La commune de Bécon-les-Granits près d'Angers (Maine-et-Loire) va accueillir l'université d'été de l'Academia Christiana, un mouvement catholique de la jeunesse identitaire française, entre le 14 et le 20 août. Ce séjour suscite le malaise dans la localité ligérienne.
C'est un village tranquille de 3 000 habitants, qui se trouve malgré lui au cœur d'une polémique. Pour la deuxième année consécutive, Bécon-les-Granits est la destination d'Academia Christiana pour son université d'été. Le mouvement catholique d'ultradroite l'organise au sein de l'institut Bois Robert du 14 au 20 août.
"J'en ai parlé avec la gendarmerie, puisqu'il y a quand même des intervenants qui seraient susceptibles d'être fichés S, c'est une information qui m'a été confirmée. Mais la gendarmerie nous a informés qu'ils pouvaient se réunir dans un cadre privé", explique Marie-Ange Fouchereau, la maire de la commune.
La commune n'est concernée ni de près ni de loin par l'accueil de cet organisme. Il est accueilli sur un domaine totalement privé.
Marie-Ange FouchereauMaire de Bécon-les-Granits
C'est par un tract anonyme que la maire et les habitants ont appris la nouvelle, et la venue de militants de l'Alvarium, un groupe angevin dissous pour des violences. Les langues ont toutefois du mal à se délier.
"Une amie m'a dit qu'elle avait reçu la lettre. On l'a regardé et puis c'est tout. Chacun a son avis sur ce sujet, mais on ne polémique pas, on n'en parle pas", témoigne un habitant.
► Voir le reportage d'Eléonore Duplay, Vincent Calcagni et Mariano Zadunaisky
Un prêtre armé
Sur son site Internet, Academia Christiana se présente comme un institut politique, formant les cadres d'une "reconquête de civilisation". Une enquête de l'Œil du 20h de France 2 a infiltré ses rangs. Il compte parmi ses soutiens un prêtre adepte des armes à feu pour défendre les idées du groupuscule par la violence.
Une scène filmée au portable le montre en train de s'exercer au tir, vêtu de sa soutane. "Ça me dérange que la commune de Bécon soit associée à ce groupe dans l'imaginaire, mais je n'ai aucun pouvoir pour les empêcher de venir", martèle Marie-Ange Fouchereau.
L'édile rapporte avoir reçu des appels de gens choqués par la venue de l'Academia Christiana dans la commune. Certaines personnes auraient aussi interpellé Benoît Patier, le directeur de l'institut Bois Robert, l'école internationale, privée et hors contrat qui accueillera les militants.
"Je loue le site comme je louerais à n'importe qui. Je n'ai rien à voir avec eux", répond le directeur. De son côté, la mairie craint surtout que la présence des militants n'attire des groupes antifascistes et provoque des affrontements dans les rues calmes du village.
Dissolution de Civitas
L'université d'été d'Academia Christiana se déroule deux semaines après celle de Civitas, mouvement catholique intégriste, qui avait lieu du 29 au 31 juillet à Pontmain (Mayenne).
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a engagé un processus de dissolution en raison d'un discours antisémite tenu par l'un des intervenants, une suggestion concernant la dénaturalisation des Juifs de France. Le ministre condamne ces propos et a également saisi le procureur de la République.