Le ras-le-bol des passagers du TER de la ligne Pornic-Nantes. Ce lundi matin, à l’heure de pointe, un collectif d’usagers a chanté à tue-tête dans le train la chanson des Sardines de Patrick Sébastien. L’objectif : dénoncer la dégradation des conditions de transport sur cette ligne très fréquentée, et interpeller la SNCF.
Chaque matin, c'est la même angoisse. Christelle attend nerveusement sur le quai de la gare à Saint-Hilaire-de-Chaléons, en Loire-Atlantique.
Elle guette l'arrivée du train Pornic-Nantes, qui lui permet de se rendre à son travail en semaine. "Tous les matins, on se pose la question de savoir si on va pouvoir rentrer, et si on va pouvoir s'asseoir", grogne-t-elle.
Détérioration des conditions de transport
Depuis la rentrée de septembre, elle raconte la détérioration des conditions de transport sur cette ligne très empruntée aux heures de pointe. "Il y a deux jours, le train a été supprimé à cause d'une panne de passage à niveau, c'est récurrent", avance Christelle. Désormais, dès qu'elle se réveille, elle a pris le réflexe de consulter les réseaux sociaux de la SNCF pour être informée des éventuels retards ou suppressions de train.
Ça m'arrive de ne pas prendre le train parce que je sais que le soir je vais avoir des impératifs pour mes enfants et que potentiellement je ne pourrai pas rentrer chez moi
ChristellePassagère quotidienne de la ligne de TER Pornic-Nantes
Lorsque le train passe, reste à supporter la proximité à bord avec les autres voyageurs. La plupart du temps, la SNCF n'attribue qu'une rame à la ligne Nantes-Pornic. À l'intérieur, les passagers s'entassent comme ils le peuvent. Serrés comme des sardines.
Un collectif d'usagers en colère créé
Une situation devenue intenable, pour Aurélie, autre passagère régulière de la ligne. Il y a deux semaines, la salariée en informatique a décidé de fonder un collectif d'usagers du train en colère. Elle a passé un appel sur un groupe Facebook, et reçu des dizaines de soutiens.
Ce matin du 22 janvier, c'est elle qui a pris l'initiative d'inviter les passagers à chanter la chanson Les Sardines, de Patrick Sébastien, alors que le train circulait entre Bouaye et Rezé, portion particulièrement concernée par la surfréquentation.
Ah qu'est ce qu'on est serrés, au fond du TER, comme des sardines, comme des sardines... Ah qu'est ce qu'on est serrés, au fond du TER, chantent les usagers, qui chaque jour se resserrent !
Les Sardines de Patrick SébastienParoles réécrites par le collectif d'usagers
Pendant quelques secondes, sous les yeux du responsable SNCF de la ligne, présent à bord, le collectif a chanté avec quelques passagers solidaires.
"Rien ne change"
"On a l'impression qu'on est pieds et poings liés, on envoie des formulaires de réclamation et malgré tout rien ne change, donc là, l'idée, c'était de faire un peu un buzz sur les réseaux sociaux", explique Aurélie, qui vit à Pornic, mais travaille à Rezé.
Avec cette action, le collectif espère obtenir plus de rames dédiées à la ligne, des cars de remplacement systématiques en cas d'annulation de train, ou encore une baisse des prix des abonnements.
Aurélie a choisi de renoncer à la voiture individuelle pour alléger son bilan carbone, et, dans une moindre mesure, pour économiser. Elle sait qu'il serait parfois plus simple d'abandonner l'idée de prendre le train. "J'ai beaucoup de gens qui m'ont écrit pour me dire moi, j'ai repris ma voiture, et ça, je trouve ça dramatique", regrette la passagère.
La région accuse la SNCF
Reprendre la voiture faute de bonnes conditions de transport en train... Un choix à contre-courant des ambitions du conseil des Pays de la Loire, qui veut augmenter de 67 % l'offre de TER dans la région d'ici à 2030.
Dans ce dossier, Julien Bainvel, conseiller régional, jette la pierre à la SNCF. L'élu "comprend l'agacement, l'exaspération" des usagers, et "demande à la SNCF d'exercer complètement la mission qu'on lui confie et pour laquelle on la rémunère".
"L'aspect positif, c'est qu'on a une forte augmentation du nombre d'usagers sur notre réseau. L'aspect négatif, c'est effectivement que la SNCF n'est pas capable de suivre ou prend du retard sur un certain nombre d'entretiens de son matériel endommagé. Donc il faut réussir à retrouver cet équilibre-là".
Pas de rame supplémentaire à court-terme
De son côté, la SNCF se défend. "Évidemment, on fait tous les efforts pour éviter ce genre de situation", assure Ronan Besseyre, responsable de la ligne de TER Pornic-Nantes. Il explique qu'en 2023, à moyens constants, l'offre de TER a augmenté de 12 %. "On a une tension sur la maintenance aussi, après le covid, on a eu des difficultés pour recruter des agents de maintenance", déplore le responsable.
Difficile pour la SNCF de garantir un retour à la normale aux usagers du TER. "À court terme, on n'aura pas de rame supplémentaire pour les TER en Pays de la Loire", avoue Ronan Besseyre. La priorité du groupe est de revenir à un niveau normal pour retrouver "des conditions de transports acceptables".
Le conseil régional des Pays de la Loire a convoqué une réunion avec la SNCF ce lundi 22 janvier à 17 h pour évoquer la situation de la ligne Pornic-Nantes. Le collectif d'usagers du train a été invité.
Le reportage de Carla Butting, Amélie Lepage et Mariano Zadunaisky
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