5 questions pour comprendre les néonicotinoïdes, ces insecticides que les députés pourraient à nouveau autoriser

L’Assemblée nationale se penche ce lundi 5 octobre 2020 sur le projet de loi controversé permettant le retour temporaire des néonicotinoïdes. Explications.
 

Protéger l’environnement ou maintenir des emplois ? Les députés devront trancher. Lundi 5 octobre, l’Assemblée nationale examine le projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes. 5 questions pour comprendre la controverse. 

Les néonicotinoïdes, qu'est-ce que c'est ?

Les néonicotinoïdes sont un ensemble d’insecticides agissant sur le système nerveux des insectes. Disponibles depuis les années 1990, ce sont les insecticides les plus utilisés dans le monde. En agriculture, ils permettent de débarrasser les cultures des chenilles, cochenilles, pucerons ou insectes mangeurs de bois.

Quels effets sur l’environnement ?

Les néonicotinoïdes sont néfastes pour les abeilles. Ces pesticides sont même surnommés les "tueurs d’abeilles". En effet, depuis l’apparition des néonicotinoïdes en France, les apiculteurs ont constaté un effondrement des populations d’abeilles. Ces substances les désorientent, elles perdent la mémoire et ne retrouvent pas le chemin de leur ruche. Ainsi, environ 300 000 ruches périssent chaque année. Un taux de mortalité qui est passé de 5% en 1995 à 30% aujourd’hui. Des chercheurs ont aussi montré qu'ils ont des impacts sur la faune aquatique et sur les oiseaux.

...Et sur l'Homme ?

En avril 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a réalisé des études sur le sujet. Selon elle, les résultats de l’expertise "ne mettent pas en évidence d’effet nocif pour la santé humaine, dans le respect des conditions d’emploi fixées dans les autorisations de mise sur le marché."

I
l est donc important de "respecter les conditions d’emploi prévues dans les autorisations de mise sur le marché des produits pour prévenir d’éventuels impacts sur la santé humaine." Car à haute dose, certains néonicotinoïdes, en plus d’affecter les abeilles, pourraient être dangereux pour les humains, avec des effets neurologiques.

En 2013, l’Agence européenne de sécurité alimentaire affirmait que deux insecticides néonicotinoïdes – l'acétamipride et l'imidaclopride – pouvaient "affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l'apprentissage et la mémoire."

Pourquoi les néonicotinoïdes font-ils débat ?

En 2018, le gouvernement interdisait définitivement l’usage de ces insecticides sur les champs. Le but étant de sauvegarder les colonies d’abeilles. Une victoire en somme pour les apiculteurs et écologistes. Mais le ministère de l’Agriculture a annoncé, le 5 août, un possible retour des néonicotinoïdes dès 2021 et jusqu’en 2023. Une décision inacceptable pour les anti-néonicotinoïdes. Partout en France et dans le Doubs, des apiculteurs se sont mobilisés contre le projet de loi.

Pourquoi l’Assemblée nationale vote-t-elle pour un retour des néonicotinoïdes ?

Depuis l'interdiction des néonicotinoïdes, la filière sucrière va mal. Elle doit lutter contre la prolifération de pucerons provoquant la jaunisse de la betterave. Ces insectes entraînent une perte de rendement allant de 30% à 50%. Selon le ministère de l’Agriculture : "Cette crise de la jaunisse fragilise l'ensemble du secteur sucrier et crée le risque d'un abandon massif de la betterave en 2021 par les agriculteurs au profit d'autres cultures. Or, la France est le premier producteur de sucre européen. Le secteur concerne 46.000 emplois dont 25.000 agriculteurs et 21 sucreries."

Aucune alternative ne s'est révélée efficace contre le problème. Ainsi, pour aider les betteraviers à remonter la pente, le gouvernement veut réintroduire temporairement les néonicotinoïdes. Les écologistes eux, craignent que des dérogations soient également octroyées à d’autres secteurs.
 
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