Le succès de la tapisserie de l'Apocalypse ne se dément pas. On estime à 300 000 le nombre de visiteurs, qui, chaque année, viennent découvrir ou redécouvrir cette tapisserie exposée dans son écrin du château d'Angers. Pour le premier anniversaire de son inscription au registre "Mémoire du Monde" de l'UNESCO, on lui avait ajouté, pour ce week-end prolongé, quelques fragments récemment retrouvés.
Il y avait plusieurs raisons à cet événement. D'abord, ce long week-end de la Pentecôte était aussi celui de la nuit européenne des Musées. Ensuite, on fêtait les 70 ans de l'exposition au public de la tapisserie de l'Apocalypse au château d'Angers. Enfin, il y a un an, la plus grande tapisserie médiévale du monde était inscrite au registre "Mémoire du Monde" de l’UNESCO.
Oubliée... puis redécouverte
La tapisserie de l'Apocalypse est une œuvre de 100 mètres de long et 4,5 mètres de hauteur (à l'origine 140 mètres de long sur 6 mètres de haut). Fabriquée en sept ans (à Paris, pense-t-on) suite à une commande du duc Louis Ier d’Anjou, en 1375, elle évoque l'Apocalypse selon Saint-Jean. Oubliée de tous au XVIIIème siècle, elle sera découpée en morceaux et utilisée, pour certains bouts, comme... couverture pour les chevaux ! C'est au chanoine Joubert que l'on doit son sauvetage après qu'elle fut redécouverte au milieu du XVIIIe siècle... mais il en manque des morceaux.
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Quatre fragments conservés dans les réserves du château ont déjà été présentés en 2017 lors d’une rétrospective de l’Apocalypse. Ce week-end de la Pentecôte,de tout petits fragments, retrouvés en 2020 dans les réserves d'une galerie d'art parisienne, étaient, eux, exposés pour la première fois.
Pour le plus grand plaisir d'un public venu compléter ses connaissances sur ce monument.
"On connaissait la tapisserie de l’Apocalypse depuis des années, témoignait ce dimanche une visiteuse. Je trouve que c’est extraordinaire de pouvoir voir ces morceaux et je ne sais pas si on aura à nouveau l’occasion de les voir. Ce sont des morceaux qui sont très bien conservés pour la plupart. On a les couleurs d’origine, ce qu’on n’a plus malheureusement sur l’Apocalypse, sauf quand on regarde l’arrière. L’envers de la tapisserie est encore très bien conservé."
"C’est aussi un chef-d’œuvre absolu"
Se disant "ému par le génie de ceux qui nous ont précédés", le mari de cette visiteuse dit regretter qu’on ait perdu près d’un quart de la tapisserie.
"Cette tapisserie dans son ensemble est un monument extraordinaire qui suscite pour moi à la fois une admiration et beaucoup de réflexions, ajoute-t-il. Et tout ce qui permet d’aller plus loin est précieux. C’était, à l’origine, un monument, sans doute d’orgueil dans une certaine mesure, d’érudition. C’est aussi un chef-d’œuvre absolu de l’habileté des mains des artisans de l’époque. C’est une œuvre absolument complète, j’en ai plein les mirettes !"
► Voir le reportage de Laurence Couvrand, Olivier Cailler et Carole Mijeon.
"On voit vraiment la granularité de la tapisserie. C’est vraiment intéressant !" dit-il.
"On ne pensait pas retrouver un jour des fragments de l’Apocalypse, se réjouit Anna Leicher, conservatrice des antiquités et objets d'art au Département de Maine-et-Loire. C’est une découverte absolument exceptionnelle. Surtout qu’il y a dedans des petits fragments de fils métalliques alors qu’il n’y en a plus du tout dans le reste de la tapisserie."
Conservés pour les chercheurs
Des fragments de tapisserie certes (du quatrième personnage des tentures), mais qui ont pour qualité de n’avoir pas été dégradés par la lumière du XXème siècle. Cette lumière qui a détérioré les tentures exposées dans le château d’Angers.
"Ça permet d’en faire des fragments études, explique Anna Leicher. Ils resteront dans le noir et, pour l’étude, présentés à des chercheurs, des professeurs, des étudiants, des scientifiques qui pourront venir les examiner."
► Voir le documentaire : "La Folle Histoire de l’Apocalypse" écrit par Frédéric Stenz et réalisé par Nicolas Fauvel.
Exposés pendant ces trois jours tels qu’ils ont été récupérés, ces fragments doivent être restaurés pour pouvoir, peut-être, à nouveau être présentés au public.
Olivier Quentin avec Laurence Couvrand.
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