2024 est d'ores et déjà une année noire pour les maraichers de Loire-Atlantique. Avec 47% de précipitations en plus par rapport à la moyenne annuelle depuis janvier, et un été avare en chaleur, la production n'est pas au rendez-vous. S'y ajoute la difficulté de faire correspondre l'offre et la demande.
Producteur de fraises et de légumes à Pornic, Julien Sion n'est guère ravi de marcher sur une herbe humide en plein mois d'aout. "D'habitude, l'herbe est toute jaune et ne pousse plus à cette époque". S'y ajoute une température bien fraiche pour la saison, entre 10 et 12 degrés durant la nuit. "On a beaucoup d'humidité résiduelle, qu'on n'a pas habituellement à cette époque de l'année."
Après un hiver et un printemps extrêmement pluvieux, Julien Sion est très inquiet. Deux tiers de son exploitation maraichère sont consacrés à la culture de la fraise, une production bio vendue localement et ouverte à la cueillette aux particuliers.
"Cette année, la plantation des fraisiers a été décalée de quasiment deux mois, donc on a un pic de production qui est, lui aussi, décalé de deux mois, ce qu'on attendait pour le mois de juin finalement arrive au mois d'août. C'est seulement maintenant que l'on a une vraie production de fraises."
Au retard de production, s'ajoute le développement de maladies qu'il faut surveiller de près. Chaque matin, la récolte de fraises se solde par 10 à 15% de fruits invendables.
On a des fraises qui ont été abîmées par la pluie, d'autres qui moisissent parce qu'elles ont trop d'humidité. Certaines sont tachées par des maladies.
Julien SionMaraicher Bio - La cueillette de Pornic
"On a un mois pour avoir des tomates mûres"
Les autres productions de légumes souffrent aussi de ces conditions climatiques inhabituelles, comme les tomates de plein champ, plantées tardivement en raison des sols gorgés d'eau. Et le soleil s'est fait rare ce printemps et cet été.
"Elles ont manqué de températures chaudes, donc elles ont mis beaucoup de temps à démarrer. Elle commence tout juste à montrer des fruits maintenant. On a un mois pour avoir des tomates mûres et pouvoir commencer à les vendre, en sachant qu'on a eu du travail de plantation, du travail de nettoyage des plants, notamment à cause du mildiou".
Aujourd'hui, on ne sait toujours pas si on va pouvoir en vendre un kilo. On verra mi-septembre, si oui ou non, on réussit à sauver un peu la saison en tomates.
Julien SionMaraicher Bio - La cueillette de Pornic
Dans le pays de Retz (Loire-Atlantique), le constat n’est pas plus réjouissant pour Valentin Bonfils. Il a dû jeter 35 à 40% de sa production de jeunes pousses au début de l’été.
"La problématique, c'est le temps très humide qu'on a eu là au mois de mai-juin : on a eu des pousses importantes avec une consommation qui n'était pas en phase avec la production. On s'est retrouvé avec de la surproduction et des produits comme de la jeune pousse, qu'on ne peut pas stocker".
Et l'humidité couplée avec un temps chaud a entrainé des maladies. "On se retrouve avec des feuilles qui pourrissent et un produit impropre à la consommation. On ne peut plus le vendre à nos clients, donc on est obligé de courir après du produit qui est correct."
Dans les serres, pourtant protégées de la pluie, la récolte de tomates se fait aussi attendre. "On a entre trois semaines et un mois de retard, parce qu'elles ont manqué de lumière et il n'a pas fait assez chaud. Comme on a manqué de chaleur, les plants ont eu de la peine à faire grossir les fruits et bien les faire mûrir."
► Le reportage de Fabienne Even, Boris Vioche et Christophe Person
Les maraichers espèrent tirer parti de l’arrière-saison pour stabiliser leur exploitation. À condition que la consommation soit au rendez-vous.
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