Dans un communiqué, le président de l'université de Nantes a assuré la réouverture du campus du Tertre vendredi 16 février. Mais il en a profité pour élargir le débat aux migrants hébergés dans deux bâtiments du campus, accusant "un mouvement à plusieurs visages".
Bientôt deux semaines que la tension monte à l'Université de Nantes. Jeudi 15 février, il semblerait qu'elle ait atteint son paroxysme.
Suite au blocage d'étudiants, opposants à la loi Orientation et Réussite des Étudiants qui inclut la sélection à l'entrée des facs, la direction avait pris la décision de fermer complètement le campus, jusqu'à la bibliothèque universitaire.
Les migrants, nouveau sujet de tension
Un choix qui avait déjà fâché étudiants et enseignants, pour qui la fermeture totale du site s'apparentait à une tentative "d'étouffer la mobilisation". La direction, de son côté, assurait que "les conditions n'étaient pas réunies pour assurer la sécurité du personnel".
Dans la soirée, Olivier Laboux, président de l'université, est revenu sur cette journée dans un communiqué. "Malgré la fin de cette occupation, la situation est délétère et continue de se dégrader de semaine en semaine." Le choix a néanmoins été fait de rouvrir le campus vendredi 16 février.
Mais le président en a profité pour mettre de l'huile sur le feu en évoquant un sujet pas moins polémique : "l'occupation d’une partie du bâtiment Censive puis du château du Tertre liée à la question des migrants."⚠️ Réouverture du campus Tertre à compter du vendredi 16 février matin : https://t.co/0kP7sVui2u pic.twitter.com/gxOwjRmixf
— Université de Nantes (@UnivNantes) 15 février 2018
En effet, depuis novembre, ces deux bâtiments sont occupés par une centaine de migrants, majoritairement mineurs, à l'initiative d'étudiants. Olivier Laboux avait à l'époque fait part de son refus de voir ces lieux occupés, allant jusqu'à déposer un recours au tribunal administratif.
"Convergence des luttes"
Il réitère : "L’université n’est pas un lieu adapté pour répondre à la question de l’hébergement et de l’accueil de personnes en situation d’urgence." Si la mobilisation étudiante n'a, à priori, rien à voir avec le sujet des migrants, la direction de l'université dit constater une "convergence des luttes".
"D’une occupation d’une partie du bâtiment Censive puis du château du Tertre liée à la question des migrants, nous connaissons aujourd’hui un élargissement des revendications qui vont du mouvement de défense de la ZAD aux contestations liées à la Loi Orientation et Réussite des Étudiants", souligne Olivier Laboux.
Il en appelle alors à l'Etat pour envoyer les forces de l'ordre libérer les bâtiments occupés. Une annonce qui a fait rapidement réagir les étudiants et les collectifs d'aide aux migrants, réaffirmant leur "soutien inconditionnel à l’ensemble des exilé.e.s qui vivent dans le château du Tertre et une aile du bâtiment Censive". Ils soulignent notamment qu'en l'espace de quatre mois "les occupations n’ont pas entravé la tenue des cours". Les migrants sont d'ailleurs sortis du château du Tertre ce vendredi matin pour une mobilisation calme sur le campus.
Les étudiants organisaient parallèlement un comité de mobilisation afin de réfléchir aux prochaines actions à mener. Plus que jamais à l'université de Nantes, le fossé entre la direction et les manifestants semble infranchissable.