomène".
Le GIP des Pays de la Loire devrait se pencher sur des analyses et données plus précises d’ici l’automne.
L'estuaire, un écosystème à part entière
Car la salinité joue un véritable rôle. Grâce à elle, entre autres, l'estuaire offre des conditions de vie spécifiques. L'estuaire est un écosystème à part entière.
"Grâce aux sédiments présents dans les fonds qui facilitent l’existence d’herbiers immergés, ces écosystèmes sont une ressource alimentaire pour de nombreuses espèces de poissons", précise l'OFB, l'office français de la biodiversité.
Des facteurs comme la pollution, le réchauffement climatique, ou encore l'urbanisation pèsent sur le bon état des milieux aquatiques
Office Français de la Biodiversité
Quels risques pour l'eau potable ?
Parallèlement au paramètre des débits de la Loire, les marées vont également jouer sur la prise d'eau potable. Pour Nantes métropole et le département, la station de pompage d'eau potable se situe à Mauves-sur-Loire.
Plus les marées vont augmenter, plus le bouchon vaseux va se concentrer. Les sédiments du fond du lit de la Loire, vont remonter, revenir en suspension. "Le risque est que le bouchon vaseux remonte jusqu'à dépasser Nantes et stagne temporairement sur la station de Mauves où l'eau potable est prise", explique Hélène Fallou, spécialiste du bouchon vaseux au GIP Loire estuaire.
Conséquence : Le prélèvement de l'eau potable pourrait alors être limité, et nécessiter des traitements plus forts en vue de la potabilisation de l'eau.
On espère que la pluie arrive ce week-end pour que les débits augmentent et que le bouchon vaseux soit un peu dilué. Cela évitera le colmatage de la station de pompage d'eau potable
Hélène FallouSpécialiste du bouchon vaseux au GIP Loire Estuaire
Le services de l'Etat en collaboration avec les divers organismes experts de la Loire suivent le phénomène de près.
Mais les experts se veulent rassurants. Il n'y pas de risque imminent de pénurie d'eau potable. "Divers scenarii sont étudiés, si à l'avenir les grandes sécheresses couplées aux grandes marées perturbent encore plus le bouchon vaseux, il pourrait être un jour envisagé de déplacer à nouveau la prise d'eau potable. Mais on n'en est pas là", assure Hélène Fallou.
Le point culminant des grandes marées est attendu dimanche avec un coefficient de marée de 105 le soir, idem pour la marée du matin le lundi.
