Saint-Brévin-les-Pins prend soin de ses dunes

"Dis, monsieur, c’est quoi la Dune ?" La question pourrait être celle d’un enfant, mais quel adulte serait en mesure d’y répondre ? A Saint Brevin, il y a un Monsieur Dune qui la connait bien. Il s’appelle Frédéric Lepage.

Saint-Brévin proètge ses dunesFrédéric Lepage travaille à la Ville et s’occupe de la Dune. A l’occasion, il est possible de l’accompagner pour une visite commentée.

Pourquoi une balade commentée dans la dune ? D’un côté, parce que le Pavillon Bleu affiché sur certaines plages de Saint-Brévin exige en contrepartie des actions de sensibilisation à l’environnement, mais aussi parce que la dune, à Saint-Brévin, c’est une seconde nature et qu’il est important d’expliquer aux Brévinois ou aux visiteurs, pourquoi la dune prend autant de place dans la commune.

Noir , maritime, ou Lariscio de Corse

En 1898, après avoir décidé de boiser la dune pour en retenir le sable, la commune ajoute un qualificatif à son nom et devient Saint-Brévin-les-Pins. Autant dire que les survivants de l’époque sont désormais à la fin de leur espérance de vie (120-130 ans pour un pin maritime). Mais depuis, bien d’autres pins ont été plantés.

S’il peut être noir, maritime, ou Lariscio de Corse, le pin est l’essence de choix pour peupler le littoral de cette partie sud de l’estuaire de la Loire. Le vent, le sel, le sable n’auront pas raison de lui si facilement.
Cette plantation de la fin du 19ème siècle a donc amorcé une véritable politique de la ville vis-à-vis de son littoral et depuis, les générations de pins se sont succédées. Elles ont ainsi permis à la dune de s’installer, d’avancer, de se renouveler….de vivre tout simplement.

La visite avec Monsieur Dune nous fait donc découvrir cette partie de la dune appelée dune boisée, avec des pins maritimes ou Lariscio âgés de 15 ans environ. Ils ont été plantés comme un écran végétal qui fixe le sable et protège la ville du sable qui pourrait la gagner, voire l’envahir.

Dune boisée, dune grise, dune blanche...

Quelques mètres en direction de la mer et on arrive sur une partie de dune qui n’existait encore pas voilà une vingtaine d’années : la dune dépressionnaire, où les végétaux changent du tout au tout : aulnes, peupliers, saules…comment ces arbres ou arbustes de bord de mare ou de rivière ont-ils pu arriver là, et survivre ? Le vent et les oiseaux ont amené les graines, l’eau douce est arrivée par en dessous et par-dessus, la frange humide se trouvant entre deux séries de dunes, la dune boisée et la dune grise. Ainsi, l’hiver, on peut rencontrer des canards en pleine dune et ne pas être victime d’hallucinations !

La dune grise continue de nous rapprocher de la mer, et donc des embruns et du sel. Là, les végétaux se font beaucoup plus petits, râblés presque, pour s’adapter aux éléments, souvent extrêmes, l’hiver avec les tempêtes, l’été avec la sécheresse et une exposition totale toute la journée. Et Monsieur Dune de nous faire découvrir l’immortelle et son parfum méridional, l’onagre et ses fleurs jaunes, et les autres végétaux qui font de la Dune un écosystème en perpétuelle mouvement.

Des animaux dans la Dune ? oui, bien sûr. Les chevaux ont été amenés par l’homme et bénéficient d’un droit de passage sur une allée dédiée, mais plus sauvages sont les hannetons, les renards, les corneilles, les sangliers parfois, les pics verts, les chenilles processionnaires etc.

La dune est tout sauf un tas de sable

Aux abords de la dune blanche, c’est la plage. La mer. Les marées, à leur plus haut niveau, apportent chaque jour des débris et des restes. Végétaux de Loire, carapaces de crabes, coquilles de moules ou bigorneaux, algues, goémon, puces de mer…ce léger relief sur la plage immense représente le premier obstacle au grain de sable qui traverse l’estran, porté par le vent.

Juste à côté, cette plante incroyable que le sel des embruns n’arrêtent pas, le cakilier maritime ou roquette de mer, qui se nourrira des algues échouées et continuera le début de la colonisation de la dune en retenant encore plus de sable grâce à ses tiges et sa forme en bouée végétale.
Ainsi, avec un parcours qui nous fait commencer par la fin et finir par le début, Monsieur Dune nous a fait comprendre à quel point la dune est tout sauf un tas de sable avec de la verdure dessus.
C’est un véritable écosystème avec ses règles climatiques, géologiques, physiques que les végétaux et animaux n’ont qu’à suivre pour vivre ou survivre.

Un bonjour du matin aux jeunes de l’ équipe municipale qui arpentent la dune, sac poubelle et longue pince à la main….le butin est malheureusement assez riche : mégots, bouteilles de verre ou plastique, emballages, couches culotte. Même si une amélioration est observée, avec les années, les pics de fréquentation génèrent facilement plusieurs emplois saisonniers dédiés à la propreté et la préservation de la dune.

Dernier mot de Monsieur Dune pour saluer le chardon des dunes, au magnifique feuillage gris bleu ou gris vert selon la lumière et aux fleurs bleu-violet. C’est un végétal protégé. Il est aussi l’emblème du Conservatoire du Littoral, chargé de protéger les rivages de France, et donc aussi, les dunes.