Coronavirus : "Il y a certains comportements inappropriés", le message d'alerte du centre antipoison d'Angers

Avec la pandémie de coronavirus et le confinement, les appels au centre antipoison d'Angers n'ont pas forcément augmenté mais ils ont changé de nature. Les médecins et infirmiers se retrouvent à gérer des cas d'intoxication d'enfants au gel hydroalcoolique. Et ce n'est qu'un exemple.

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Tous les centres antipoison de France ont constaté ce qu'ils appellent "une modification des typologies d'appel". Et celui d'Angers ne fait pas exception.

En cause, deux bouleversements : l'état d'angoisse de certaines populations face au virus et la présence d'enfants confinés à la maison à côté de parents qui ne sont pas assez vigilants parce qu'en télétravail.

Il y a l'habituelle intoxication aux médicaments qu'on a laissés traîner ou aux produits ménagers mais aussi et c'est nouveau, l'intoxication aux solutions hydroalcooliques.   

Le centre antipoison d'Angers a ainsi dû traiter plusieurs cas d'enfants ayant bu ces solutions et qui se trouvent en état d'ébriété. Il convient alors souvent de faire transporter l'enfant à l'hôpital pour qu'il demeure, au moins un temps, sous surveillance.
 

Des règles de base 

Le Professeur Alexis D'Escatha, chef du centre antipoison d'Angers, rappelle les conseils de base :

- Les produits potentiellement dangereux (produits domestiques, détergents, médicaments) doivent être mis en hauteur ou à distance des enfants.
- Conserver les produits dans leur emballage d'origine, les transvaser est source d'erreur.

Si chacun respectait ces règles, nombre d'intoxications parfois très graves seraient évitées.
Mais ce ne sont pas les seuls dangers.

"Quand il y a un jardin, explique le Professeur D'Escatha, il y a aussi parfois la consommation de plantes, de baies en cette période de printemps, et ça ne concerne pas que les enfants."

Avec le confinement, certains ont en effet été tentés de se nourrir de tubercules trouvés dans le jardin et dont les feuilles peuvent ressembler à des fanes de carotte. Danger absolu : il peut s'agir d'oenanthe safranée. En mai 2019, un homme était décédé à Nantes après avoir consommé les feuilles de ce tubercule.

Heureusement, les cas traités plus récemment ont été moins graves.

"Et puis, nous dit le responsable du centre antipoison, il y a certains comportements inappropriés. Dans ce contexte angoissant, le gouvernement a prescrit des mesures barrières comme le lavage des mains mais les gens vont plus loin avec des produits irritants voire toxiques comme de laver ses produits alimentaires à l'eau de javel. Ce sont des produits fortement irritants qui, heureusement, sont souvent dilués mais qui peuvent provoquer des lésions caustiques (mains, bouche, tube digestif). Certains, aussi, nettoient plusieurs fois par jour leur domicile avec des produits qui ne doivent pas être mélangés." 

On a ainsi vu des cas d'irritation respiratoires.

On a modifié notre manière de fonctionner - Pr Alexis D'Escatha

Pas question de contribuer à surcharger en ce moment les urgences avec ces cas. Les médecins et infirmiers du centre antipoison ont donc dû revoir leurs protocoles.

"On fait tout pour essayer d'éviter de transporter vers des services d'urgence explique le Professeur D'Escatha. On essaye de maintenir à domicile et on rappelle s'il n'y a pas eu de symptômes."

S'il le faut, bien sûr, le centre fait l'intermédiaire avec le 15.

Il y a aussi les personnes pychologiquement fragiles qui, en cette période d'angoisse, en viennent à prendre en trop grande quantité des anxiolytiques stockés à la maison ou encore ces cas d'automédication signalés par des pharmaciens qui s'étonnent d'avoir une demande de médicaments à forte dose.
 

Intoxication à l'hydroxychloroquine

Et la fameuse et désormais célèbre hydroxychloroquine que certains trouvent sur des marchés parallèles ou "chipent" dans la prescription d'un parent. En surdosage, le médicament peut provoquer un arrêt respiratoire et cardiaque.

Enfin, plus que des produits périmés, le Professeur d'Escatha craint les produits faits maison. Certaines huiles essentielles ou extraits de plantes qui, concentrés, peuvent être très irritants voire provoquer des pathologies neurologiques chez l'enfant.

"Il ne faudrait pas qu'on se retrouve avec des gens en soins intensifs pour avoir voulu se protéger du virus" conclut-il.
Le centre antipoison
Le Centre Antipoison et de Toxicovigilance d'Angers est compétent pour les Pays de la Loire, la Bretagne mais ausis le Centre Val-de-Loire et la Normandie.

Il est joignable 24H/24 et 7jours/7 au 02 41 48 21 21

Les médecins, pharmaciens et infirmiers qui répondent aux appels sont spécialisés en toxicologie clinique. Ils sont sollicités tout autant par le grand public que par les professionnels, réanimateurs et urgentistes.
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