A Saint-Brévin, un "élan de générosité extraordinaire" pour les migrants arrivés de Calais

Dans la station balnéaire de Saint-Brévin en Loire-Atlantique, trois mois après des manifestations anti migrants, bénévoles et demandeurs d'asile se réjouissent de la solidarité mise en place pour la "meilleure intégration possible" des réfugiés venant de Calais.

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"Je m'appelle Motawakil. J'ai 21 ans. Je suis né au Soudan. J'habite à Saint-Brévin" : dans une petite salle du centre de vacances d'EDF transformée en classe de français, le jeune homme, penché sur son cahier d'écolier, apprend à se présenter, en compagnie de quatre autres résidents et de trois "professeurs" bénévoles.

En quelques mois, avant leur sortie du centre d'accueil et d'orientation (CAO) de Saint-Brévin, prévue fin avril, les élèves devraient avoir toutes les clés en mains pour "se débrouiller dans la vie courante", assure Marie-Thérèse Briand, à la tête de l'équipe de 120 bénévoles dispensant ces cours de langue.

"Au départ, on pensait faire une séance par semaine par groupe, mais on a eu tellement de bénévoles qu'on peut en proposer trois. C'est un élan extraordinaire !", s'exclame-t-elle.
Elle y voit une "volonté de démontrer qu'à Saint-Brévin il y avait cette solidarité", en réponse aux manifestations hostiles avant le démantèlement de la "jungle" de Calais. Des coups de feu tirés début octobre contre le futur CAO avaient mis la station balnéaire de 13.000 habitants sous les feux de l'actualité.  

Ancien entraîneur du Stade Malherbe de Caen, coach pendant quinze ans en Afrique, Pascal Théault a mis entre parenthèses son congé sabbatique pour rechausser les crampons. Trois matins par semaine, il foule la pelouse synthétique du club de football local aux côtés des demandeurs d'asile afin d'"oeuvrer à leur bonne intégration".

"Come on, well done"


"Ma motivation a décuplé quand j'ai vu ce qui se passait", déclare-t-il, jetant un oeil à la vingtaine de joueurs se faisant des passes, encouragés par les "Come on" ou "Well done" de son "adjoint" Franck.
"On n'en fera pas des joueurs de foot, mais ils sont très motivés. On a bien sûr des règles, de la discipline : il faut être à l'heure, gérer l'équipement qui n'a pas coûté un centime puisque les tenues, les ballons ont été donnés", souligne l'entraîneur.

Au coup de sifflet, le matériel est rangé. Tout le monde enfourche son vélo pour rejoindre le centre situé à quelques encablures de l'océan et partager un thé dans la salle commune, dont les murs sont en partie couverts de coupures de journaux, de photos et même d'une dédicace de l'entraîneur d'Arsenal, Arsène Wenger.

"Ma vie a changé"


Après plusieurs mois dans la "jungle", les 47 résidents âgés de 20 à 37 ans, majoritairement Soudanais, mais aussi originaires d'Érythrée, d'Afghanistan ou de Birmanie pour l'un d'eux, "ont pu se poser et se reposer" depuis leur arrivée le 24 octobre, note Irène Petiteau, directrice de l'association Trajet, qui gère le CAO pour le compte de l'État.

"Quand j'étais à Calais, on n'avait même pas d'endroit où prendre une douche. Ici, on nous a donné une chambre, j'ai dormi dans un lit, on peut cuisiner", abonde Nassir, Afghan de 28 ans, "reconnaissant et heureux".
"Beaucoup de gens nous disaient : "Les Français ne sont pas bons, ils sont racistes, n'aiment pas les réfugiés". Mais j'ai vu beaucoup de personnes ici autour de nous et, jour après jour, ma vie a changé. Nous avons commencé à oublier notre peine et nos problèmes", poursuit le jeune homme après avoir lu un poème aux bénévoles venus présenter leurs voeux de bonne année. 

Après avoir rêvé d'Angleterre, Nassir et Motawakil n'imaginent pas un futur ailleurs qu'en France. Le premier aimerait "aider les autres comme on nous a aidés".
Le second se verrait bien "docteur, ici à Saint-Brévin".

Tous les résidents ont déposé leur demande d'asile avant Noël. S'ouvre une nouvelle phase, "l'attente", qui pourra être longue, même si leur statut de réfugié est accepté, observe la directrice.

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