Les fameux gestes barrières ont fait exploser la consommation de savon. A Rezé, près de Nantes, une savonnerie très ancienne a doublé sa production. La Savonnerie de l'Atlantique a même dû renforcer ses équipes pour pouvoir répondre à la demande.
La Savonnerie de l'Atlantique est née de la reprise par d'anciens cadres de la Savonnerie et Parfumerie Bernard qui fut mise en cessation de paiement en 2005.A l'époque, 80 des 125 salariés avaient été licenciés.
Le site de Rezé s'est depuis recentré sur la production de savon liquide et de savon dur, ce dernier représentant environ 98 % de la production.
Deux sites de production près de Nantes
Les clients de la Savonnerie de l'Atlantique sont, pour 45 % des volumes, des marques distributeurs pour les enseignes Carrefour, Système U, Leclerc, Auchan, Casino, Leader Price...Mais la société travaille aussi pour ses propres marques, Superclair (savon de ménage), La Cigale et Cigale Bio (savons de toilette).
C'est sur le site de Rezé que se fait la saponification, la transformation des huiles en savon. Les paillettes deviennent ensuite du savon ménager ou sur le site de Pont Saint-Martin du savon de toilette.
Début mars, alors que l'on ne parle pas encore de confinement mais que les incitations aux gestes barrières se font plus insistantes, le carnet de commandes commence à frémir.
"Depuis le 15 mars, explique Patrick Dailly, le Président de l'entreprise, on est à plus du double des commandes habituelles."
Privilégier le marché Français
Présente à l'export sur 35 pays dont les départements et régions d'outre-mer, la Savonnerie de l'Atlantique s'est rapidement trouvée en rupture de quelques produits et a dû privilégier les produits de première nécessité au détriment du bio."On a pris quelques intérimaires" ajoute Patrick Dailly qui précise également qu'il a choisi de privilégier le marché français même si le Maghreb, zone très touchée par le virus en Afrique, est très en demande.
En cette fin mars, l'entreprise fonctionne en 2X8 sur 4 lignes de production et parvient à fournir 35 à 40 tonnes de produit fini chaque jour.
"La demande est incessante" constate Patrick Dailly qui s'attend bien sûr à une baisse des commandes après l'épidémie. "On prévoit un creux au mois de juillet" pense-t-il, après la crise du coronavirus qui, il l'espère comme chacun, sera terminée vers la fin avril. Il faudra aussi un temps pour reconstituer les stocks.
Du gel hydroalcoolique pour les employés
Bien sûr, les consignes et notamment les distances de sécurité sont respectées dans l'entreprise assure-t-il, malgré la surchauffe des commandes. Avantage, les employés ne manquent pas de savon ni de gel hydroalcoolique que l'usine produit elle-même et met à disposition des salariés pour leur utilisation professionnelle et personnelle.Histoire de la Savonnerie de l'Atlantique
L'histoire de l'entreprise est à découvrir sur le site SDA Savonneries de l'Atlantique. En voici un résumé :1915 : création de la Savonnerie nantaise 7, quai F. Favre à Nantes.
1941: le fonds de commerce est acheté par M. Clair Bernard.
1943 : l'usine est totalement sinistrée par les bombardements.
1947: nouvelle usine au sud de la Loire à Rezé sous le nom de Savonneire Clair Mernard.
1991 : la Savonnerie est devenue Savonnerie et parfurmerie Bernard.
1999 : l'entreprise devient le plus gros producteur français de savon de Marseille avec trois usines dont celles de Yainville en Seine-Maritime et Lunéville en Meurthe-et-Moselle.
2005 : mise en cessation de paiement.
2006 : Trois anciens cadres salariés poursuivent l’activité.
2018 : Savonnerie de l'Atlantique est la seule savonnerie de dimension industrielle en France à fabriquer du « Savon de Marseille »