Victime de menaces suite à un projet de centre d'accueil pour demandeurs d'asile, le maire de Saint-Brevin-les-Pins démissionne et quitte la commune

Deux véhicules avaient été incendiés le 22 mars dernier, communiquant le feu à la maison du maire de Saint-Brevin-les-Pins, où ce dernier dormait avec sa famille. L'enquête est toujours en cours mais Yannick Morez se sent menacé. Il a présenté sa démission ce 9 mai.

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La décision fait réagir. Le maire de Saint-Brevin-les-Pins, cité balnéaire au sud de Saint-Nazaire, a démissionné. On apprend également qu'il va quitter la commune où il a habité depuis 32 ans et fermer son cabinet médical.

Yannick Morez a fait connaitre sa décision à son conseil municipal ainsi qu'au préfet de Loire-Atlantique.

Il quittera également son cabinet de médecin généraliste et la commune fin juin, comme le précise France Bleu Loire Océan.  

Victime d'un incendie volontaire le 22 mars dernier qui a détruit deux véhicules garés devant chez lui et endommagé sa maison, le maire de Saint-Brevin-les-Pins soupçonne fortement l'extrême droite d'être à l'origine de ce geste qui aurait pu être plus grave encore.

Cette nuit-là, Yannick Morez dormait avec sa famille dans sa maison lorsque des témoins ont sonné chez lui pour les avertir de l'incendie qui prenait dans les véhicules tout proches.

"Une chance encore qu'on nous ait réveillés pour nous dire que les véhicules étaient en feu, déclarait à l'époque, encore choqué, Yannick Morez, parce qu'autrement, on aurait pu être intoxiqués par les fumées. C'est quelque chose de très grave ce qui s'est passé cette nuit".

L'édile pointait du doigt l'extrême droite qui avait manifesté à plusieurs reprises dans sa commune contre le déplacement d'un CADA (Centre d'accueil pour demandeurs d'asile), présent à Saint-Brevin-les-Pins depuis 2016 dans le quartier de Saint-Brevin l'Océan, vers un autre site, plus au sud de la commune.

Des menaces contre plusieurs personnes

Le Collectif des Brevinois Attentifs et Solidaires, une association créée en 2016 pour accueillir les migrants venant de Calais, confirmait en mars dernier que des menaces avaient visé, non seulement le maire de la commune, mais aussi d'autres personnes qui œuvraient pour l'accueil des migrants, voire même, des personnes qui n'avaient pas exprimé leur opposition au projet de déplacement du CADA.

"On déplore qu'on en arrive à des extrémités pareilles", réagissait Philippe Croze, le président de l'association. 

Dans communiqué publié sur le site de la commune, Yannick Morez explique avoir pris cette décision "pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat, et après une longue réflexion menée avec ma famille."

Plusieurs réactions suite à cette décision, comme celle de la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui salue l'engagement du maire de Saint-Brevin-les-Pins, ou encore celle de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF qui parle "d'inaction de l'Etat" dans cette affaire.

"Ce qui s'est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de mon soutien" a déclaré la première Ministre Elisabeth Borne, ajoutant que le ministre en charge des collectivités locales avait contacté Yannick Morez.

"Inacceptable" écrit l'élue nantaise et Secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry.

De leur côté, les élus RN du Conseil Régional des Pays de la Loire ont également réagi :

"En démocratie on ne peut tolérer que la violence remplace le débat politique. La fraternité inscrite dans notre devise est un fondement essentiel de notre démocratie et de la République Française. C’est l’idée que même si nous avons des désaccords politiques avec les projets et les propositions d’un élu, comme ce fut le cas pour le CADA, le débat c’est arguments contre arguments. Tout le reste ne sont pas des moyens d’actions politiques, mais des manœuvres de brutes profondément immorales qui visent à avoir gain de cause par la terreur et la brutalité au lieu de convaincre par la raison."

Voir le reportage de Céline Dupeyrat, Vincent Calcagni et Mattéo Gaudin.

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Démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins ©France Télévisions Céline Dupeyrat, Vincent Calcagni et Mattéo Gaudin

Toutefois, les réactions étaient nombreuses ce jeudi concernant le fait que les élus du RN à l'Assemblée Nationale ne se sont pas levés pour marquer leur solidarité, contrairement aux autres parlementaires présents, mercredi soir, lorsque lors de la séance, le député de l'Essone (NUPES) Jérôme Guedj, a pris la parole pour dénoncer les faits et soutenir le maire de Saint-Brevin-les-Pins. 

voir l'extrait de la séance.

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Prise de parole de Jérôme Guedj (NUPES) en soutien au maire de Saint-Brevin-les-Pins. ©LCP

"Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes." a déclaré enfin le Président de la République, Emmanuel Macron.

Sollicité, le parquet de Nantes précise avoir "confié le 19 avril dernier la poursuite des investigations à un magistrat instructeur. Les faits ont été qualifiés de destruction de biens par un moyen dangereux pour les personnes, commise en raison de la qualité de personne dépositaire de l’autorité publique de son propriétaire ou utilisateur. Il s’agit de faits criminels, punis de 20 ans de réclusion. Il n’y a pas eu à ce stade de personne interpellée dans le cadre de cette affaire."

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