Le SynthFest se tenait le week-end des 21, 22 et 23 avril à Nantes. Rendez-vous des férus de synthétiseurs et de musique électronique, l'évènement s'est déroulé en la présence de Joachim Garraud, grand ponte du genre, qui a notamment co-produit de nombreux titres de David Guetta.
Casques arrimés aux oreilles, synthétiseurs au bout des doigts, les visiteurs du SynthFest 2023 ont transformé l'Odyssée d'Orvault en un DJ set géant.
Amateurs et professionnels de la musique électronique, mais aussi collectionneurs et fabricants de synthétiseurs avaient rendez-vous pour la 10e édition du festival à Nantes.
Olivier Grall, habitué des allées depuis les débuts de l'évènement, comptait parmi les participants, accompagné des instruments qu'il collectionne, comme le synthétiseur sur lequel il joue, alternant entre clavier et boutons de modulation.
J'ai à cœur d'amener chaque année de beaux instruments, qu'on se les partage, qu'on soit en passion autour, qu'on échange des avis sur des disques ou des artistes, et des références musicales.
Olivier GrallCollectionneur de synthétiseurs
"Il s'agit d'un Yamaha modèle CS 80, explique le connaisseur, c'est un instrument qui a été immortalisé par le grand Vangelis, que plein de gens connaissent dans l'histoire de la musique parce qu'il a fait la musique des Chariots de feu, de Blade Runner, d'Antartica, de plein de films. Et il a vendu des millions et des millions d'albums. Ce Yamaha était son instrument fétiche."
Des instruments historiques et expérimentaux
Comme Olivier, de nombreux participants sont venus avec leurs instruments. Une jeune femme se tient derrière un stand qui attire l'œil. De la gelée rose et orange fluo posée sur des coquilles Saint-Jacques et reliée par des câbles à un ordinateur et une enceinte.
"Ça s'appelle Playtron, ça sert à jouer avec les objets du quotidien, n'importe lesquels comme les plantes, les fruits, le corps..., indique-t-elle, aujourd'hui, on a connecté les coquilles Saint-Jacques avec du gel et quand on joue ça fait 4 notes différentes."
La diversité des instruments exposés rappelle l'âme du SynthFest, qui est "un évènement contributif et un rassemblement de passionnés avant tout", selon Laurent Pelletier, co-organisateur du festival.
On retrouve des instruments électroniques au sens large : les synthétiseurs avec des claviers, mais aussi des boites à rythme, des échantillonneurs, des instruments qui se déclenchent avec des percussions... Tout ce qui permet de faire de la musique avec des signaux électriques
Laurent PelletierCo-organisateur du SynthFest
"Au départ, le synthé n'a pas été reconnu comme un véritable instrument de musique, raconte-t-il, les fabricants de synthé ont proposé des instruments de plus en plus expressifs et aboutis. Il faut savoir que maintenant, la plupart des génériques d'émissions de télé ou de films sont faits à partir de synthétiseurs ou de logiciels."
Le festival réunit "toute sorte de publics. Il y a des gens plus âgés qui sont des collectionneurs et qui viennent avec des synthés rares et précieux, mais on a aussi des gens qui viennent découvrir, qui débutent, qui se prennent de passion", explique Laurent Pelletier.
Joachim Garraud, DJ de renom en tête d'affiche
Ce mélange des genres fait le charme du SynthFest, si l'on en croit sa tête d'affiche, le DJ et producteur de musique électronique.
"Le SynthFest, c'est la version nantaise du NAMM qui est le grand show audio numérique aux États-Unis, déclare-t-il, il y a 10 jours, j'étais à Los Angeles, c'était un peu l'équivalent du SynthFest en fois dix, mais ici, on retrouve des gens qui rapportent des choses un peu plus rares, des choses qui ont été faites à la main, qui sont des pièces uniques. Il y a un côté un peu collectionneur."
Le côté expérimental du SynthFest est en adéquation avec le renouvellement de la production et de la création musicale pour Joachim Garraud : "C'est une recherche permanente de gens qui ont des idées de connexions, de modules... Et quand on additionne tout ça, ça donne de nouveaux sons".
C'est important de chercher des nouveaux sons, et ça passe souvent par de nouveaux instruments.
Joachim GarraudDJ et producteur de musique électronique
Le DJ déambule en toute simplicité dans les allées du festival, suscitant le sourire et les accolades amicales des participants qui le reconnaissent.
Voir le portrait de Joachim Garraud réalisé par Vincent Calcagni, Ophélie Perroux, et Nathalie Saliou-Tendron
Originaire de la cité des Ducs, c'est là qu'est né son goût pour la musique électronique qu'il pratiquait sur du matériel acheté avec l'argent accumulé de ses baby-sittings, tontes de gazon et nettoyages de voiture.
Je passais des cassettes de mes montages dans des garages pour l'anniversaire de mes potes. 30 ans après, je fais ça dans un stade pour 80 000 personnes, mais c'est le même métier. La passion est la même que dans le garage à Nantes dans les années 80.
Joachim GarraudDJ et producteur de musique électronique
Homme discret derrière de nombreux tubes de l'industrie musicale "mainstream", Joachim Garraud est surtout un passionné et un grand professionnel de la musique électronique.
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"Je n'ai jamais fait ce métier pour être connu, affirme-t-il, c'est très agréable d'être connu, d'avoir du succès, d'avoir de l'argent, c'est clair. Mais aujourd'hui, je préfère être 100% connu par des gens qui ont un lien direct avec la musique, plutôt que par la boulangère de mon quartier qui ne connaît rien à la musique."
Un public de connaisseurs passionnés
Son public, ce sont les spécialistes, les connaisseurs du genre avec qui il partage, et qui le lui rendent bien.
"Pour les puristes, il est très, très connu Joachim Garraud. Il a été un producteur de l'ombre pour David Guetta, qui est plus grand public. Pour les passionnés de musique électronique, c'est une pointure et c'est une référence", témoigne, les yeux brillants d'admiration, un fan en attendant le concert du DJ.
"Tous les sons qui ont été vraiment connus et qui ont porté la musique house électro dans les années 2000, c'est Joachim Garraud qui les a produits", ajoute-t-il.
"J'ai connu Joachim Garraud en 2006, c'est ce qui m'avait donné envie d'être DJ. Pour moi, ça a été le début du kif de la musique électro. Je l'ai vu en techno parade,...Tout le début de ma passion pour la musique électro, c'est Joachim Garraud qui me l'a inculqué.
Fan de Joachim Garraud
Joachim Garraud aime cette "osmose" avec les "gens qui sont à fond", sa "communauté" qui suit et connaît ses projets, son podcast et le monde technique de la musique électro. Mais il ne renie pas pour autant les succès commerciaux de sa carrière.
"Je remercie tous les artistes pour qui j'ai produit, comme David Guetta, qui ont généré beaucoup d'argent, ce qui m'a permis d'avoir la liberté de faire des projets plus expérimentaux qui vont toucher peu de gens, mais les toucher profondément", sourit-il.