Deux véhicules ont été incendiés devant le domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins, en Loire-Atlantique. On pense à des opposants au centre d'accueil pour demandeurs d'asile qui doit s'implanter sur la commune.
L'enquête ne fait que commencer mais les soupçons se portent sur des opposants au centre d'accueil pour demandeurs d'asile qui doit être implanté au sud de la commune balnéaire proche de Saint-Nazaire.
Tôt ce mercredi matin, vers 5h, deux voitures garées devant son domicile et appartenant à Yannick Morez, le maire de Saint-Brevin-les-Pins ont pris feu. L'incendie s'est ensuite propagé à une partie de la maison, mais heureusement, sans faire de victime.
Sylvie Canovas-Lagarde, procureure de la République de Saint-Nazaire, confirme qu'une enquête du chef de destruction volontaire par incendie sur personne dépositaire de l'autorité publique a été ouverte.
Elle a été confiée à la brigade des recherches de Pornic, et un expert incendie est intervenu dans la matinée. "Ses premières conclusions conduisent à écarter la piste accidentelle et privilégier l'intervention de tiers et la piste criminelle", précise la procureure de Saint-Nazaire.
Une plainte déposée
"Une chance encore qu'on nous ait réveillés pour nous dire que les véhicules étaient en feu, déclare encore choqué, Yannick Morez, parce qu'autrement, on aurait pu être intoxiqués par les fumées. C'est quelque chose de très grave ce qui s'est passé cette nuit".
Trois salariés d'Airbus en route pour aller travaillé ont donné l'alerte. Le maire de Saint-Brevin tient à les remercier, ainsi que les pompiers qui sont intervenus. Il a déposé plainte dans la foulée de l'incident.
"J'ai pensé à un cocktail molotov"
"En sortant, j'ai tout de suite pensé à une piste criminelle, dit-il, puisqu'il y avait un début d'incendie sur les deux véhicules stationnés l'un à côté de l'autre. J'ai pensé à un cocktail molotov qui avait été jeté de façon à ce que les deux véhicules prennent feu en même temps. C'était le tout début de l'incendie."
Même si Yannick Morez se refuse à accuser qui que ce soit pour le moment, les premiers soupçons se dirigent vers des opposants au CADA (centre d'accueil pour demandeurs d'asile) qui doit prendre la suite de celui qui avait été implanté en 2016 dans le quartier de Saint-Brevin-l'Océan, dans un bâtiment propriété des œuvres sociales d'EDF.
À l'époque déjà, l'arrivée de 70 personnes venant de ce qu'on appelait "la jungle" de Calais avait suscité de violentes réactions, mais aussi, un élan de générosité.
Des manifestations
Le centre d'accueil doit aujourd'hui déménager pour rejoindre une nouvelle structure et ce projet a ravivé les critiques. En décembre 2022 puis en février 2023, les opposants à ce projet de CADA avaient manifesté dans la commune, faisant face à plus nombreux qu'eux, ceux qui soutiennent ce projet.
C'est donc vers cette opposition nourrie par les discours d'extrême droite que se tournent les regards après cet incendie qui vise le maire de la commune, favorable au projet de CADA.
Un autre élu du conseil municipal a été victime également d'exactions la nuit dernière. La voiture de cette conseillère a eu ses pneus crevés.
400 migrants accueillis sans problème depuis 2016
"Nous apportons notre soutien au maire et au Conseil Municipal", déclare le Collectif des Brevinois Attentifs et Solidaires, une association créée en 2016 pour accueillir les migrants venant de Calais et qui, depuis, leur apporte vêtements, formations, vélos, loisirs... 400 migrants sont passés par ce centre depuis 7 ans. Il y en a une cinquantaine actuellement.
"On attend d'avoir confirmation que c'est un acte criminel, dit Philippe Croze, le président de l'association. On déplore qu'on en arrive à des extrémités pareilles."
Des menaces contre ceux qui soutiennent le projet
Philippe Croze confirme que des menaces ont été proférées contre lui-même, dans sa propre boîte aux lettres, et contre différentes personnes, soutenant le projet de CADA ou simplement refusant de s'y opposer.
Des mails ont même été envoyés à des parents d'élèves de l'école proche du futur CADA indiquant : "Si vos enfants sont violés, ce sera de votre faute !"
Un chien pisteur de produits incendiaires
Sur place mercredi après-midi, la gendarmerie scientifique effectuait des relevés. Un chien spécialisé dans la détection de produits accélérateurs d'incendie a également été mobilisé ainsi qu'une expert incendie.
"Toutes les hypothèses sont à ce stade envisagées et les investigations se poursuivent", indique le parquet.
"Il va y avoir des mesures de surveillance plus importante à mon égard" nous a déclaré le maire de Saint-Brevin-les-Pins.
Plusieurs élus témoignent de leur soutien
La nouvelle de l'incendie survenu au domicile de Yannick Morez a suscité la colère de plusieurs députés Nupes de Loire-Atlantique.
Ségolène Amiot, Andy Kerbrat, Julie Laernoes, Jean-Claude Raux, Matthias Tavel ont co-signé un communiqué pour "condamner cette agression avec la plus grande fermeté" et exprimer leur soutien au maire.
Michel Ménard, président du Département de Loire-Atlantique, a aussi tenu à apporter "tout son soutien et sa solidarité" à Yannick Morez et son équipe municipale, mentionnant les "actes malveillants" dont ils ont récemment fait l'objet.
"Aucune cause ne justifie que l'on s'en prenne à un élu de la sorte, écrit-il, Nous ne pouvons tolérer de telles violences qui fragilisent notre démocratie."
Olivier Quentin avec Maxime Jaglin