Rentrée scolaire ce jeudi 14 mai dans la plupart des écoles en France. Après la période de confinement lourde à gérer au niveau de l'enseignement, une autre opération complexe, le retour des élèves, se profile. Tournée des écoles à Rezé (Loire-Atlantique) où l'accueil périscolaire pose problème.
A Rezé (Loire-Atlantique), l'opération déconfinement n'a pas bien commencé. Le 6 mai, les directeurs de 10 écoles s'alarment dans un courrier commun envoyé au Maire de l'organisation et des moyens mis en place par la commune le jour de la réouverture des classes le 14 mai. Une situation encore plus mal ressentie lorsqu'ils ont appris que l'adjointe à l'Education avait réservé l'information aux parents d'élèves dans un courrier adressé aux familles.
A l'école Château Sud située dans un quartier populaire, les tensions ne se sont apaisées que lundi soir 11 mai lors de la tenue du conseil d'école.
"Le Maire s'est déplacé en personne, lui que je n'avais jamais vu assister à un conseil ici" indique Dominique Avril, le directeur de l'école élémentaire.
Devant les représentants de l'Education nationale et les parents d'élèves, Gérard Allard (PS) a fait un point complet sur la rentrée programmée jeudi.
"Je comprends les énervements et les inquiétudes exprimées par tous mais il faut comprendre que la commune est sollicitée de toutes parts depuis deux mois" déclare t-il avant de rappeller que " c'est l'Etat qui a décidé des modalités de reprise de l'école, c'est l'Education nationale qui a établi le protocole de 63 pages. Nous l'avons reçu en mairie le 28 avril et nous avons eu 5 jours pour le travailler dans les services pour ensuite le valider auprès des organisations syndicales des personnels avant de le présenter au bureau municipal des élus". Quant au déficit de communication auprès des équipes enseignantes, l'élu renvoie la balle dans le camp de l'Inspection académique...
20 % d'élèves présents à la réouverture
Les contours de la réouverture sont désormais connus. A Rezé, ville de 46 000 habitants, les 17 écoles publiques sont en mesure d'accueillir 1200 élèves sur les 3600 inscrits selon les critères établis. Mais pour cette première semaine, "On sera proche des 800-900 enfants, indique M. Allard, soit 20% des effectifs habituels".
De son côté, le directeur de Château Sud a fait le compte au niveau de l'élementaire : "Nous allons ouvrir la moitié des classes soit 4 afin d'accueillir 80 élèves (au lieu de 201 en temps normal) sur la base du volontariat exprimé par les familles".
Du fait des contraintes imposées à 15 élèves maximum rassemblés en classe, les enfants viendront de manière alternée les lundi-mardi ou les jeudi-vendredi. Les 9 enseignants sont mobilisés : "Pendant que 4 font classe, les autres continuent l'enseignement à distance ou viennent sur place pour aider et assurer l'accueil, les récréations et les déplacements des élèves au sein de l'école".
Le redémarrage est acté mais se pose d'ores et déjà la question de la suite : comment s'organisera l'école dans les prochaines semaines ?
"On va déjà voir si l'organisation que notre équipe a mise en place au sein de l'école tient la route, observe M. Avril. Au 29 mai, en théorie, les autres familles pourront envoyer leurs enfants mais là clairement en l'état actuel des choses, on n'a pas de classes supplémentaires disponibles au vu des moyens".
Il est rejoint par Elise Briand de l'association des parents d'élèves de l'école (APCES) : "Beaucoup de familles sentent que la rentrée est difficile à organiser et attendent d'en savoir plus. Si elles n'ont pas confié leurs enfants dès cette semaine, ce n'est ni par besoin ni par envie, au contraire mais parce qu'elles veulent aussi protéger l'école et les enseignants. Et malheureusement, je ne suis pas sûre que les conditions d'accueil seront meilleures en juin.".
D'autant que la période de confinement n'a pas aidé au maintien du contact avec certaines familles déjà déconnectées au niveau social et économique dans le quartier : "On est allé jusqu'à sonner aux interphones des immeubles pour avoir des nouvelles. J'estime à 8 ou 9 le nombre de familles où il y a de grandes difficultés pour le suivi pédagogique" souligne le directeur.
Inquiétude sur le périscolaire
Tout le monde en convient, les conditions sont loin d'être optimales pour cette rentrée particulière. Les enseignants et parents s'inquiètent dès maintenant de l'organisation du temps périscolaire qui concerne l'accueil et les activités des élèves en dehors de l'enseignement. Et ensemble, ils se tournent dans un même élan vers... le maire de la commune. Car c'est lui qui emploie le personnel travaillant dans l'entretien, le nettoyage, la cantine ainsi que les animateurs. Or pour des raisons de protocole sanitaire imposant le moins de présence humaine possible dans les bâtiments, on sait déjà à Rezé que le service d'accueil périscolaire avant la classe est supprimé le matin.La cantine avec un repas chaud, elle, pourra reprendre à partir du lundi 18 mai avec des règles de déjeuner par groupe à tour de rôle.
L'un des points ultra-sensibles reste le ménage et les nouvelles règles sanitaires. "Les agents d'entretien travaillent de 6h à 12h , rappelle Dominique Avril, mais aucun à partir de 14h. Alors qu'il y a obligation de nettoyer régulièrement les points de contact come les poignées de portes.".
Une inquiétude partagée par les parents d'élèves : "S'il n'y a pas le personnel nécessaire, si les conditions sanitaires ne sont pas réunies, ne faut-il pas fermer l'école l'après-midi ?" interroge Elise Briand.
Le maire actuel arrivé deuxième au 1er tour des élections municipales en mars ne cache pas son embarras : "J'ai à ma disposition 400 agents mobilisables en temps normal. Dans les services de la propreté, l'éducation et la restauration. Il y a comme partout des personnes fragiles au niveau santé, d'autres en garde d'enfants. J'attends les retours de disponibilité pour adapter les moyens aux écoles".
A tous les niveaux, la réouverture des écoles jeudi sera une journée test.