Des militants écologistes ont vidé un rayon entier de l'espace multimédia de l’hypermarché Leclerc de Rezé, mercredi 1er août. Leur but : dénoncer l'impact de l’obsolescence programmée sur la planète en ce "jour du dépassement". Une action menée simultanément dans toute la France.
"À partir d'aujourd'hui, l'humanité vit à crédit" ont-ils crié en cœur, ce mercredi 1er août. Cette date marque le "jour mondial du dépassement", fixée par le Global Footprint Network. Ce jour symbolique, qui marque le seuil au-delà duquel l’humanité a consommé plus de ressources que la nature ne peut générer, arrive un peu plus tôt chaque année.
Pour marquer le coup, des militants écologistes de l’ANV COP 21 (action non-violente COP 21) et de l’association Les Amis de la Terre, rejoint par le GIGNV (groupe d’intervention des grenouilles non violentes) à Nantes, ont organisé une action nationale dans les rayons multimédia des hypermarchés E.Leclerc et Carrefour. Ils y dénonçaient l’une des causes de la surconsommation des ressources : l’obsolescence programmée des produits électroniques.
À Rezé, le Leclerc d’Atout Sud en a fait les frais, comme le Carrefour du Mans, d'Angers, de Montreuil ou encore de Marseille.
Aujourd’hui, le 1er août, #JourDuDépassement, nous avons fait un die-in entre les rayons multimédia de @LeclercFrance à @VilleReze pour rappeler que la surconsommation et la surproduction de notre modèle actuel est responsable de multiples violations des droits de l’homme ! pic.twitter.com/fXJnafUPSD
— GIGNV (@gignv44) 1 août 2018
Dans ce rayon Image&Son de l’hypermarché du sud de Nantes, des caddies ont été remplis jusqu’à ras bord d’électronique : souris, CD, clés usb, modem et autres câbles et prises électriques. "Il faut savoir que de nombreux appareils électroniques ont besoin pour leur construction de tas de minerais et de roches rares, des ressources qui pourraient être épuisées dans une dizaine à une soixantaine d’année." explique en parallèle Frédéric Mercier, militant au GIGNV.
Le @gignv44 a répondu à l’appel des @amisdelaterre pour lancer une vague d’actions dénonçant l’ #ObsolescenceProgrammée.
— GIGNV (@gignv44) 1 août 2018
En France, plus de la moitié des biens tombés en panne ne sont pas réparés : action chez @LeclercFrance à @VilleReze pour le #JourDuDépassement ! pic.twitter.com/iGjSGGgDo7
En prenant garde à ne rien abîmer, une vingtaine de militants non violents ont vidé les rayons, sous les regards médusés et dépités des employés. "L’idée, à travers cette action, c’est de montrer les rayons vides, de faire prendre conscience de ce qu’il adviendra si une telle surconsommation perdure" poursuit Frédéric. Devant la scène, d’autres militants ont brandit une pancarte : "Non à l’obsolescence programmée".
On refuse cette mécanique générale qui vise à réduire toujours plus la durée de vie d’un produit, que ce soit un téléphone, un casque ou un lave-vaisselle, et qui nous empêche de les réparer et nous oblige à en racheter un alors que ce n’était pas la peine, explique un militant.
#JourDuDépassement "Pour alerter l’opinion publique, une quinzaine de militants du mouvement Action non-violente COP21 a vidé un rayon d’électronique chez Carrefour, au Centre Sud.", @OuestFrance pour #LeMans https://t.co/SFWav2qEkS
— ANV-COP21 (@AnvCop21) 1 août 2018
Leclerc, mauvais élève ?
Car, si ce petit groupe a choisi Leclerc, ce n’est pas pour rien. "Leclerc fait partie des enseignes qui ne respectent pas législation, estime Marine Louvet, coordinatrice de l’action. Depuis la loi Hamon, les distributeurs sont obligés de communiquer au public la durée de disponibilité des pièces détachées nécessaires pour réparer les produits."
Le consommateur peut ainsi faire la différence entre un smartphone dont la batterie, par exemple, est réparable pendant 10 ans ou seulement 2. "Le plus souvent, cette information manque ou il est écrit "N.C.", Non Communiqué. Alors que Leclerc devrait donner l’exemple là-dessus", déplore la jeune femme, qui souhaiterait que l’enseigne change ses pratiques et prenne des engagements. Contacté à ce sujet, Leclerc n’as pas encore répondu à nos questions.
Réparer à tout prix
Leur solution ? Réparer. Plusieurs écologistes présents possèdent un smartphone de seconde main, ou utilisent un téléphone de la première génération. Un autre répare la batterie de sa tablette lui-même : "Ca fait déjà trois fois qu’elle aurait dû être jetée. C’est juste un coup de soudure". Martine propose de multiplier les ateliers de réparation de portable, à l’instar des ateliers de réparation de vélo. "Il faudrait multiplier les Repair’ café", ces lieux associatifs où l’on répare vos engins, propose un autre militant.
Car les services après-vente, ou les magasins de réparation de téléphone qui se multiplient dans les zones commerciales et centre-ville, proposent parfois des prix trop élevés. C’est ce que pense Anna, cliente chez Leclerc, interpellée par l’action.
Je suis d’accord que c’est mieux de réparer. Mais quand ma machine à laver tombe en panne, et que l’on me dit que ça va me coûter plus de la moitié du prix d’achat, en plus des frais de déplacement, je préfère en acheter une autre. Les réparateurs de téléphone devraient aussi regarder leurs prix. Pour mon téléphone, je le fais réparer au Maroc, c’est moins cher…
Une opinion partagée par cette dame d’une soixantaine d’année, qui a gardé son frigo pendant 25 ans. "C’est dommage, c’est vrai que parfois le progrès nous fait régresser…"