Campbon : tout un territoire sous le choc face à la fermeture de la laiterie Candia en 2023

L'usine Candia de Campbon fermera ses portes en 2023, décision du groupe Sodiaal qui se restructure. Mais ici, la laiterie date de 1930, des générations et des familles s'y sont succédé. Ce 11 février, salariés et habitants ont marché ensemble, pour se soutenir.

Soleil et couleurs vives ce matin à Campbon, et pourtant, le coeur n'y est pas. Devant l'usine Candia située à la sortie de la commune, affublés de chasubles syndicales et autres vêtements fluo, les 161 salariés CDI de la laiterie sont rassemblés aux côtés d'habitants de la commune ou des environs, de parents, de retraités, et du maire Jean-Louis Thauvin. Tous se serrent les coudes face à l'annonce faite la semaine dernière de la fermeture de l'usine à l'été 2023. 

La CFDT Agri Agro qui "s'interroge sur la loyauté de la direction envers les salariés. et dénonce une absence totale de concertation préalable sur les alternatives envisageables à la fermeture du site", a appelé à ce rassemblement.

Selon le syndicat, il ne fait aucun doute que la décision est prise de longue date et impacte directement non seulement les CDI mais aussi les intérimaires, soit au total 316 salariés, tous plongés dans l'incertitude.

Devant notre micro, c'est la conductrice de machine et déléguée syndicale CFDT Olivia Depirou qui s'exprime avant que le cortège se mette en marche vers le centre de la commune.

"Ca fait longtemps qu’on dit à notre direction d’investir et moderniser l’outil de travail, on s’est beaucoup donnés, tout le monde a travaillé pour des projets, on était dedans à 100% et aujourd’hui le projet de Sodiaal c’est de fermer l’usine totalement."

"Les salariés n’ont pas le cœur à la tâche, la direction chez nous a du mal à comprendre ça. Eux, ils imaginaient nous annoncer ça, on accusait le coup et on repartait au travail comme si de rien n’était. Y a des gens qui ont besoin de retourner travailler, on en est conscients, mais on est aussi des humains, et retourner travailler comme avant, c’est plus possible, la motivation, on l’a eue, mais on ne l’a plus, c’est fini."

Campbon, un territoire sous le choc

L'atmosphère est lourde ce matin et le ciel bleu ne fait rien à l'affaire. Salarié(e)s, retraités, habitants, tous se connaissent, de près ou de loin. Avec 92 ans d'existence, la laiterie en a vue passer des femmes, des hommes, des fratries, des familles entières. Dire que la l'usine Candia est le pilier économique de la commune n'est pas exagéré. Un pilier économique mais aussi social, facteur de développement du territoire, de la démographie et de  la vie à la campagne. 

Pour se soutenir dans l'épreuve, quelques 230 personnes ont marché de la laiterie vers le centre de la commune, telle une onde de choc qui se propage et investit chaque foyer. D'une façon ou d'une autre, chaque habitant du territoire ressentira cette onde de choc : mairie, commerçants, services publics, banques, écoles.

L'espoir d'un repreneur

Le groupe Sodiaal s'est engagé à faire tout son possible pour ne pas licencier et reclasser en interne. Des postes seront proposés sur les autres sites, ceux qui restent en activité. Car Campbon n'est pas isolé dans la restructuration du groupe. Euroserum de Saint-Martin-Belle-Roche (Saône-et-Loire) et l’atelier de séchage à Malestroit (Morbihan) vont fermer et les sites Euroserum de Bénestroff (Moselle) et Entremont de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vialaine) vont être restructurés.

Mais quel(le) salarié(e) va quitter Campbon, ses amis, sa famille, sa maison ? Pour l'instant, cette idée n'est pas à l'ordre du jour. Aujourd'hui on marche ensemble et on espère ensemble.

Olivia Depirou, déléguée CFDT à la laiterie Candia nous explique : "Cette marche a pour but de montrer aux dirigeants de Sodiaal que derrière les 161 salariés en CDI, y a la famille, y a les amis, y a une commune, y a tout une région qui est touchée par  ce qui nous arrive, et qu’on fasse en sorte de trouver un repreneur parce que nous ce qu’on veut c’est trouver un repreneur." 

Tous espèrent que l'outil industriel séduira un investisseur, qu'il soit laitier, producteur de jus de fruits ou autre. Et que le travail reviendra.