Organisée pour la deuxième année dans la commune de Bécon-les-Granits dans le Maine-et-Loire, l'université d'été du mouvement catholique nationaliste Academia Christiana s'achève ce dimanche 20 août. La commune craignait des manifestations antifascistes qui n'ont pas eu lieu, et qui auraient pu entraîner des affrontements.
Une semaine à huis-clos, avec un programme constitué de messes, de conférences, d'activités sportives et d'ateliers de réflexion. Pour assister à l'université d'été du mouvement Academia Christiana, il fallait s'inscrire et passer un entretien préalable avec un membre de ce courant catholique nationaliste et identitaire.
Plusieurs militants fichés S
Sur son site Internet, le mouvement se décrit comme un institut politique destiné à "former les cadres de la reconquête civilisationnelle". Plusieurs de ses membres, et notamment son président, Victor Aubert, qui se présente comme professeur de philosophie, se trouvent dans les radars des services de renseignement en raison de leur radicalité. L'université d'été se tenait donc loin des regards, dans l'internat du Bois Robert, un vaste domaine privé permettant d'éviter les intrusions et les indiscrétions.
C'est par un tract, anonyme, diffusé mi-juillet dans des boîtes aux lettres de la petite commune rurale que la maire, Marie-Ange Fouchereau, avait appris l'organisation de cette université d'été, pour la deuxième année consécutive. Craignant des manifestations antifascistes qui auraient pu conduire à des affrontements, elle avait alors contacté la gendarmerie. Une réunion avait été organisée avec la préfecture pour organiser la surveillance de l'événement, et confirmer la présence de militants fichés S parmi les membres d'Academia Christiana.
"J'étais en vigilance, la gendarmerie et la préfecture également", explique Marie-Ange Fouchereau, alors que l'événement s'achève sans qu'aucune manifestation n'ait eu lieu à Bécon-les-Granits. "Cette université d'été est restée cantonnée sur le site du Bois Robert. Les gendarmes étaient très présents sur la commune."
Messes, conférences et sports de combat
Quant au contenu de cette semaine de "formation", difficile d'en savoir plus que la thématique affichée, "la beauté sauvera-t-elle le monde" et les quelques publications diffusées par le mouvement sur les réseaux sociaux. Une messe de l'assomption, des jeunes gens studieux, et des activités sportives mélangeant le volley ball, la boxe et les arts martiaux.
Cependant, sur l'une de ces vidéos de communication, des militants du réseau angevin antifasciste ont reconnu Côme Jullien de Pommerol, un ancien membre de l'Alvarium, mouvement dissous en 2021. Ce dernier vient d'être condamné à trois mois de prison avec sursis suite à des violences commises le 30 juin dernier, contre des militants de gauche qui manifestaient suite aux violences urbaines après la mort de Nahel. Trois autres personnes étaient jugés en même temps, pour les mêmes faits. Le parquet d'Angers ayant fait appel de la relaxe prononcée à leur égard.
Sur son post, le réseau angevin antifasciste diffuse le contenu d'un enregistrement audio attribué à Côme Jullien de Pommerol et diffusé sur un groupe fermé, où le jeune homme se gausse de la décision de justice, alors que le procureur avait requis six mois de prison ferme : "Finalement, je ressors libre avec seulement trois mois de sursis, parce qu'en fait, la vérité est que quand on se défend, même si on casse des jambes à ces petites salopes de gauchistes, et ben en fait, on se défend !"
En février 2022, une équipe de France 2 avait pu suivre une réunion du mouvement, durant laquelle un prêtre expliquait : "Mon but, c'est d'encourager les hommes, et les femmes d'ailleurs aussi, à savoir se défendre. A prendre les armes, quoi... de manière noble". Lors de cette soirée, l'un des intervenants expliquait comment instrumentaliser le cadre légal de la légitime défense : "Il faut ruser... la loi sur la légitime défense est extrêmement complexe mais elle a des failles qui sont utilisable, il faut se former à ça." A la tribune, le militant précisait qu'il existait des stages sur "la détention d'armes à feu, ce genre de choses."
Contactée au sujet d'Academia Christiana, la préfecture du Maine et Loire a indiqué qu'un "dispositif" avait été mis en place, et qu'il n'y avait "pas d'incident à signaler", sans préciser si le contenu de l'université d'été avait fait l'objet d'une surveillance particulière.