Balcon effondré à Angers : qui sont les cinq personnes qui comparaissent devant le tribunal correctionnel à partir de ce mercredi 9 février

Architecte, maçons et contrôleur technique : cinq personnes devront s'expliquer à la barre du tribunal correctionnel d’Angers à partir du 9 février, mises en examen pour l’effondrement d’un balcon en octobre 2016. Le drame avait provoqué la mort de quatre étudiants.

Comment un balcon a-t-il pu se décrocher du 4e étage et emporter avec lui 18 étudiants invités à une soirée ? Cinq personnes qui ont participé à la construction de cette résidence dans le centre-ville d'Angers devront répondre de cette catastrophe, à partir du 9 février devant le tribunal correctionnel d’Angers.

Cette soirée du 15 octobre 2016, au 4e étage de la résidence "Le Surcouf", dans le centre-ville d'Angers, les étudiants sont réunis pour une pendaison de crémaillère. Amis de tennis ou de fac, ils sont dix-huit, âgés d'une vingtaine d'années, à fumer et discuter sur ce balcon, lorsque, soudainement, celui-ci bascule dans le vide.

Dans sa chute de plus de 8 mètres, l'énorme bloc de béton entraîne les deux balcons des étages inférieurs, puis termine sa chute dans la cour intérieure, en un amas de béton de près de 2 mètres de haut.

Dans les décombres, les pompiers découvrent les corps de Lou, 18 ans, Antoine, 21 ans, Benjamin, 23 ans, et Baptiste, 25 ans. Les quatorze autres victimes sont hospitalisées pour des blessures multiples.

De nombreuses malfaçons

Très vite, l'enquête s'oriente vers les défauts de construction du balcon, qui aurait dû être en mesure de supporter 35 personnes. Car les victimes, selon tous les témoignages, faisaient la fête calmement, sans aucun comportement de nature à provoquer un effondrement.  

De nombreuses malfaçons lors de la construction de l'immeuble en 1997-1998 sont relevées lors de l’expertise judiciaire : mauvaise position des aciers porteurs ayant créé une faiblesse grave de la structure, reprise de bétonnage non conforme, système d'évacuation des eaux non réalisé, béton de mauvaise qualité, etc.

Surtout, les dalles des balcons, qui devaient être préfabriquées, ont finalement été coulées sur place, sans que de nouveaux plans soient réalisés. "Un cumul de négligences incroyable", résume Marc Morin, avocat des parties civiles. "C'est le procès des constructeurs qui travaillent à l'économie, au détriment de la sécurité."

Mais rares sont les prévenus à assumer leur responsabilité. "La plupart sont dans une défense très technique, on les sent assez peu dans le regret", décrit Louis-René Penneau, avocat des parties civiles.

Le maçon Patrick Bonnel, en charge de la construction de l'immeuble et dont l'entreprise a depuis changé de propriétaire, est prêt à s'expliquer devant la justice, selon son avocat, sans pour autant endosser seul les responsabilités.

"L’enquête a permis de démontrer des malfaçons indétectables, à tel point qu’elles n’ont été détectées par personne au moment de la construction. Une fois les bétons, les planchers coulés, on ne voit plus rien et cela a l’apparence de la solidité", explique Me Pascal Rouiller qui évoque des "causes pluri-factorielles" à cet accident.

Durant l'instruction, seul le conducteur de travaux, 53 ans, a reconnu sa responsabilité, en expliquant que le changement de mode de construction des balcons avait été décidé pour permettre un gain de temps de 14 semaines sur le chantier.



Quand à l'architecte angevin, Frédéric Rolland, il est poursuivi pour son contrôle déficient du chantier en sa qualité de maître d'œuvre. Menant une carrière à l'international, il était à l'époque occupé par la création d'un cabinet à Shanghai. Concepteur de l'immeuble, il aurait dû relever les malfaçons et négligences dans la construction, établis par les experts. Mais durant l'enquête, il a révélé ne s'être jamais rendu sur place et avoir délégué cette mission à l'un de ses collaborateurs.

Le chef de chantier et le représentant du bureau de vérification Apave devront également s'expliquer devant le tribunal.

Accusés pour blessures et homicides involontaires, les prévenus encourent devant le tribunal correctionnel trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Le procès doit durer trois semaines.

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