Le lait illustre bien l'une des revendications des agriculteurs en colère : celle d'un juste prix pour rémunérer le fruit de leur travail. Ils demandent une répartition équitable entre eux, les industriels et la grande distribution. Nous avons remonté la piste d'un lait depuis sa production dans une ferme du le Maine-et-Loire.
Entre le non-respect de la loi Egalim et la hausse des coûts de production, les agriculteurs estiment que les industriels et la grande distribution ne répartissent pas équitablement le fruit de leur travail.
Cette bataille pour les prix s’illustre particulièrement avec le lait. Depuis des années, on recherche "le juste prix".
Pour comprendre les enjeux autour de la filière laitière, nous avons remonté ce produit, de sa collecte dans une ferme du Maine-et-Loire à son passage chez l’industriel, jusqu’à sa mise en rayon dans les supermarchés.
"Ceux qui sont le moins rémunérés"
Dans la ferme de Jean-Michel Bouvet à Cherré dans le Maine-et-Loire, les vaches produisent chaque jour 1 000 litres de lait. Il vend sa production à la laiterie LSDH au prix de 489 euros les 1 000 litres.
C'est quasiment 60 euros de plus que les derniers chiffres négociés par Lactalis, le géant mondial du lait basé à Laval en Mayenne. Pourtant, avec la hausse des coûts de production, l'agriculteur parvient à peine à se verser 1 000 euros de salaire.
En tant que producteur, on est les personnes qui passent le plus de temps pour un litre de lait par rapport à tout le reste de la filière. Et je pense qu'on est ceux qui sont le moins rémunérés.
Jean-Michel BouvetProducteur laitier dans le Maine-et-Loire
"Que tout le monde y trouve son compte"
C'est dans le département voisin d'Indre-et-Loire que le lait des vaches de Jean-Michel Bouvet est conditionné par la laiterie de Varennes LDSH. Chaque jour, l'usine reçoit plus d'un million de litres de lait de différentes exploitations.
Après un premier contrôle de qualité, le lait va passer par différentes étapes : la pasteurisation, l'écrémage et la stérilisation à ultra-haute température. Le processus complet prend moins de 72 heures entre l'arrivée du lait et son conditionnement en briques.
Pour Jérôme Mounet, directeur de la laiterie de Varennes LSDH, il faut "essayer de rémunérer l'ensemble des acteurs du mieux possible".
Que tout le monde y trouve son compte entre l'enseigne, le conditionneur et l'exploitant. C'est transparent entre chacun. Chacun connaît ce qui est pris entre les différentes choses
Jérôme MounetDirecteur de la laiterie de Varennes LSDH
La déclaration d'intention est claire, mais il est difficile de connaître les marges de chacun. Les négociations restent confidentielles.
Trouver le juste prix
Le lait arrive en rayon. Dans notre exemple, il est vendu sous la marque indépendante "fairefrance". Prix du litre le jour du reportage dans une grande surface de Châteauneuf-sur-Sarthe (Maine-et-Loire) : 1,22 euros. Le lait le moins cher s'affiche à 0,94 euros.
En général, le producteur ne touche plus rien après que la laiterie lui a payé son lait. Ici, une partie du prix de la vente va revenir à l'agriculteur associé de la marque. Cela peut représenter en 8 et 10 centimes par litre.
Une différence de prix qui peut se justifier pour certains consommateurs qui souhaitent faire un geste pour les agriculteurs, mais un effort financier compliqué à faire pour d'autres qui font face à des fins de mois difficiles.
Le combat en ce moment est surtout sur le fait de monter les prix mais à condition de ne pas être hors marché par rapport au consommateur
Alban GrazélieDirecteur du Super U de Châteauneuf-sur-Sarthe
Trouver le juste prix. C'est le difficile équilibre à trouver dans un contexte marqué par l'inflation et la crise agricole.
Le reportage de Florie Cotenceau, Olivier Cailler et Christophe Person
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