SPA. "Pour les chiens, c'est tout le temps plein", les abandons d'animaux en hausse de 16 % en Pays de la Loire

Dans les six refuges gérés par la SPA en Pays de la Loire, on a constaté en 2023 une augmentation importante du nombre d'abandons. Surtout de chiens. Heureusement, les adoptions augmentent également, mais la situation est tendue, notamment dans le refuge de Bouguenais où les box pour chiens sont pleins.

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Les pluies généreuses de cet hiver rendent les allées un peu boueuses dans ce refuge de l'agglomération de Nantes. Heureusement, dans les enclos, les chiens bénéficient d'un lieu couvert, à l'abri des intempéries, mais aussi d'une cour d'une trentaine de m². Pas de surpopulation. On fait attention.

Le refuge de Bouguenais, qui appartient au réseau national de la SPA et qui a pris la suite de l'association "Des animaux et des hommes", est verdoyant. 

"L'ADN de Bouguenais, résume Grégory Duplant, le responsable du refuge, c'est son côté nature. Dans les années à venir, on va développer un parcours pour les adoptants, avec des panneaux, des couleurs, des fleurs."

Un à trois abandons par jour

Le lieu est calme, bien que proche de la quatre voies Nantes-Pornic. On entend quelques aboiements, mais sans excès, pourtant, les box pour chiens sont pleins. 

"J'ai 26 box pour 30 à 35 chiens, détaille Grégory. J'ai entre un et trois abandons par jour. Je n'ai pas la ressource humaine pour prendre tous les appels sinon j'en aurais plus."

Et une demande d'abandon n'aboutit pas immédiatement à une place dans le refuge. Il faut attendre qu'un box se libère. Ça peut prendre plusieurs mois.

Jack, Titan, Happy, sur le tableau blanc, à l'accueil du refuge, les noms des chiens sont indiqués pour chaque enclos. Certains sont là depuis plusieurs années. 

Beaucoup de molosses et de bergers malinois.

"Je pourrais remplir mon refuge de molosses", reconnaît Grégory. Ces chiens trapus ont été à la mode, comme les Malinois. Mais ils exigent un grand investissement de leur propriétaire.

"Il faut pouvoir les dépenser physiquement et intellectuellement, précise Grégory, sinon ces chiens vont s'ennuyer et se venger sur leur environnement. Pour eux, c'est un jeu, pour le propriétaire, c'est une bêtise."

"Je prends, j'utilise, je jette"

Certains de ces chiens sont de trop bons chiens de garde et finissent par être agressifs avec la propre famille de leur maître ou maîtresse. Et leurs propriétaires s'en séparent. "Il y a parfois une attitude conso chez les propriétaires, je prends, j'utilise, je jette" constate Grégory.

Mais le refuge connaît aussi de belles histoires, reconnaît-il : "Des animaux qui arrivent dans un triste état, à qui on redonne confiance en l'homme, qui repartent et où on a des bons retours de la part des familles adoptantes."

Avant de le proposer à l'adoption, la SPA doit de temps en temps prendre le temps de rééduquer le chien. Ce sera le cas pour Fripon, un ratier arrivé en janvier et qui a tendance à mordre. Mais il a la chance de cocher la case de ce qui est recherché : c'est un petit chien. 

Ce sera plus difficile pour Maya, un molosse, pourtant plus câlin.

"On récupère beaucoup de chiens difficiles"

Au refuge SPA indépendant de Carquefou, qui n'appartient pas au réseau national de la SPA, on fait le même constat.

"On récupère beaucoup de chiens difficiles, nous dit Ghislaine, des chiens qu'il faut rééduquer, des Malinois surtout. C'est une question de mode."

Ce refuge a constaté un effet Covid. Des adoptions au moment de la crise sanitaire et, depuis que le travail a repris, que tout le monde est reparti dans ses activités, des abandons.

Le centre SPA de Carquefou, qui fait aussi fourrière (pour les chiens errants), a eu à traiter 181 abandons en 2023, et 334 mises en fourrière. 

"Il y a une baisse des adoptions", déplore ici Ghislaine. 

Pour les chats, la plaie, ce sont les chats non stérilisés, qui se reproduisent plusieurs fois dans l'année.

"Il faudrait que les communes fassent des campagnes de stérilisation, insiste Ghislaine, sinon on ne va jamais s'en sortir !".

Au refuge de Bouguenais, l'hiver est la saison basse pour l'arrivée des chats. Mais on sait bien, là aussi, qu'avec le printemps, les abandons vont se multiplier. On s'attend à retrouver, devant l'entrée, des cartons de chatons, retrouvés ici où là, ou abandonnés par des propriétaires qui n'ont pas fait stériliser leur animal.

"On est à 20 chats en ce moment, on va passer à 60 ou 70 en plein été", confirme le responsable du refuge SPA de Bouguenais.

Pour certains chats, l'adoption sera plus difficile. Notamment ceux qui refusent le contact physique.

C'est le cas de Doudou qui ne se laisse pas approcher. Et qui, en plus, est atteint de calicivirus, ce qui nécessite des soins réguliers. Il y en a neuf comme lui au refuge. Mais, parfois, un adoptant peut se présenter. Il faut toujours garder espoir.

De multiples raisons pour les abandons

Si les abandons peuvent être le fait de propriétaires qui ne savent plus comment gérer le caractère de leur animal, la raison peut aussi être le décès du propriétaire, une séparation, un déménagement, une entrée en EHPAD.

"Par pudeur, les gens n'osent pas le dire, mais il y a parfois clairement une notion de difficultés financières" ajoute Grégory Duplant.

Si un chien ne trouve pas d'adoptant, il peut être transféré vers un autre refuge SPA, c'est toute la force du réseau de cette association nationale. Dans un autre bassin de population, il aura, peut-être, sa chance.

Les euthanasies sont rares. Souvent pour des raisons médicales. Mais aussi, cela peut arriver, parce que l'animal est incasable. Son cas est alors étudié par la commission "chiens difficiles", qui peut, mais ce n'est pas systématique, décider de l'euthanasier.

Un contrat de placement

Lorsqu'une adoption se fait, le refuge propose un "contrat de placement provisoire". L'animal est placé chez l'adoptant pour trois mois. Un bilan est fait et on voit si tout se passe bien, autant pour l'adoptant que pour l'animal.

De plus, la loi du 30 novembre 2021 (article L. 214-8), interdit de confier un animal le jour de la première visite du candidat à l'adoption. Un délai de réflexion de sept jours est imposé. Cela évite certains achats "coup de tête" qui pourraient se terminer par un abandon, toujours traumatisant pour l'animal.

"Et si les gens ont des questions, on est là pour y répondre" rassure Grégory Duplant.

Dans ses six refuges des Pays de la Loire (Pornic, La Roche-sur-Yon, Bouguenais, Cholet, Yvré l'Évêque et Château d'Olonne), le réseau SPA a pris en charge 4 353 animaux en 2023. Soit 16 % de plus qu'en 2022.

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