Le Sénat a voté lundi 27 janvier 2025 pour la réintroduction en France de pesticides néonicotinoïdes autorisés ailleurs en Europe. Une mauvaise nouvelle pour certains syndicats agricoles et pour les apiculteurs. Ces substances nocives pour les pollinisateurs sont interdites en France depuis 2018.
Vers la réutilisation en France des néonicotinoïdes ? Le Sénat a voté, lundi 27 janvier 2025, pour permettre la réintroduction de ces pesticides interdits en France depuis 2018, mais autorisés ailleurs en Europe jusqu'en 2033.
L’acétamipride, un des pesticides nocifs pour les pollinisateurs, est interdit en France depuis 2018.
Incompréhension et colère
Incompréhension et colère sont les premiers mots de Michel Mesnier, président du syndicat apicole du Doubs et apiculteur, à l'évocation de ce vote. "C'est une aberration totale". Il continue : "Ça fait longtemps que l’apiculture dénonce ces pesticides. On remet le couvert sans prendre en compte les études qui ont été menées".
Les néonicotinoïdes sont un ensemble d’insecticides agissant sur le système nerveux des insectes. Disponibles depuis les années 1990, ce sont les insecticides les plus utilisés dans le monde. En agriculture, ils permettent de débarrasser les cultures des chenilles, cochenilles, pucerons ou insectes mangeurs de bois.
Le signal qui est envoyé, c'est que l'écologie pose un problème au monde agricole
Nicolas Girod, membre de la Confédération Paysanne du JuraFrance 3 Franche-Comté
Nicolas Girod, membre de la Confédération Paysanne du Jura, dénonce quant à lui un "retour en arrière face à des avancées écologiques qui ne sont déjà pas assez nombreuses". "Le signal qui est envoyé, c'est que l'écologie pose un problème au monde agricole", estime-t-il en s'interrogeant : "Comment on peut essayer de se passer de ces produits ? La réponse adaptée serait de permettre aux agriculteurs de vivre de leurs productions".
Des effets néfastes sur les abeilles et sur les humains
Ces pesticides, surnommés les "tueurs d'abeilles", sont néfastes pour ces insectes. Depuis l’apparition des néonicotinoïdes en France, les apiculteurs ont constaté un effondrement des populations d’abeilles. Quand les abeilles rentrent en contact avec ces substances, "elles réagissent très mal, elles sont désorientées, ne retrouvent pas leur chemin et se perdent", explique Michel Mesnier. Conséquence directe : l'affaiblissement des ruches.
Ce dernier affirme que l'année 2024 a été catastrophique pour les apiculteurs de Franche-Comté. "Entre 2024 et début 2025, on a des pertes de ruches massives. On est à plus 50% chez certains agriculteurs", précise-t-il. Des conséquences peuvent aussi avoir lieu sur les hommes. "À long terme, on sait que ça peut être nocif pour les humains", souligne Nicolas Girod, de la Confédération paysanne du Jura.
L'acétamipride pourrait ainsi être à nouveau autorisé par décret, à titre "dérogatoire", "exceptionnel" et pour une durée limitée, sous certaines conditions comme l'engagement de la filière dans "un plan de recherche d'alternatives".
Avant d'entrer en vigueur, cette proposition de loi doit encore être examinée par l'Assemblée nationale. Son avenir reste pour l'instant incertain. Il dépendra surtout du vote des députés macronistes.