Utopiales 2024. Dix BD SF pour imaginer le futur

Le festival international de science-fiction de Nantes se tiendra du 30 octobre au 3 novembre avec un menu absolument gargantuesque. En attendant, on vous propose de partir aux confins de l’univers et au cœur des grands questionnements contemporains à travers notre sélection de bandes dessinées récentes…

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Pour la 25e année, des centaines de chercheurs, auteurs, réalisateurs, artistes et des milliers de visiteurs sont attendus à Nantes pour débattre, imaginer, penser, l’avenir autour cette année de la thématique "Harmonie". Histoire de se mettre dans l’ambiance, voici déjà une sélection de bandes dessinées de science-fiction qui partagent une certaine inquiétude pour notre planète...

1. Noir Horizon : mission impossible

L'armée a un problème, un sérieux problème ! Du genre à vous réduire en bouillie les hommes et le matériel. Un mur, un écran, un horizon noir, qui empêche tout passage et donc toute exploration de la planète Kepler-452B qui pourrait pourtant sauver l'humanité. Tous les soldats, tous les drones, toutes les caméras, tous les androïdes qu'elle a tenté de faire passer ne sont jamais revenus. Mais l'armée a une idée. Une idée folle ! Sortir de la prison de Kadingirra les six criminels les plus redoutables et les forcer à traverser l'écran. En espérant que les ressources dont ils ont fait preuve pour leurs crimes antérieurs servent ici à ouvrir enfin une brèche.

Si vous aimez la bande dessinée à grand spectacle, alors, vous allez être servis. Les deux premiers volumes de ce qui sera à terme une trilogie sont absolument époustouflants en termes de graphisme et d'action. Une saga SF sous influence cinématographique et biblique avec pléthore de petites bestioles monstrueuses. Le tome 2 vient de sortir !

Hosanna, Noir Horizon tome 2/3, de Pelaez et Blasco-Martinez. Glénat. 14,95€

2. Journal de 1985 : Big Brother encore et toujours

Petit retour en arrière. Nous sommes en janvier 2021. Le roman de George Orwell, 1984, publié en 1949, vient de tomber dans le domaine public et est par conséqu ent libre de droits. Résultat ? C’est la guerre des adaptations, notamment en BD. Quatre verront le jour en janvier 2021 parmi lesquelles celle de Xavier Coste, parue aux éditions Sarbacane. Une adaptation impressionnante et très fidèle au texte d’Orwell qui fut salué par le public et la critique, obtenant  le prix Albert-Uderzo de la Meilleure contribution au 9ᵉ Art en 2021 et le Prix BD Fnac France Inter en 2022.

Mais Xavier Coste ne devait pas en rester là, imaginant dès la sortie de 1984 une suite au roman d’Orwell, une suite qui débute avec le même protagoniste, Winston Smith. Pas pour longtemps ! L’homme pourtant classé inoffensif à 99,9% depuis sa remise en liberté, une véritable coquille vide qui n’a plus rien à voir avec le révolté d’hier, est soupçonné d’avoir écrit et distribué un livre, Le Livre de Winston. Il est arrêté, torturé et exécuté comme tous ceux qui l’ont approché.

Si Winston Smith est bien mort, son livre continue sa vie, avec l’espoir d’éveiller les consciences. C’est en tout cas ce qu’espèrent le jeune Lloyd Holmes et ses camarades réfractaires et imperméables à la propagande de Big Brother. Lloyd Holmes le sait et en rêve toutes les nuits. Un jour viendra où il sera arrêté pour activités contre-révolutionnaires et crimes aggravés contre le parti. Il sera emmené en prison, interrogé et exécuté. En attendant, Lloyd Holmes prend la relève de Winston pour combattre le régime.

En reprenant le même style graphique que l’adaptation, le même format carré, et en respectant l’esprit insufflé par George Orwell, Xavier Coste s’approprie avec bonheur l’univers de 1984 pour en donner une suite cohérente et tout aussi effrayante !

Journal de 1985, de Xavier Coste. Sarbacane. 29€

3. Nocéan : Il faut sauver la planète Terre

La Terre est à bout de souffle ! Le niveau de l’eau monte, changeant à jamais la face de la planète. Partout, des vagues de chaleur, de froid, de pluie s’enchaînent, l’immigration explose, les manifestations violentes se multiplient, le manque de nourriture et d’eau potable se fait sentir… Dans ce chaos indescriptible, les grandes entreprises cherchent à sauver leurs ressources, les riches, à protéger leur fortune, et quelques groupes révolutionnaires, à contrarier le scénario qui est en train de s’écrire sur le dos des plus pauvres.

C’est l’un de ces groupes que rejoint la jeune Atari qui, depuis la mort de sa mère tuée par la police sous ses yeux d’enfant, rêve de se venger. Avec Tika, une autre orpheline, Atari se fait Robin des Bois et promet de sauver l’espèce humaine et la planète Terre.

Une saga post-apocalyptique dynamique, colorée et à tonalité sociale signée par l’auteur espagnol Efa. Le troisième et dernier volet est sorti en septembre.

Nocéan, 3 tomes parus, d’Efa. Dupuis. 14,95

4. Jeremiah : un monde crépusculaire

Tel un métronome, l'auteur belge Hermann assure pratiquement chaque année la livraison d'une nouvelle aventure de Jeremiah et ce depuis l'apparition de la série en 1979. Quarante-et-une aventures en quarante-cinq ans d'existence, aucun doute, Jeremiah fait aujourd'hui partie de l'histoire du neuvième art même si toutes les aventures du fameux tandem formé par Kurdy et notre héros éponyme ne se valent pas forcément. Celle-ci serait à mettre dans le bas du panier, une sombre histoire d'étui à livrer contre un peu de monnaie. Et ça tombe bien nos deux compères en ont besoin. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme prévu dans cet univers post-apocalyptique et crépusculaire que nous construit album après album l’un des grands maîtres de la bande dessinée franco-belge et où se bousculent les psychopathes les plus dangereux.

Casino céleste, Jeremiah tome 41, d'Hermann. Dupuis. 12,95€

5. L'Héritage fossile : en route pour l'infini

Philippe Valette. En trois albums seulement, ce nom s’est imposé à nous comme un gage d’humour. Mais fini de rire, après le diptyque Georges Clooney suivi du pavé Jean Doux et le mystère de la disquette molle, l’auteur signe un récit SF beaucoup plus sérieux dans le ton et cinématographique dans la forme, un album qui fera certainement date. Son nom ? L’Héritage fossile. Son thème ? Les limites de la civilisation face à l’immensité du cosmos.

Et le résultat est absolument bluffant, le scénario limpide nous prend par la main du début à la fin, les dialogues sont percutants, le découpage ultra-efficace et le graphisme, inspiré des techniques employées dans les films d’animation, absolument saisissant.

Alors, me direz-vous, et l’histoire ? L’histoire s’inscrit dans la lignée d’une science-fiction dite classique tendance « conquête de l’espace » avec un équipage parti pour l’infini ou presque, objectif Geminæ, une planète éloignée de la Terre de quelque 19 999 années, oui vous avez bien lu, mais une planète aux conditions de vie idéales pour y établir une colonie humaine et donc perpétuer la civilisation.  Pour effectuer ce voyage, les membres de l’équipage emmenés par le milliardaire philanthrope Reiz Iger sont placés en biostase, une sorte d’hibernation stoppant le vieillissement, avec un réveil programmé tous les 25 ans. Mais bien entendu, rien ne se passe comme prévu... 

Philippe Valette, qui dit s’interroger énormément sur l’avenir du monde et se refuser à faire de la «  science-fiction gratuite  » , développe ici toute une réflexion sur la place de notre civilisation dans l’univers et sur notre place à nous, en tant qu’individus et simples mortels.  Un récit puissant, un scénario maîtrisé, une mise en images ultra-léchée, des décors fabuleux, une lecture plaisir et un bel objet au format carré. Tout est là. Immense coup de cœur !

L’Héritage fossile, de Philippe Valette. Delcourt. 34,95€

6. Mission in the Apocalypse : le grand nettoyage

Dans un futur pas si lointain, la Terre n’est plus qu’un vaste champ de ruines, l’espèce humaine a quasi disparu après l’apparition soudaine de nouvelles formes de vie aux miasmes fatals. Dans ce décor apocalyptique, la jeune Saya est chargée de retrouver d’éventuels survivants et de décontaminer les zones visitées. Au stade des premières pages, elle a rempli 0,002 % de sa mission et sans rencontrer âme qui vive, uniquement des cadavres aux corps déformés par un virus baptisé le mal cristallin.

Comment l’humanité en est-elle arrivée là ? Quel avenir pour Saya ? Est-elle l’unique survivante ? Dans ce premier volet de Mission in the Apocalypse, qui est aussi une première œuvre pour l’auteur, Haruo Iwamune use d’un certain talent graphique pour installer son intrigue, les paysages post-apocalyptiques, notamment les décors de villes en ruine, sont absolument fantastiques. On regrettera juste le manque de profondeur du personnage principal.

Mission in the Apocalypse, de Haruo Iwamune. Moon Light / Delcourt. 8,50€

7. Les Yeux doux : un univers futuro-vintage

Vous rêviez d’un autre monde ? En voici un qui pourrait calmer vos ardeurs, un monde aussi atypique que dystopique où votre unique chance d’exister est de vous conformer à la norme…

Ce monde-là n’a pas de nom, pas de données GPS, mais une usine, une seule, qu’on appelle L’atelier universel, un commerce, un seul, Le Panier garni, et pour que tout fonctionne sans anicroche, une société de surveillance baptisée Les Yeux doux qui n’a de doux que le nom et ses affiches de propagande mettant en scène des pin-ups et des slogans affligeants.

Pour le reste ? Pour le reste, il n’y a rien, nada, nothing, nichts. Tout est interdit et si vous perdez votre boulot à L’Atelier universel comme Arsène, un des personnages de ce récit, alors vous vous retrouvez sans logement, sans dignité et même sans apparence. Du jour au lendemain, Arsène devient un homme invisible dans tous les sens du terme. Effacé de la vie !

Fort heureusement, là où il y a obéissance aveugle de la majorité, il y a désobéissance d’une minorité active. Anatole, jusqu’ici employé modèle de la société de surveillance Les Yeux doux a craqué par amour, menti à ses chefs pour sauver une jeune femme prise à voler au Panier garni. Elle s’appelle Annabelle et n’est autre que la sœur d’Arsène. Vous suivez ?

Et tout ce beau monde se retrouve dans un repaire d’exclus, un monde à l’ancienne où chacun participe à la vie de la communauté selon ses savoirs, ses envies, un monde qui rêve de faire la révolution et d’anéantir le système en place…

Un vrai bonheur ! Dès sa couverture, Les Yeux doux nous transporte dans un univers futuro-vintage du plus bel effet, un univers signé du prolixe Corbeyran au scénario et du surprenant Colline au dessin. Avec un brin de gravité dans le fond et beaucoup de fantaisie dans le trait, les auteurs imaginent un possible avenir pour l’humanité, un monde affreusement déshumanisé où la consommation serait érigée en religion et nos gestes épiés par des caméras de surveillance. Big Brother is watching you ! Il y a du 1984 dans l’air, du Brazil aussi, de la ligne claire dans le trait et de l’école de Marcinelle dans l’esprit. C’est beau, c’est bon, ça se lit sans fin.

Les Yeux doux, de Corbeyran et Colline. Glénat. 24€

8. Saturne : chic planète

Après Mars la planète rouge et Jupiter, le berger des astéroïdes, les éditions Glénat poursuivent leur exploration de l'espace avec Saturne, le gardien des anneaux. Composée à terme de huit tomes, cette série s’offre comme un voyage d’étude à travers notre système solaire. Un album, une planète, et à chaque fois une fiction qui permet d’aborder la science de façon sérieuse grâce à la participation active de scientifiques experts à l’Observatoire de Paris – PSL.

Quel est le diamètre de la planète rouge ? Peut-on trouver de l’eau à sa surface ? Quelle est la structure interne de Jupiter ? Combien peut-on compter de satellites à Saturne ? Autant de questions et plus encore qui trouvent réponses ici, à la fois dans la fiction et dans le dossier qui conclut chaque aventure. Et si vous souhaitez vraiment prendre de la distance avec la Terre et ses satanés Terriens sans vous ruiner, je vous conseille vivement cette collection…

Saturne, Le Gardien des anneaux, de Lecigne et Bedouel. Glénat / Observatoire de Paris PSL. 15,50€

9. La Horde du Contrevent : le souffle de l'aventure

Adapter un roman en bande dessinée n’est déjà pas chose aisée mais adapter un roman dont l’un des personnages principaux est le vent relève d’un pari  pour le moins audacieux. Pari relevé et gagné  haut la main par l’auteur Éric Henninot…

Vous avez déjà essayé de dessiner le vent ? La sécheresse, la pluie, la neige, la chaleur, le froid… oui  mais le vent ! C’est forcément compliqué, on ne le voit pas, on ne peut que le deviner à une coiffure en désordre, à un arbuste penché.

Alors, imaginez un instant mettre en scène et en images un monde rongé par les vents, un monde, peut-être le nôtre demain, inhospitalier au point que des hommes et des femmes s’organisent pour remonter à la seule force de leur volonté et de leur abnégation  jusqu’en extrême-amont, là où les vents naissent. En espérant y trouver peut-être le paradis après l’enfer !

C’est l’histoire de ce monde que raconte cette adaptation en bande dessinée qui arrive à son quatrième volet, avec toujours un rythme soutenu, captivant de bout en bout, un texte allégé de certaines complexités du roman, un graphisme réaliste d’une très grande finesse et bien sûr un vent omniprésent si bien suggéré qu’il rendrait presque chèvre le lecteur. Du beau boulot !

La Horde du Contrevent, tome 4, d'Eric Henninot. Delcourt. 17,95€

10. Les envahichieurs : mieux vaut en rire ? 

"Je viens de la planète MÅÄRSZ pour vous avertir d'un grand danger", dit un extraterrestre à un Terrien quelconque. "Un nouvel album de Francis Lalanne ?", lui rétorque le Terrien quelconque. Il a suffi à Marc Dubuisson de ces quelques mots et d'un titre bien senti, Les Envahichieurs, pour planter le décor de cette BD qui n'a rien de sérieux (quoique!), tout de désopilant (quoique!). Avec dans le rôle des extraterrestres, des petits bonshommes verts, bien sûr, qui ont fui une apocalypse écologique et qui forts de leur expérience, comptent bien nous épargner le même malheur. Mais c'était mal connaître les humains...

Après les non moins hilarants Amour, Djihad & RTT et À Peu presque, parus dans la même collection des éditions Delcourt, Marc Dubuisson poursuit dans l'humour et l'ironie à la sauce SF. Et franchement, on en redemande ! 

Les Envahichieurs, de Marc Dubuisson. Delcourt. 13,50€

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