Angevin lynché à Madagascar : les accusés nient leur implication

Des accusés du triple lynchage de Madagascar en 2013 ont dénoncé mardi une méprise, expliquant à la barre être au contraire intervenus pour aider les deux Européens menacés par une foule qui les soupçonnait d'avoir tué un enfant.

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Le 3 octobre 2013, un touriste français, l'Angevin Sébastien Judalet, et un résident franco-italien, Roberto Gianfala, avaient été roués de coups et brûlés par une foule déchaînée qui les soupçonnait d'avoir tué un enfant et d'avoir commis des actes pédophiles.
Quelques heures plus tard, l'oncle malgache du garçonnet avait subi le même sort à Nosy Be, réputée pour ses plages cristallines mais aussi tristement connue pour la prostitution infantile.

Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2013, veille du drame, "j'ai voulu protéger les "vazahas" (Occidentaux en malgache) de 23 heures à 05h00 en attendant l'arrivée des forces de l'ordre", a affirmé à la barre l'un des prévenus Ben Amiri Zakaria, assurant avoir parlementé pendant des heures avec la foule pour tenter d'éviter un lynchage.

"A 05h, les forces de l'ordre ne sont pas venues. Je ne suis pas une machine, je suis fatigué, je suis rentré chez moi. C'est en me réveillant vers 10h (le 3 octobre) que j'ai appris la mort du vazaha", a poursuivi ce mécanicien de 27 ans.

Une autre accusée, Vavy Louisa, gérante de restaurant à Nosy Be (nord), île touristique où s'est déroulé le drame, a choisi une ligne de défense comparable.
"J'ai juste joué le rôle d'interprète" pour le Français Sébastien Judalet, à qui cinq villageois étaient venus demander des explications à son hôtel, a affirmé cette femme de 39 ans. "J'ai voulu protéger Sébastien. Il s'est agrippé à mon bras et m'a supplié (...) "Aidez-moi madame", a-t-elle poursuivi devant la Cour criminelle ordinaire d'Antananarivo.

Les 14 prévenus poursuivis pour assassinat et séquestration de deux Européens et d'un Malgache encourent une condamnation aux travaux forcés à vie.

Marcellin Tomboravo, un marin de 33 ans, accusé d'avoir porté sur une charrette l'un des deux Européens et de l'avoir jeté dans le feu, a affirmé avoir été terrorisé par la foule: "J'étais trop peureux, je n'ai pas pu refuser de conduire sur ma charrette le vazaha", a-t-il cependant reconnu dans une petite salle d'audience remplie aux trois-quarts.


Émeute en ville 

Selon l'acte d'accusation qui a été partiellement lu mardi, un chef de quartier de Nosy Be, Vincent Zala, simple témoin, avait appelé les gendarmes pour les informer des menaces qui pesaient contre les Européens.
Lors de sa déposition, il a déclaré: "Il y a un propos de Sébastien Judalet qui a vivement choqué la foule: "Ce qui a été convenu avec Zaidou (oncle de l'enfant mort) était que c'était son enfant qui devait nous être vendus. Mais il n'a pas accepté et a substitué son enfant par celui de son frère+"." 

Interrogé par l'AFP, l'avocat de la victime franco-italienne, André Randranto, a cependant mis en doute ces accusations, relevant que les dépositions de Vavy Louisa, qui avait servi d'interprète entre le Français et les villageois en colère, ne faisaient aucune mention de tels aveux.

Plus tôt mardi, le tribunal avait terminé l'audition des 19 personnes poursuivies pour l'attaque de la gendarmerie de Nosy Be, les 2 et 3 octobre 2013. Pendant deux jours, la foule, exaspérée devant les recherches infructueuses pour retrouver le petit garçon, s'en était en effet pris aux gendarmes.

Là encore, les accusés ont nié les faits devant le tribunal. "C'est seulement en cellule qu'on m'a expliqué qu'il y avait eu une émeute en ville", a affirmé Wildos Fridos Fanjikiha, agriculteur de 33 ans.

Les 37 accusés dans cette affaire - 35 civils et deux gendarmes - plaident non coupables. L'audience doit reprendre mercredi.
Aucun élément ne permet pour l'heure d'accréditer les soupçons de pédophilie et de meurtre d'un enfant par les victimes. Le Français a été lavé de tout soupçon pédophile par la police française.

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