Covid-19 : l'étude menée par le CHU d'Angers ne démontre pas l'efficacité de l'hydroxychloroquine

Le débat survenu au moment du premier confinement avait conduit le CHU d'Angers à coordonner une étude sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine dans le traitement de la covid-19, 6 mois plus tard, le résultat ne montre pas d'efficacité.

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Le professeur Benoît Dubée, infectiologue au CHU d'Angers a coordonné cette étude "Hycovid", un traitement à l'hydroxychloroquine. Son constat est sans appel, l'hydroxychloroquine n'a pas eu d'effet bénéfique par rapport au traitement habituel utilisé pour soigner les patients atteints du Covid-19.
L'étude menée par le CHU d'Angers porte sur un échantillon de 250 patients.
    
"Dans cet essai impliquant principalement des patients âgés atteints de Covid-19 de forme légère à modérée, ceux traités à l'hydroxychloroquine n'ont pas présenté une meilleure évolution clinique ou virologique que ceux qui ont reçu un placebo", explique Vincent Dubée.

D'un âge médian de 77 ans, les 250 malades inclus dans cet essai, retenus parce qu'ils présentaient un risque important d'aggravation, ont été répartis en deux groupes: le premier a reçu 800 mg (en deux prises) d'hydroxychloroquine le premier
jour, puis 400 mg (en deux prises) par jour pendant huit jours, le second groupe a reçu un placebo.  

Les patients pouvaient être inclus dans l'essai s'ils présentaient au moins l'un des trois facteurs de risque d'aggravation suivants : être âgé de 75 ans ou plus, avoir entre 60 et 75 ans et présenter une maladie chronique augmentant le risque de complication en cas de Covid (hypertension artérielle, diabète, obésité) ou souffrir de problèmes respiratoires nécessitant un traitement par oxygène.    

"Bien entendu, les patients ont continué à bénéficier, simultanément, des traitements qui leur étaient administrés", soulignent les auteurs de l'étude.

"L'efficacité du traitement a été jugée en comparant le nombre de patients décédés ou transférés en réanimation en raison d'une aggravation respiratoire" dans chacun des deux groupes au cours des 14 jours suivant le début du traitement, précise le professeur Dubée.

Dans ces 14 premiers jours après le début du traitement, neuf patients auxquels avait été administré le dérivé de chloroquine sont décédés ou ont été intubés, tandis que huit l'ont été dans le groupe sous placebo, a précisé le médecin, spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales. 

Vingt-huit jours après l'inclusion dans l'un des deux groupes, neuf patients traités par hydroxychloroquine étaient décédés ou intubés, contre douze patients ayant reçu le placebo.

"La différence entre les deux groupes est très minime et n'est pas statistiquement significative, ce qui veut dire qu'elle peut être due au hasard", a estimé le praticien.

L'étude devait initialement inclure 1300 patients atteints du Covid-19, afin de "clore le débat" sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine. Elle a finalement été arrêtée par son promoteur, le CHU d'Angers, après avoir inclus 250 patients, en raison de la baisse du nombre de malades à la fin de la première vague d'épidémie.

"Nous avons calculé qu'il fallait inclure 1300 patients pour répondre avec certitude à l'objectif de l'étude, mais 250 patients, c'est un effectif confortable", considère le professeur Dubée, tout en reconnaissant que "le manque de puissance statistique" laisse planer "une incertitude dans nos conclusions".

Fin mai, cette étude avait été suspendue "une dizaine de jours", suite à une décision de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) en raison de doutes sur la sécurité de l'hydroxychloroquine, après un article à ce sujet dans la revue
scientifique The Lancet. Cet article avait ensuite "fait l'objet d'une rétractation, s'appuyant sur des données non fiables", rappelle le professeur Dubée.

L'usage de l'hydroxychloroquine a largement débordé le domaine scientifique pour devenir à travers le monde l'objet d'un débat politique clivant dans l'opinion publique, donnant lieu à de violentes empoignades sur les réseaux sociaux.
 

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