Trop de dossiers, et pas assez de personnel pour les traiter.... La crise n'épargne pas les tribunaux. Exemple au tribunal d'Angers.
Angers : le manque de moyens du tribunalAu tribunal d'Angers, les journées, et parfois même les nuits, ne suffisent plus au procureur Yves Gambert, et son équipe pour traiter les dossiers. Le Parquet reçoit 40 000 procédures par an, environ 200 procédures par semaine.
Des tâches incompressibles effectuées par seulement huit magistrats.
A Angers, le nombre de postes vacants dépasse les 20%, bien au-delà de la moyenne nationale.
Et malgré cela, la permanence téléphonique du tribunal,en relation 24/24h avec la police et la gendarmerie, peut gérer une soixantaine d'appels quotidiens.
"Nous sommes moins pour faire exactement la même chose qu'avant", explique Isabelle Jubineau, vice-procureur en charge des mineurs, "ça veut dire que les dossiers qui sont sur notre bureau n'avancent pas."
Face à cette surcharge de travail, amplifiée par le contexte d'état d'urgence, le procureur a dû se résoudre à supprimer des audiences pénales. Au risque d'allonger les délais de jugement...
"Si nous ne parvenons pas à faire notre travail en temps utile c'est quarante personnes du greffe, des fonctionnaires derrière, qui attendent qu'on leur donne les dossiers qu'ils doivent traiter et ce sont des piles de dossiers qui s'entassent dans les cabinets, dans les bureaux et qu'il faudra bien traiter un jour" déplore Yves Gambert, Yves Gambert, procureur d'Angers
Cette machine judiciaire ralentie a forcément des répercussions pour le justiciable. De longs mois peuvent s'écouler avant qu'un litige connaisse une issue. "Que ce soit des particuliers, que ce soit des entreprises, le temps ne s'arrête pas et les situations évoluent pendant ce temps-là" constate le bâtonnier Philippe Héry, "ce qui fait que les affaires portées à un instant T n'ont plus les mêmes approches, les mêmes contours au moment où le juge peut s'en intéresser"
A l'instruction, deux juges seulement se partagent le travail, dans l'attente d'un troisième collègue. Là aussi, les moyens humains, matériels et financiers manquent pour traiter correctement les affaires.
"La semaine dernière j'ai eu une expertise génétique qui représentait un coût de près de 60 000 euros pour un seul dossier" explique Marie-Agnès Joly, membre de l'union syndicale des magistrats. "Evidemment la question à un moment donné pour le magistrat c'est de savoir jusqu'où il va dans cette dépense. Et il est seul avec ses collègues à essayer de trouver le juste rapport qualité-prix. Ça aussi c'est quelque chose auquel nous n'étions pas préparés"
Un quotidien extrêmement lourd qui, depuis quelques mois, épuise les magistrats...
"Sur le plan humain, ça se traduit par de la souffrance au travail." constate Yves Gambert.
Dans cette course permanente, le tribunal d'Angers s'efforce de répondre au plus urgent. Son fonctionnement n'a jamais été aussi préoccupant. La justice est rendue, mais dans un temps toujours plus long.