Saint-Viaud, Loire-Atlantique : Nicolas le soudeur change de vie, il part reprendre un tabac-presse dans l'Allier

Changer de vie, de métier, d'adresse... Le thème s'est invité dans de nombreux esprits depuis l'arrivée de la pandémie. Beaucoup y pensent, peu le font. Nicolas, lui, a décidé de faire d'un problème de santé un moteur pour changer de vie et réaliser le rêve de sa femme, tenir un commerce, à deux.

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Saint-Viaud, commune surplombant un marais en bord de Loire, sur la rive sud, à proximité de Saint-Nazaire. Nicolas vit depuis toujours dans un de ces villages non loin du fleuve. En 2006, il a fait construire sa maison non loin de celle de ses parents. Il y vit avec sa femme Sandrine et ses trois filles Sarah, Leïla et Chloé, âgées respectivement de 19, 17 et 9 ans.
 

Une ligne droite de 30 ans et puis soudain le virage à 90°

Le métier de Nicolas : chaudronnier-soudeur. Un métier qu'il a appris tout jeune et pratique avec passion depuis 30 ans. Au début, il travaille l'aluminium, notamment dans les équipements portuaires tels que les pontons, flotteurs, ... Puis Nicolas travaille tous types de métaux pour des entreprises locales essentiellement.

Et puis, il y a deux ou trois ans, le diagnostic tombe : arthrose. Et pour remède, on l'opère afin de limiter l'amplitude de ses mains. Pour Nicolas, c'est le début de la fin dans le métier. Un métier qu'il adore toujours autant, mais qui le fait trop souffrir.

Quand il regarde par dessus son épaule, le chaudronnier-soudeur nous confie : ''Je me suis vraiment éclaté dans ce métier. Pour moi, c'est vraiment un des plus beaux métiers. C'est tellement diversifié, le fait de créer, de faire sa pièce de A à Z, la finaliser, la mettre propre, la remettre au client qui est satisfait.... J'adorais faire ça. J'aurais quitté ce métier pour rien au monde. Là, c'est vraiment le problème de ces mains et il faut se dire qu'il faut arrêter, que c'est plus la peine''.


Que faire ?

Nicolas porte à chaque main la cicatrice de son opération, comme un rappel permanent : ton métier, c'est terminé. Mais on n'arrête pas comme ça un homme qui vient de travailler trente ans durant. Alors, avec sa femme Sandrine, ils cherchent. Ils ne savent rien de demain, mais aujourd'hui, ils se disent que ça serait bien de travailler ensemble. 

Pour l'instant, Sandrine est assistante maternelle, mais auparavant, elle a travaillé dans l'industrie, la restauration, le commerce... Pas les deux pieds dans le même sabot, elle non plus. 

Tous deux en arrivent à un constat : avoir bossé pour les autres durant toutes ces années, c'est bien, on apprend plein de choses, mais bosser à son compte, ça serait encore mieux! Voilà une vision qui met d'accord monsieur et madame, un socle indispensable. Et Nicolas n'a pas oublié le rêve de Sandrine : tenir un petit commerce. Alors, un jour, il lui en parle. La surprise est telle que Sandrine croit à une blague. Mais à la seconde discussion, elle voit que Nicolas est sérieux. Il lui propose de tenir un commerce à deux !


Le commerce, comment ça marche ?

La question pourrait être donnée à des étudiants de grandes écoles de commerce et cela prendrait des mois pour une réponse complète. Là, Sandrine et Nicolas n'ont pas de temps à perdre et doivent apprendre vite à changer de métier.

Tout d'abord, ils ont la lucidité et l'humilité de ceux qui ne savent pas tout mais se tournent vers ceux qui savent.

Et pour trouver un commerce à portée de leur bourse, ils font appel à un courtier spécialisé. Il existe des courtiers en commerces comme il existe des courtiers en assurances ou en prêts bancaires. Vu la densité de la végétation, se faire aider pour défricher le marché est la meilleure idée que Sandrine et Nicolas ont eue dans leur réflexion.

C'est ainsi qu'ils font appel à un courtier de Clermont-Ferrand, un expert en la matière. Une épicerie en Ardèche ? Non. Une autre épicerie en Auvergne ? Non. Nicolas ne se projette pas dans une épicerie.

Je ne me sentais pas de vendre des produits locaux dans une épicerie. En plus, ça fait un emploi maximum. Nous on voulait travailler à deux.

Nicolas Lecoq

 

De la Loire-Atlantique à l'Allier

Parmi les nouvelles propositions du courtier, une retient particulièrement l'attention des commerçants en devenir : un tabac-presse dans l'Allier !

Tout le monde n'arriverait pas à se projeter sur de tels critères, mais Nicolas y arrive parfaitement, Sandrine aussi. Encore plus après la visite et la rencontre avec les gérants en place ! Du coup, toutes les autres visites sont annulées, les Lecoq ont eu le coup de coeur, c'est ainsi. 

Il faut dire qu'en plus de l'activité tabac-presse, le commerce en question a étoffé sa panoplie de services en proposant également du pain, des jeux de la Française des Jeux et la fonction de bureau de Poste. Le commerce est le seul dans ce quartier de Vichy, un quartier populaire dans lequel ce repère multi-services est précieux. Sans lui, il faut tout de suite prendre la voiture.

Nicolas et Sandrine, lorsqu'on leur parle de toutes ces étapes dans ce changement de vie, reviennent à chaque fois sur le  rôle de ce courtier : il n'a pas seulement trouvé le commerce, ils les a beaucoup aidés dans les différents dossiers, notamment celui concernant le droit d'exploitation d'un débit de tabac. L'enquête est longue, détaillée, technique et éprouvante. 

Sans l'aide de notre courtier et des propriétaires actuels, nous aurions abandonné

Nicolas et Sandrine Lecoq

À celui qui a toujours vécu au bord de la Loire, nous posons la question : ''à quelle distance serez-vous de la rivière la plus proche ?'' Nicolas me répond : ''l'Allier est à 200m de notre maison ''. Et quand on sait que l'Allier est un affluent de la Loire... On ne peut pas complètement parler de rupture avec le passé.

 

 

 

Le coup de coeur et puis tout s'est fait très vite

Il faut croire que toutes les planètes étaient bien alignées pour Sandrine et Nicolas. Tout leur a plu : la ville de Vichy, le commerce et la variété des services, l'attitude et l'attention des gérants en place (qui ont retenu leur candidature parmi plusieurs autres), le quartier, la clientèle sympa, la maison qu'ils ont trouvée à louer, et bien sûr le montant de la transaction qui était compatible avec leur budget.

Tout est allé très vite. Octobre, décembre, janvier. On est descendus trois fois. Et maintenant, on y va pour de bon.

Nicolas et Sandrine Lecoq


Et les enfants ?

Chloé, la benjamine, est tout feu tout flamme à quelques jours du départ. Oui, elle va quitter son école, ses copains et copines, mais elle va aussi en trouver d'autres! Et surtout, elle va pouvoir jouer à la marchande!

Quand maman sera partie manger un peu, et ben moi j'aiderai papa

Chloé Lecoq 9 ans

 

 

 

Quand les grandes quittent le nid

La maison des Lecoq est déjà louée, à une femme qui travaille sur Saint-Brévin, sérieuse et digne de confiance, tout s'est réglé avec l'agence immobilière qui veillera au grain. Les grandes filles sont scolarisées ou en études supérieures mais ne peuvent rester dans le nid qui les a vues naître.

Leïla a 17 ans. Elle doit encore terminer ses études. Tout en adhérant au projet de ses parents, elle reste sur les bords de Loire, avec son chien et ses oiseaux. Elle vivra chez sa mamie.

Sarah a 19 ans, elle étudie le commerce et la vente, elle travaille actuellement en entreprise. Elle vient d'emménager dans un appartement non loin de la famille et de sa soeur.

Toutes deux approuvent également le projet de leurs parents et l'éloignement, à trois jours du départ, ne leur fait pas trop peur. Elles savent compter sur les réseaux sociaux et internet et comptent bien traverser la France de temps en temps.

La dernière balade dans le marais se fait au soleil couchant. À quelques dizaines de mètres, une cigogne perchée sur son nid commence à couver. Bientôt, elle aussi verra ses petits quitter le nid.

Ainsi va la vie. Avec ses lignes droites et ses virages à l'équerre.

 

 

Témoignages recueillis par Christophe François

 

 

 

Et maintenant ?

Le samedi 3 avril à l'aube, après avoir chargé le camion la veille au soir, Nicolas a pris sa moto et ouvert la route pour Sandrine, Chloé et les copains ''coup de main''.

Ce même jour, la France renoue avec un confinement généralisé mais moins ''total'' qu'au printemps 2020. Couvre feu à 19h, en Loire-Atlantique comme dans l'Allier. Une famille roule vers son destin, fatiguée mais avec l'enthousiasme des nouveaux projets. 

 

 

Plusieurs formations attendent Sandrine et Nicolas, notamment avec la Française des Jeux. Une passation en douceur est également prévue avec les gérants actuels et puis le 26 avril, ils voleront de leurs propres ailes.

Dernière phase de transition, presque un changement de peau avec du stress et du plaisir. L'ex-chaudronnier-soudeur et l'ex-assistante maternelle sont désormais de tout nouveaux commerçants. 

Ils tiennent le tabac-presse-Jeux FDJ-dépôt de pain-bureau de Poste Le Royal à Vichy dans l'Allier, à 525 km de Saint-Viaud, en Loire-Atlantique.

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