Trois trentenaires nantais ont été victimes d'agresseurs particulièrement violents qui leur demandaient des cigarettes. Un peu fatigués en cette fin de soirée, ils refusent. Résultat : des dents cassées et beaucoup de bleus.
Les habitants du centre de Nantes témoignent régulièrement des agressions dont ils sont victimes pour des questions de drogue, de cigarettes, ou de tentatives de vols de smartphones.
Il est minuit passé mardi 21 décembre, trois jeunes hommes sortent d'une virée dans les bars du centre. Rue Du Guesclin, ils sont abordés par un groupe de jeunes hommes qui leur demandent des cigarettes. Les trois amis n'en ont plus à cette heure de la nuit, ils s'apprêtent à passer leur chemin, mais ils se sont fait jeter à terre et rouer de coups.
Dents cassées
Paul, c'est un prénom d'emprunt, témoigne : "On nous a demandé une clope, déjà que c'est un peu chiant, on n'en donne pas toujours, on a continué à marcher et on s'est fait balayer en fait. On n'a rien senti venir".
Le groupe d'agresseurs, "ils étaient sept ou huit", plus jeunes, se déchaine sur les trentenaires à terre à coups de pieds : "J'ai une dent cassée, la tempe qui a saigné, l'arcade sourcilière abîmée, des bleus sur le côté. Mon pote a pris cher, il n'a finalement pas la mâchoire cassée, mais des dents cassées, des hématomes partout sur le corps sur la tête". Le troisième a plus de chance, "il s'est protégé avec son skate".
Paul dont la grand-mère habitait le quartier a déjà observé ce genre de chose, "des mecs agressés, des nanas qui se font emmerder". Les espaces publics en rénovation font se déplacer les dealers en fonction des barrières de chantier. Le climat d'insécurité reste, le jour comme la nuit.
Une population nouvelle
Au coin de la rue Sainte-Catherine, une voiture de police est stationnée, trois agents discutent à côté. Peu de monde, les trams passent. Les agents s'en vont, quelques minutes plus tard, un groupe de jeunes adultes chine des cigarettes, importune une jeune fille avec lourdeur. Elle s'enfuit, les voyageurs assistent à la scène médusés.
"Les dealers avec les travaux de la station du tram 1 se sont déplacés sur la station des trams 2 et 3", témoigne un habitant du quartier. Dealers ou camés, il ne sait pas exactement, "mais assurément ils sont jeunes, d'origine africaine, ne parlent pas le français, et un refus à l'une de leurs demandes tourne vite à l'altercation violente".
La ville a changé
Paul n'est pas allé porter plainte au commissariat, "je me dis que ça ne sert à rien, ils sont 10 camions pour une simple manif le jour et il n'y a personne la nuit place du Commerce. Pourquoi ne tournent-ils pas plus ?" Paul est affirmatif, il a eu à faire à des dealers, "les dealos sont calmes dans la journée, mais la nuit, ils se lâchent, pas forcément camés".
Paul reste philosophe et regrette le temps, pas si lointain, où l'on pouvait sortir le soir en toute tranquillité. "J'ai quitté Nantes durant cinq ans, et tout a changé". Et il ajoute : "On a eu de la chance de garder nos affaires, je tiens finalement plus à ma carte bleue et à mon téléphone". Il rit de sa plaisanterie, pour ne pas s'avouer humilié et blessé, surtout dans son amour propre. Lui qui aime les potes et la nuit, et qui ne reconnait plus sa ville.