Comment ceux qui ne partent pas en vacances, vivent-ils ces deux mois d'été d'ordinaire placés sous le signe du soleil, de la fête et des voyages ? Au Clos Toreau, quartier populaire au sud de Nantes, les associations aident les plus précaires à préparer des séjours hors du quartier. Il suffit parfois de quelques heures ou quelques jours pour s'offrir une pause dans un quotidien pas toujours rose. Nous vous proposons notre série d'été en Pays de la Loire.
Quand l'été tombe sur le quartier, l'atmosphère est suffocante. Au Clos Toreau, quartier populaire de 1 700 habitants, il fait chaud, très chaud dans les studios ou les T5 pour familles nombreuses. Alors, il faut bien prendre l'air.
Mais, à part les sorties au parc, il n'y a rien à faire.
Avec la crise et l'inflation galopante, 4 français sur 10 et 3 millions d'enfants ne partiront pas en vacances cette année. La précarité frappe à tous les étages.
Les vacances sont donc souvent un rêve quasi inaccessible. La famille Abdallah est partie l'an dernier, mais, cette fois, pour Oumaima et son grand frère Abdoulazim pas de voyage à l'horizon, ni camping, ni tour Eiffel. "C'était génial, j'ai aimé faire des vacances en famille. Si on reste à la maison, dans le quartier, on ne peut pas apprendre grand-chose", raconte Abdoulazim.
Le quotidien. Toujours les mêmes tours, toujours les mêmes personnes. "Voir de la lumière, des choses plus vivantes, plus gaies, aérées, c'est hyper important" explique Natacha Moulin, surveillante d'école. Il faut faire des choix. Elle aurait bien voulu partir un peu avec sa fille cet été mais elle grandit et a besoin d'une nouvelle chambre, alors ce sera pour l'année prochaine... peut-être.
Les éducateurs
Un simple jeu suffit parfois. Sur le terrain, les éducateurs ne lâchent rien. Pendant deux mois, ils sont là, au pieds des tours ou dans un parc voisin.
L'acavale est une association de pédagogie sociale. Elle propose des sorties pour les enfants, les adultes, les familles. Sa philosophie : tout ce qui fait partie du quotidien peut être apprentissage, découverte et expérimentations.
La liberté pour toutes et tous de venir aux activités qu'elles soient sur l'espace public ou en sortie et la gratuité sont les principes de base
Eva PouleauCoordinatrice association d'éducation populaire "L'acavale"
Les animateurs s'adaptent aussi au quotidien des familles, leur disponibilité, comment les parents travaillent, leurs horaires. "On va les chercher chez eux le plus possible pour justement qu'il n'y ait pas de déplacement à faire, s'il y a d'autres personnes à garder".
Les associations
Quand l'argent vient à manquer, les associations prennent le relais.
Depuis plus de 60 ans, l'association "Vacances et Familles" de Loire-Atlantique favorise l'accès aux vacances. Elle propose aux familles des solutions non seulement pour l'hébergement, mais aussi avant et après le séjour. "On accompagne les familles qui prennent leur billet de train pour les vacances, on a jusqu'à 80 % de réduction", nous explique Claire Bouchet, animatrice du réseau, "le fait d'avoir les bénévoles sur place, sur les différents lieux de vacances ça aide les mamans ou les papas seuls à se sentir plus en sécurité et peut-être partir plus sereinement sur leurs vacances".
Elizaveta Voddyanova, mère célibataire, cumule deux emplois pour s'en sortir. Grâce à l'association, elle va pouvoir goûter au soleil du sud-ouest. La location pour 15 jours ne lui coutera que 160 euros.
Cet été, 40 % des Français ne partiront pas. Les habitants du Clos Toreau en savent quelque chose. Eux qui regardent les avions décoller, mais restent si souvent cloués au sol.