"Wind For Goods", traduisez : "Du vent pour les marchandises". C'est le nom de ce salon qui se tient sur deux jours à Saint-Nazaire, la ville des chantiers navals. L'objectif est de réunir ceux qui imaginent et concrétisent le transport maritime décarboné, à la voile.
L'immense majorité, 90%, du transport de marchandises, se fait par bateau. Des liaisons maritimes entre l'Europe occidentale, l'Amérique du Nord et l'Asie orientale. Or, le fret maritime est responsable de 3% des émissions de gaz à effet de serre. Dans la course vitale contre le réchauffement climatique, ce secteur se doit d'y occuper sa place.
Décarboner le transport maritime
Si, actuellement, le nombre de cargos propulsés à la voile est ridiculement bas, on parle de 25 dans le monde, c'est que le coût de ce type de transport reste plus élevé que la propulsion carbonée. Mais le pétrole étant une ressource finie et en constante augmentation, la propulsion vélique des cargos n'est plus une utopie.
C'est le message que veut faire passer le salon Wind For Goods qui se tient les 1er et 2 juin sous l'alvéole 12 de l'ancienne base sous-marine.
Un cargo à aile pour la CMN
On y croise ceux qui développent la propulsion par le vent, des équipementiers et des financeurs.
Exemple : la société Wisamo, portée par le groupe Michelin et qui, après avoir acheté un brevet suisse, développe ses propres innovations pour une aile adaptable au transport maritime. Testé sur le bateau de Michel Desjoyeaux, le système est destiné à équiper à l'avenir des cargos.
Le premier doit relier, d'ici la fin du mois de juin, Bilbao, en Espagne, à Coole, en Angleterre, pour le compte de la Compagnie Maritime Nantaise.
Le projet SolidSail
SolidSail est le bébé du bureau recherche et développement des Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire. C'est une voile faite de plusieurs panneaux qui a séduit l'armateur Néoline, société créée en 2015 pour développer justement un transport maritime plus propre. Son premier cargo transatlantique équipé de la voile SolidSail devrait prendre la mer en 2025.
Des industriels ont déjà fait savoir qu'ils seraient clients de ce type de transport décarboné, Bénéteau, Cointreau, car même si ce moyen de propulsion reste plus coûteux que le conventionnel, une garantie des prix est envisageable, ce qui peut être très sécurisant dans un contexte de cours du pétrole aléatoires et plutôt à la hausse.
25 nouveaux cargos à voile
Le nombre de cargos à voile est d'ailleurs en forte augmentation. Dans le monde, 25 nouveaux navires devraient prendre la mer dans les 12 mois à venir. On espère un développement exponentiel avec le passage en production industrielle de tous les prototypes en cours de test.
Le secteur a donc un bel avenir. "Parmi les 31 entreprises pionnières de la propulsion par le vent dans le monde, nous disent les organisateurs du salon Wind For Goods, 11 sont françaises.
Et sur ces 11 entreprises françaises innovantes en matière de transport à propulsion vélique, 6 sont situées sur le territoire de Nantes et Saint-Nazaire."
200 emplois à venir sur le port de Saint-Nazaire
Lors de ce salon, Nantes Saint-Nazaire Développement et Nantes Saint-Nazaire Port ont annoncé l'arrivée sur le site portuaire de Saint-Nazaire de l’entreprise CWS. Elle produira "une nouvelle génération de voiles entièrement rigides, inversibles et asymétriques, destinées à décarboner le transport maritime", dit le communiqué. Plus de 200 emplois directs sont espérés d'ici 2025.
Olivier Quentin avec Eléonore Duplay.