Un numéro spécial, le 3677, pour signaler les maltraitances faites aux animaux est lancé par l'association CNPA, lundi 24 juin. Une simplification pour mieux traiter et recenser ces violences. En revanche, la SPA s'inquiète de l'initiative alors que les refuges sont déjà débordés.
Composez le 3677 pour signaler des violences faites aux animaux. Cette nouvelle ligne nationale est lancée ce lundi 24 juin par le Conseil national de protection animale (CNPA) afin de faciliter les signalements.
Un nouveau numéro qui devrait aider les personnes à alerter sur d'éventuelles maltraitances, mais aussi "fiabiliser" les signalements pour éviter de saturer les forces de l'ordre et les associations avec des alertes abusives.
"Une fausse bonne idée"
La Société protectrice des Animaux (SPA) accueille 46 000 animaux par an. Parmi eux, 41 000 sont heureusement adoptés et retrouvent un foyer. Si la mise en place de ce numéro est une belle initiative, pour les associations de protection, ce n'est pas une solution miracle.
On dirait que c'est une bonne idée, mais c'est une fausse bonne idée
Jaques-Charles FombonnePrésident de la SPA
Pour lui, "Ça ne va que compliquer le paysage". 'L'idée de récolter des informations sur la maltraitance est louable, mais il s'inquiète que derrière les signalements, les animaux ne soient pas sauvés.
"Nous avons une véritable chaîne logistique, et les plateformes d'accueil nécessaire pour que l'animal soit sauvé rapidement", souligne le président de l'association. "Là, je ne comprends pas comment ils vont faire pour placer les animaux victimes" ajoute-t-il.
À la SPA, il existe près de mille délégués enquêteurs formés à la prise de contact pour aller vérifier les maltraitances sur place, récupérer l'animal ou engagé des poursuites judiciaires si nécessaire.
Il faut une structure absolument organisée, sinon les animaux ne seront pas sauvés
Jacques-Charles FombonnePrésident de la SPA
Jacques-Charles Fombonne rappelle que son association n'est pas en concurrence avec la CNPA et il espère que la logistique liée a la mise en place de ce numéro fonctionne. Mais il s'inquiète de voir les forces de l'ordre dépassées par les signalements et délaissées le sauvetage des animaux.
Une demande citoyenne
Loïc Dombreval, le président de la CNPA, entend les réserves de son homologue de la SPA. Mais pour lui, cette nouvelle ligne téléphonique est une évidence.
Ça fait trente ans que des Français nous demandent ce numéro
Loïc DombrevalPrésident de la CNPA
"On a fait des études et énormément de personnes ne savent pas quoi faire pour signaler une maltraitance. Et même quand ils affirment savoir, en réalité, souvent, ils ne savent pas", se défend Loïc Dombreval. Il ajoute : " Il existe énormément de multisignalement et de personnes qui ne connaissent pas exactement à quoi correspond la maltraitance animale".
De la même manière qu'il existe le 3919 pour les femmes victimes de violences ou le 119 pour les enfants en danger, le 3677 a été pensé par l'association pour mieux lutter contre les maltraitances.
"On est là pour faciliter le témoignage des citoyens, mais aussi pour fiabiliser les alertes", explique Loïc Dombreval.
On pense pouvoir filtrer au moins 60 % des appels
Loïc DombrevalPrésident de la CNPA
Entre les querelles de voisinage et les personnes qui identifient mal les actes de maltraitances, il y a pour Loïc Dombreval, un gros tri à faire.
Une ligne pour mieux recenser les maltraitances
Si le signalement est urgent, la CNPA contacte immédiatement la police. "Les forces de sécurité prendront en priorité nos signalements", souligne Loïc Dombreval. Dans le cas où il y aurait un doute sur la situation, la Confédération nationale de défense de l'animal (CNDA) ira enquêter sur place. En parallèle, la CNPA est en lien avec des associations et des familles d'accueil sur l'ensemble du territoire Français.
Évidemment que c'est compliqué à mettre en place et qu'on va rencontrer des difficultés. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas le faire
Loïc DombrevalPrésident de la CNPA
"Aujourd'hui, on ne sait pas exactement combien d'animaux sont abandonnés et maltraités", considère Loïc Dombreval. Il ajoute, "Il nous faut des chiffres les plus fiables possibles pour savoir précisément ce qui manque aux associations. On ne peut pas demander d'aide à l'État si on ne sait pas de quoi et de combien on a besoin".
Distinguer la maltraitance de l'animal en danger
Un des risques majeurs de la ligne est d'être rapidement saturé. Pour l'éviter, il est important de discerner un animal en danger d'une maltraitance. Un animal maltraité est effectivement en danger, mais l'inverse n'est pas forcément vrai.
Un oiseau blessé, un chat errant ou coincé dans un arbre ne sont pas des situations de maltraitance. Par contre, si vous êtes témoins d'un animal battu ou négligé, là, il faut appeler le 3677.
Des refuges saturés
Si Jacques-Charles Fombonne, le président de la SPA, est inquiet, c'est aussi parce que les places dans les refuges sont rares. Près de Pornic, à Saint-père en Retz, les aboiements indiquent qu'on s'approche du refuge local de la SPA. Là-bas, 70 animaux attendent de trouver un nouveau foyer, plus agréable.
L'association accueille des animaux abandonnés, maltraités ou errants. Chaque été, à l'approche des vacances, les salariés observent une augmentation des abandons. Mais cette année, le refuge de Pornic est débordé depuis des mois.
Depuis janvier, on a deux à trois demandes d'abandons par jour
Isabelle ChatelierResponsable du refuge SPA de Pornic
Au refuge de Pornic, il y a une liste d'attente de deux mois pour les demandes d'abandons. "On ne prend pas des animaux comme ça. Le refuge est saturé, tous les refuges sont saturés", déplore Isabelle Chatelier, la responsable de l'établissement.
On est à flux tendu, il y a plus d'abandons que d'adoptions. On prend en priorité les chiens et chats retirés pour maltraitance
Isabelle ChatelierResponsable du refuge SPA de Pornic
Lutter contre l'abandon
Pour admettre plus d'animaux, notamment ceux victimes de violences, la SPA essaye de combattre l'abandon. Les équipes essayent de comprendre pourquoi les propriétaires souhaitent se séparer de leurs compagnons et si des solutions existent.
Pour réduire les abandons, la SPA a également lancé une campagne de sensibilisation début juin. L'objectif, mettre en lumière les conséquences de la séparation. Car après avoir été délaissée par sa famille, la santé mentale de l'animal peut l'affecter à vie.
Les animaux ont systématiquement des séquelles quand ils arrivent ici
Isabelle ChatelierResponsable du refuge SPA de Pornic
Stella, une croisée labrador noir, vient d'arriver au refuge. Comme beaucoup de ses congénères, elle se met en boule dans un coin de son box, les oreilles en arrière, tétanisée. "C'est une réaction typique d'un chien qu'on vient de recueillir", explique la responsable, "elle ne comprend pas où elle est, pourquoi il y a une grille et d'autres aboiements autour d'elle. Elle est perdue".
"Pour que le refuge soit moins saturé, il faudrait plus de visiteurs, plus d'adoptant et moins d'abandon", explique Isabelle Chatelier.
Notre finalité, normalement, ce n'est pas de recueillir des animaux qui ont déjà des maîtres
Isabelle ChatelierResponsable du refuge SPA de Pornic
"Nous, notre objectif, c'est de prendre en charge des animaux de fourrières, des animaux errants ou maltraités, et de leur trouver un foyer, une famille, dans laquelle ils seront heureux" conclut la responsable du refuge.
Dans ces refuges saturés, partout sur le territoire français, il existe malgré tout de belles histoires, comme celle d'Ichka, une vielle chienne, plutôt calme.
Aujourd'hui, Ichka a de la chance, Stina et son conjoint sont venus l'adopter. Elle rejoint une grande famille canine auprès de trois jeunes chiens.
On cherchait un chien sénior pour lui offrir une belle fin de vie
StinaNouvelle maîtresse de Ichka
Tout sourire, le couple et leurs quatre chiens quittent le refuge. Les salariés et bénévoles sont contents : à chaque adoption, c'est un soulagement.
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