En 2019, la vie de Sandrine Graneau, infirmière à Montoir-de-Bretagne, bascule en quelques heures lorsqu'elle est victime d'un choc toxique menstruel. Amputée des jambes et de ses doigts, elle a dû réapprendre à vivre. Cinq ans plus tard, Sandrine continue de se battre, relevant de nouveaux défis tout en sensibilisant au handicap.
Être vivante
Aujourd’hui âgée de 41 ans, Sandrine se lance de nouveaux défis : “je fais du yoga avec un professeur très à l’écoute, qui adapte tout pour que je puisse pratiquer dans un groupe de valides. Je fais aussi de la comédie musicale avec mes enfants, j’ai gravi les 150 marches du Mont Saint-Michel et j’ai écrit un livre “Choc toxique : Faut-il avoir peur des protections hygiéniques””. Autant de victoires qui permettent à Sandrine de se sentir vivante.
Un autre de ses grands défis est de changer le regard sur le handicap.
Je veux aider les gens qui vivent mal leur handicap et surtout aider les valides à changer leur regard
Sandrine GraneauInfirmière
Habitante de Montoir-de-Bretagne, elle a notamment organisé l’exposition Different is Beautiful dans la commune en avril dernier. Cent portraits de personnes handicapées affichés en grand.
Défis à la vie
Autant de défis, qu’elle ne se serait jamais lancé cinq ans auparavant. “Ça a commencé un soir par des petites douleurs de ventre qui se sont accentuées. J’étais en fin de règle et je me suis dit, je vais enlever ma coupe. On a fait venir un médecin qui me dit, il n’y a pas de signes infectieux, vous avez une bonne tension, peut-être des calculs rénaux.” Le médecin lui donne plusieurs médicaments, mais les douleurs reviennent avec des vomissements et des diarrhées. Sandrine réveille son mari, qui rappelle le médecin, l’état de Sandrine est alarmant, “ma tension n’était plus prenable”.
Le coma forcé
Sandrine est transportée d’urgence à l’hôpital de Saint-Nazaire, les médecins lui font d’abord un scanner puis l'emmènent au bloc. C’est lorsque “j’étais sur la table d’opération, que mon corps entier est devenu rouge, j’étais en train de faire un choc septique.” Le diagnostic tombe : un choc toxique menstruel causé par la présence de staphylocoque doré, une bactérie potentiellement mortelle. La situation étant très critique, les médecins la plongent dans un coma artificiel pour essayer de stabiliser son état.
Une lutte entre la vie et la mort
Pendant quinze jours, la jeune femme, alors âgée de 36 ans, lutte entre la vie et la mort. Elle se souvient de ce moment “avec des périodes de réveil où je sentais la mort rôder autour de moi. Mais je n’ai pas réussi à trouver comment faire pour mourir.” Elle se rappelle même avoir entendu une voix lui dire qu’elle était sauvée.
Mais son réveil n’a pas été synonyme de soulagement. Sandrine savait qu’elle allait être amputée.
J’avais compris, à travers les conversations médicales, que la nécrose avait atteint mes extrémités
Sandrine GraneauInfirmière
Le verdict était difficile à accepter : elle allait perdre ses jambes et plusieurs phalanges de ses doigts. “J’ai décidé de me battre et de négocier l’amputation de ses mains, refusant de perdre mes doigts complètement.”
Vivre avec de faux membres
Aujourd’hui, elle vit avec des prothèses, un quotidien lourd et contraignant. “Chaque jour, c’est une bataille contre la fatigue physique et psychique. Mes prothèses nécessitent des ajustements constants, et je suis souvent confrontée à mes limites. Mais je suis bien entourée par mon mari et mes trois enfants.”
Le choc toxique menstruel est rare, 4 % des femmes seraient sujettes à développer la toxine. Sandrine souligne le manque de sensibilisation et d’information autour de l’utilisation des protections hygiéniques internes.
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