Le 27 juin 1994, Alain Delon entre dans la cour d'Assises de Nantes (Loire-Atlantique). Il est venu témoigner en faveur de Jacques Laffaille, son ami rencontré à Paris, figure du grand banditisme, jugé pour deux braquages qu'il est accusé d'avoir commis.

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Des dizaines de journalistes et de curieux avaient fait le déplacement pour l’apercevoir. Le 27 juin 1994, scruté par les caméras, Alain Delon s’engouffre dans le tribunal de Nantes, en costume et lunettes fumées. L’acteur, à l’aube de ses soixante ans, se présente à la barre de la cour d’Assises de Nantes. Sous les yeux médusés de l’assistance, il lance, "Jacques Laffaille est un ami, et il le restera". 

Delon lui avait offert un rôle dans Borsalino 


Cet ami, qu’il est venu défendre est un ancien mercenaire, jugé pour deux braquages qu’il est accusé d’avoir commis à Nantes en 1979 et à Genève, en Suisse, en 1980. Les deux hommes se sont rencontrés dans les années 1960, à Paris, alors que Jacques Laffaille officie sous les ordres du chef mercenaire Bob Denard. 


Ancien garde du corps de Charles de Gaulle, l’ami de Delon, surnommé Carcassonne, lui donnera même quelques répliques, à lui et à Jean-Paul Belmondo, dans Borsalino en 1970. Jacques Laffaille joue alors un boxeur venu d’outre-Rhin qui doit s’incliner lors d’un match truqué. C’est Alain Delon lui-même qui lui a confié ce petit rôle dans ce long-métrage qu’il a produit.

Une amitié qui résiste à la prison 


Quatre ans après la sortie du film aux 4,7 millions d’entrées, et après cette unique expérience au cinéma, Jacques Laffaille est inculpé pour avoir participé à l’enlèvement d’un trésorier retrouvé assassiné à Malakoff. Même en prison, Alain Delon ne cesse jamais de lui témoigner son amitié. 


Vingt-quatre ans plus tard, l'ancien prisonnier est à nouveau arrêté. À son domicile, les policiers trouvent un véritable arsenal de guerre ainsi qu’une fausse carte de policier et de faux papiers. Lorsque Jacques Laffaille est à nouveau jugé, cette fois pour les braquages à Nantes et Genève, Alain Delon est convoqué par le président de la cour d’Assises nantaise pour témoigner. En sortant du tribunal, il s’arrête quelques instants à notre micro.

Je confirme, il est mon ami et il le restera, c’est pour ça que je suis là aujourd’hui. Malheureusement, j'ai été convoqué par le président et non pas la défense, ce que j’aurais souhaité parce que j’aurais pu m’exprimer surement plus longuement sur mes rapports et mon amitié avec Jacques Laffaille

Alain Delon

Au procès de Jacques Laffaille, le 27 juin 1994 à Nantes

Le témoignage de l’acteur s’est révélé quelque peu gênant pour l’accusé : Delon a alors affirmé avoir croisé son ami en France, sur le tournage de Trois Hommes à Abattre (1980), un mois avant le hold-up Suisse. Jacques Laffaille lui, assurait pourtant s’être rendu en Asie à cette époque-là.

Les jurés n’ont finalement pas tenu rigueur de ce détail à Jacques Laffaille, acquitté dans l’affaire du hold-up suisse à l’issue du procès. En revanche, l’ami d’Alain Delon est reconnu coupable d’avoir participé au braquage à main armée d'un fourgon blindé à Nantes en 1979. Il écope alors de neuf ans de prison. 

Celui que son avocat appelait "vieux baroudeur" coule désormais ses vieux jours dans un petit village du Béarn. Joint quelques minutes par téléphone ce dimanche, il dit vouloir "se faire oublier", mais garde le souvenir délicieux de son amitié avec Alain Delon, "un bon mec", dont il gardera en mémoire "la fidélité". À écouter cette histoire, on se dit que Jacques Laffaille est un personnage dont Delon aurait pu jouer le rôle au cinéma.

Visionnez le reportage d'Olivier Quentin et François Lavaredas, le 27 Juin 1994 sur France 3 Pays de la Loire : 

durée de la vidéo : 00h01mn24s
Le 27 juin 1994, Alain Delon entre dans la cour d'Assises de Nantes (Loire-Atlantique). Il est venu témoigner en faveur de son ami d'alors, Jacques Defaille, figure du grand banditisme, jugé pour deux braquages qu'il est accusé d'avoir commis. ©France Télévisions

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