Le Parti socialiste parviendra-t-il à sauver le siège laissé vacant par Jean-Marc Ayrault en Loire-Atlantique ? Le PS est sorti en tête du 1er tour mais l'issue du scrutin dimanche dépend des nombreux abstentionnistes et des écologistes mobilisés contre le projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes.
La candidate socialiste Karine Daniel a recueilli 30,41% des suffrages dimanche dernier contre 23,54% pour son adversaire Matthieu Annereau (Les Républicains/UDI/MoDem), soit une avance de 1.500 voix, dans un scrutin marqué par une très forte abstention (74,51%).
Elle est toutefois restée bien loin des 56,21% obtenus dès le premier tour en 2012 par l'ancien chef du gouvernement, qui était député de cette 3e circonscription de Loire-Atlantique depuis 1986 et dont le suppléant est décédé. En quatre ans, le PS a perdu de plus de 22.000 voix.
Estimant avoir "fait plus que sauver les meubles" face à une multiplicité de candidatures à gauche et dans un contexte de fortes divisions sur Notre-Dame-des-Landes et la loi travail, Karine Daniel a, dès dimanche soir, appelé ses "amis écologistes" et les "forces progressistes et humanistes à se rassembler au second tour" pour conserver cette circonscription, à gauche depuis près de quarante ans.
Le Parti communiste (5,04% des voix) a demandé à ses militants d' "utiliser le bulletin de vote Karine Daniel pour mettre la droite en échec". En revanche, Europe Ecologie-Les Verts (EELV), arrivé troisième (17,05%), loin devant le Front national (11,30%), ne donne aucune consigne de vote pour ce second tour.
Une position inhabituelle au plan national réaffirmée jeudi "sans ambiguïté" par EELV, qui déplore dans un communiqué "des pressions insupportables qu'ont exercé sur nos candidats et leurs proches l'appareil socialiste local et national".
Pomme de discorde
Au premier tour, le candidat d'EELV, Jean-François Tallio, qui a quasiment triplé son score de 2012 (6,18% des voix), a enregistré ses meilleurs scores à Vigneux-de-Bretagne (33,53%) et au Temple-de-Bretagne (23,91%), les deux communes de la circonscription les plus proches de la zone prévue pour le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pomme de discorde entre socialistes et écologistes bien qu'ils coopèrent dans les exécutifs locaux.A deux mois d'une consultation des électeurs de Loire-Atlantique sur ce projet contesté, "il y a forcément eu un effet Notre-Dame-des-Landes" sur ce scrutin, "mais ce n'est pas l'alpha et l'omega de cette campagne, il s'est joué autre chose", affirme JF Tallio.
Ces divisions suffiront-elles à la droite pour gagner ? Matthieu Annereau, actuel conseiller municipal d'opposition à Saint-Herblain, l'ancien fief de Jean-Marc Ayrault, s'est dit "satisfait" d'un résultat "en progression de six points par rapport à 2012" et a appelé "tous les déçus de François Hollande à (le) rejoindre" et à "sanctionner les socialistes".
Mais la droite a perdu près de 5.500 voix en quatre ans. Uni dès le premier tour avec l'UDI et le MoDem, le candidat LR dispose en outre d'une faible réserve de voix pour le second.
Le groupe socialiste et apparentés ne compte plus que 285 députés depuis le départ de Jean-Marc Ayrault au Quai d'Orsay, soit moins que la majorité absolue à l'Assemblée nationale (289). Depuis 2012, le PS et ses alliés ont perdu une quinzaine d'élections législatives partielles, ne parvenant à conserver que la 4e circonscription du Doubs et celle de Saint-Pierre-et-Miquelon.