Angers : leur ancienne boutique fermée, les gérants du coffeshop Sa-tea-va ouvrent un nouveau magasin

Le coffeshop était fermé depuis une perquisition le 24 avril dernier. La boutique qui vend des produits dérivés du cannabis a rouvert,ce mercredi 15 mai, à quelques mètres seulement de l'ancien local. Une nouvelle enseigne "Sa-tea-va" qui devrait mettre en pétard certains détracteurs.

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11 heures ce mercredi matin 15 mai. Devant le coffeeshop de la SAS Sa-tea-va, rue Saint-Julien à Angers, les co -gérants Pascal, (le père) et Maxime (le fiston) Brunet sont entourés de leur avocat, maître Bertrand Joliff.

Les gérants du coffeshop n’hésitent pas à parler de harcèlement de la part de la justice. En ligne de mire, les procureurs du Mans et d’Angers.

Pascal Brunet évoque plusieurs mises sous scellés et gardes à vue : les premières saisies remontent au mois d'octobre, à Nantes.  

Le commerce de la rue Saint-Julien à Angers est officiellement sous scellés. Ils ont été arrachés par des individus. Du coup, il a rouvert ce mercredi matin dans un nouveau local attenant.
 

"C'est de l'acharnement!"

 

En février Pascal Brunet, également propriétaire d'un coffeshop au Mans, a été placé en garde à vue pour répondre aux enquêteurs de la police sarthoise. "J'ai 57 ans, je n'ai aucun casier judiciaire ça fait 35 ans que je suis dans le commerce. Faire une garde à vue ça fait un peu bizarre", raconte le gérant.

Ils ont sorti mon fils avec les menottes de la boutique comme un vrai trafiquant de drogue. Le vigile aussi. C'est un peu beaucoup - Pascal Brunet, propriétaire du Sa-tea-va

"On nous dit rien, on nous auditionne par rapport à ce que l'on vend. Nous on donne les factures. On leur donne tout et ça leur suffit pas. On comprend pas cet acharnement qu'ils peuvent avoir contre nous", s'interroge Pascal Brunet, "On a cinq boutiques, il n'y a que le procureur du Mans qui nous en veut. Pour qui ? Pourquoi ?  Je ne sais pas et on voudrait bien que ça cesse.Aujourd'hui on en est à notre cinquième perquisition, 5 gardes à vue, 370 000 euros de préjudices. Les stups d'Angers nous ont saisi notre voiture de société".


Ça commence à bien faire, ça commence à peser. On en a marre. On est dans la légalité, on paye nos charges - Pascal Brunet
 

"On a une dizaine d'employés. C'est un acharnement total ! Là on nous pose des scellés sur la boutique pour trafic de stupéfiants mais on n'est pas des trafiquants. C'est pour ça que j'ai ouvert juste à côté. On continuera notre activité jusqu'au bout !", conclut le gérant, avant de se rendre au commissariat d'Angers pour une audition libre, une énième convocation.

Pascal Brunet était en effet convoqué ce jour au commissariat central de police d'Angers "pour y être entendu en tant que personne soupçonnée d'avoir commis ou tenté de commettre les infractions d'importation, acquisition, détention, transport, offre ou cesion de stupéfiants, provocation à l'usage de stupéfiants, tromperie et pratique commerciale douteuse".

Joint par téléphone, le procureur de la république d’Angers Yves Gambert ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet.

 
Gâteaux, bonbons, e-liquides...



Ouverte depuis le 5 avril, la boutique angevine Sa-tea-va propose des produits contenant du CBD (cannabidiol), un dérivé légal mais controversé du cannabis.

Derrière le comptoir, les Brunet gèrent, en famille, les cinq Sa-tea-va ouverts en France : à Caen, Lisieux, Nantes, Le Mans et Angers. 

Les clients peuvent se procurer toutes sortes de produits : des sachets à infuser, des gâteaux, des bonbons, des sucettes, des e-liquides. On trouve aussi, purement et simplement, des "têtes" de cannabis.

La marchandise, Maxime Brunet l’importe de Suisse, d’Espagne et de Hollande. Certains produits, comme les boissons et les e-liquides, sont achetés en France.

Un tel commerce peut surprendre mais tout cela est légal. La plupart de ces produits vendus contiennent du cannabidiol (CBD), un dérivé du cannabis. Si le taux de THC qu’ils contiennent ne dépasse pas les 0,2 %, leur commercialisation est autorisée.
 

Que dit la loi ?


Aux Pays-Bas, les coffee shops ont pignon sur rue depuis presque un demi-siècle. Mais ils n'ont rien à voir avec les enseignes qui fleurissent en France ces mois-ci et qui, elles, ne vendent pas d'herbe à effet psychotrope.

De Besançon à Lille, en passant par Paris, Angers, Nantes, Le Mans, ces officines commercialisent principalement des infusions, des huiles et autres produits thérapeutiques, parmi lesquels des pochons d'herbe contenant du CBD, un composant du cannabis qui n'est pas considéré comme un stupéfiant, contrairement au THC, autre molécule de la plante.



Le cannabis est-il devenu légal ?


Non. En France, l’usage de cannabis reste un délit passible d’un an de prison. Le Code de la Santé publique précise très clairement dans l'article R5132-86 que "sont interdits la production, la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation, la détention, l'offre, la cession, l'acquisition ou l'emploi du cannabis, de sa plante et de sa résine, des produits qui en contiennent ou de ceux qui sont obtenus à partir du cannabis, de sa plante ou de sa résine". 

Précision, ou "zone grise" de la loi, selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn : "La culture, l'importation, l'exportation et l'utilisation industrielle et commerciale de variétés de cannabis dépourvues de propriétés stupéfiantes ou de produits contenant de telles variétés peuvent être autorisées, sur proposition du directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, par arrêté des ministres chargés de l'agriculture, des douanes, de l'industrie et de la santé."

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