Troubles de l'attention, hyperactivité, une orthophoniste et un pédopsychiatre publient un livre sur ces questions

Votre enfant a du mal à poursuivre une activité, il est "dans la lune", il pique des colères qui vous paraissent totalement injustifiées... et si c'était un TDAH ? Olivier Bonnot et Laurence Ollivier posent la question et proposent des réponses dans leur livre publié le 28 février aux éditions Marabout.

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Laurence Ollivier et Olivier Bonnot ont travaillé ensemble au centre expert TDAH de l'hôpital de Nantes. TDAH, quelle est donc cette bestiole qui justifie à elle-seule un centre d'expertise ?

Trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité. Une fois qu'on a dit ça, reste à expliquer ce comportement dysfonctionnant qui touche 6 % de la population française. Et encore, c'est sans compter ceux qui ne sont pas diagnostiqués et qui souffrent de ce trouble, et, parfois, font souffrir aussi leur entourage.

Un pédopsy et une orthophoniste

Olivier Bonnot est pédopsychiatre, il a créé il y a 10 ans ce centre expert au CHU de Nantes pour y diagnostiquer ce trouble lorsque le médecin traitant ou le neuropédiatre ont encore des doutes. Car le TDAH n'est pas une évidence.

Laurence Ollivier y officie comme orthophoniste, elle est une spécialiste des troubles de la communication verbale et non verbale, orale et écrite, bégaiements, troubles de l'articulation, troubles de l'orthographe...

Ces deux-là se sont donc associés pour dire ce que d'autres ont du mal à exprimer, écrire sur ces maux qui pourrissent la vie de famille ou scolaire, expliquer ce que l'entourage ne comprend pas. 

"Le problème, c'est l'intensité et la répétition"

Le TDAH coche plusieurs cases. On pourrait, soi-même, se retrouver dans l'une d'entre elles, mais lorsque plusieurs, voire toutes les cases évoquent une situation connue, vécue, subie, alors on peut parler de TDAH.

"Un enfant impulsif qui a du mal à gérer ses émotions, décrit Laurence Ollivier, qui oublie souvent ses affaires, à qui on dit d'aller se brosser les dents et qui s'arrête en chemin pour jouer avec un Lego qu'il trouve... le problème, c'est l'intensité et la répétition, sur tous les lieux, tout le temps et depuis toujours."

Les parents n'ont pas immédiatement conscience que leur enfant est en difficulté, que son développement va poser problème. Ils font avec.

"Les parents s'adaptent, a pu remarquer Laurence Ollivier. L'enfant est encore petit. Mais lorsqu'il arrive à l'école, c'est l'enseignant qui alerte. Parce qu'il ne tient pas en place, qu'il coupe tout le temps la parole aux autres, qu'il ne sait pas jouer avec les autres en respectant les règles. Il commence une activité et s'arrête ou alors, il est dans son monde."

Risque de dépression

Un enfant victime d'un trouble de l'attention a besoin de beaucoup de stimulations, déteste les tâches routinières, répétitives, adore, au contraire, ce qui est nouveau. Il peut également avoir une propension à exprimer ses sentiments au moment où ceux-ci le submergent, sans filtre. 

"Cela peut faire des enfants qui ont une très faible estime d'eux-mêmes, redoute Laurence Ollivier, parce qu'on leur fait des reproches en permanence. Certains cherchent à attirer l'attention, faire rire la galerie. Jusqu'à un certain âge. Quand l'école devient plus sérieuse, personne n'en veut dans son groupe de travail. Il y a aussi ceux qui sont rejetés parce qu'ils font des colères pour rien."

La dépression, les pensées suicidaires ne sont alors pas loin. De même que les pratiques addictives, alcool, drogues.

"Il faut imaginer que l'enfant ne fait pas exprès"

Au centre expert TDAH de l'hôpital de Nantes, les spécialistes y questionnent l'enfant, ses parents, ses enseignants, pour établir un diagnostic clinique. Mais il faut compter six mois d'attente avant un rendez-vous. C'est pourquoi, avec ce livre, Olivier Bonnot et Laurence Ollivier espèrent donner quelques clés, pas seulement aux familles, mais à tous ceux qui s'interrogent sur ces comportements qui peuvent être épuisants.

"Il faut imaginer que l'enfant ne fait pas exprès, explique Laurence Ollivier. On va alors arrêter de le lui reprocher, on se mettra moins en colère. Il faut mettre des repères sur son quotidien pour que l'enfant se représente ce qui est attendu de lui et quel temps il a pour le faire."

Valoriser ce qu'il fait de bien est également important, ce qui fera basculer l'image qu'il a de lui-même vers quelque chose de positif. 

"Notre fils dérangeait la classe par des petits bruits"

Sophie* connait bien ce trouble. Elle et son mari le vivent à travers leur fils qui a été diagnostiqué TDAH.

"Les premiers troubles se sont manifestés à l’entrée en maternelle, raconte la maman.  Nous étions régulièrement convoqués pour de l’agitation en classe, des gestes inappropriés sur des camarades (tapes, coups). Nous avons consulté une psychologue, mais le trouble n’était pas assez visible et notre fils pas assez coopératif ou mature pour qu’un suivi soit jugé approprié. C’est en CP que le problème est devenu vraiment très visible. Notre fils dérangeait la classe par des petits bruits, des interruptions intempestives et provocatrices vis-à-vis de l’enseignante, un grand désordre sur sa table, dans sa trousse et dans son cartable."

La famille a alors consulté une neuropsychologue, ce qui a nécessité déjà près de trois mois d’attente.

"Elle nous a dit, après un rendez-vous de 20 minutes facturé 60 euros que notre fils n’était pas TDAH, se souvient Sophie, car il ne montait pas sur la table et était capable de suivre la consultation calmement."

Les problèmes ont empiré, jusqu'à faire perdre patience à une enseignante qui a giflé l'enfant.

"Dans cette école privée, notre fils a fini l’année sous une menace d’expulsion définitive", raconte Sophie.

Ils ont alors fait le choix d'un établissement public, mais ni le garçon ni ses parents ne trouvent davantage d'écoute. L'enfant finit par développer une phobie scolaire.

Un véritable parcours du combattant

De consultations en consultations, payantes et non remboursées, Sophie obtient un rendez-vous à l'unité de pédopsychiatrie du CHU de Nantes. 

"Nous avons vu une neuropédiatre installée dans notre quartier avec le dossier déjà lourd de notre petit garçon, évoque Sophie. C’est elle qui a débloqué les choses en écrivant une lettre de recommandation pour une prise en charge à l’U2PEA du CHU de Nantes (actuel centre expert). Quelques mois d’attente supplémentaires et une vraie prise en charge pour un vrai diagnostic : trois rendez-vous de plusieurs heures, des questionnaires normés, qui ont permis la confirmation du TDAH et avec elle, la prescription de métylphénidate qui a changé la vie de notre fils."

Le médicament a permis de stabiliser quasiment immédiatement son attitude en classe. Les jours où il le prenait, il n’avait "aucune croix". Les jours où il l’oubliait, les remarques sur le comportement revenaient.

Sophie

Maman d'un garçon diagnostiqué TDAH

Effectivement, le garçon est plus soigneux, fait ses devoirs sans qu'il y ait de crises de colère ou de pleurs. Un travail sur la gestion des émotions est aussi fait avec une psychologue.  

"Aujourd’hui, c’est un collégien épanoui, se réjouit Sophie, bien dans sa peau, avec des bons copains et de bons résultats scolaires. Mais quel parcours du combattant !"

* Le prénom a été changé à la demande de la maman.

Des fiches techniques

Dans leur livre, pour donner vie à leurs explications, le Pr Olivier Bonnot et Laurence Ollivier se sont appuyés sur des exemples très concrets, sur leurs expériences de soignants "en racontant des petites scènes qu'on a vécues", précise Laurence Ollivier qui a conclu l'ouvrage par des petites fiches techniques destinées aux parents, aux enseignants. Une petite caisse à outil pour éviter la panne... ou l'explosion.

Le Professeur Olivier Bonnot a quitté en septembre 2023 le CHU de Nantes dont le centre expert TDAH est maintenant dirigé par le Dr Fanny Gollier-Briant. Olivier Bonnot est aujourd'hui chef de service à l’hôpital Barthélémy-Durand dans l'Essonne et professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris-Saclay. Il a coordonné le groupe d'experts qui, pour la Haute Autorité de Santé, va prochainement définir les bonnes pratiques en matière de diagnostic et de traitement des TDAH.

"Et si c'était un TDAH" de Olivier Bonnot et Laurence Ollivier, aux éditions Marabout (17.90 €). Sortie le 28 février.

► Voir le film réalisé par Mélanie Trachsler, journaliste, souffrant elle-même d'un TDAH, prix du jury jeunes au festival Regards Croisés 2022. Le film est diffusé sur le site de handicap.live.

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