Saint-Nazaire, Le Mans : les procureures dénoncent le manque de moyen pour lutter contre les violences faites aux femmes

Plus de moyens humains pour lutter contre les violences conjugales, c'est ce que réclament les procureures du Mans et de Saint-Nazaire. Elles n'ont pas hésité à  apposer leur signature à une tribune nationale publiée cette semaine.

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"Les parquets disposent-ils des moyens nécessaires pour accomplir ce qui doit l'être ?"

La question est posée dans une tribune signée de la procureure de Saint-Nazaire. Poser la question, c'était aussi y répondre. Non, les parquets n'ont pas les moyens de faire leur travail. Et la magistrate donne quelques chiffres en appui de ses doléances : "Le parquet de Saint-Nazaire, dit-elle, est composé de 7 magistrats pour 381 369 habitants et, en saison, près d'un million de personnes. Pour traiter les 23 000 procédures nouvelles qui leur arrivent annuellement, ces sept magistrats prennent chaque jour des dizaines de décisions."

Cette lettre ouverte est en fait une action nationale, relayée et argumentée localement par divers magistrats comme ceux du Mans et de Saint-Nazaire. Une réponse aux accusations de laxisme dont font l'objet des parquets après diverses affaires de féminicides.

"Avant de réclamer des moyens, il faut mettre en œuvre des politiques pénales"

"On fait tous le constat du manque de moyen de la Justice, note Anne Bouillon, avocate nantaise spécialisée dans les affaires de violences faites aux femmes, et les moyens dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes sont nécessairement à renforcer. Sans moyens on ne fait rien. Mais avant de réclamer des moyens, il faut mettre en œuvre des politiques pénales".

"Les procureurs de la république sont essentiels pour ça, poursuit l'avocate, c'est eux qui vont impulser une politique pénale au sein d'un territoire et qui vont faire de la lutte contre les violences une priorité. J'entends et je salue cette demande de moyens nécessaires mais il faut que cette mobilisation des parquets monte en puissance."

Selon l'avocate, il y a certes des moyens supplémentaires à apporter notamment pour améliorer le traitement des dossiers, le recueil des plaintes et sur la protection des victimes. Il faudrait, demande-t-elle, améliorer la protection des victimes en débloquant plus de bracelets anti rapprochement et plus de téléphones "grand danger", ces appareils qui sont confiés aux femmes en danger afin de solliciter plus vite une intervention des forces de l'ordre en cas de besoin.

Enfin, créer plus de places d'hébergement pour mettre des femmes à l'abri de leur agresseur. Mais, insiste Anne Bouillon : "il faut des moyens et une volonté politique."

Des délais trop long

Isabelle Mahé, co-présidente de l'association Solidarité Femmes Loire-Atlantique, constate elle aussi ces carences. "Les délais de traitement des dossiers sont longs, dit-elle, et c'est là où elles (les femmes victimes de violences) sont le plus en danger. Il faudrait beaucoup plus de moyens humains pour qu'on puisse traiter les dossiers beaucoup plus vite."

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Ce manque de moyens, la procureure du Mans, Delphine Dewailly, le dénonce dans aussi dans une tribune similaire. La magistrate a choisi de se joindre à ce mouvement national. Elle craint que la situation des parquets ne les contraigne à faire des choix.

"On va être obligé de faire un tri parmi les contentieux et d'accorder un peu moins de rapidité de traitement à un certain nombre de contentieux, prévient-elle. Ce qui est très compliqué pour nous car derrière ces contentieux, il y a aussi des plaignants, il y a aussi des victimes dont c'est parfois l'affaire d'une vie. Mais à un moment donné, physiquement, nous ne pourrons plus aller au delà et tout traiter donc il va falloir faire des choix."

Les souffrances au travail, les arrêts maladie pour épuisement se multiplient dans la profession. Au Mans, il faudrait, dit-on, trois postes de magistrat supplémentaires.

"Chaque « féminicide » est un drame pour les magistrats, parfois un échec" disent ceux-ci dans la tribune qu'ils ont signée.

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