"Pas de prison devant nos maisons". On vous explique pourquoi le projet de la future prison d'Angers interroge les élus et les riverains.

Jusqu'au 11 octobre, l'Etat organise une enquête publique concernant la construction du nouveau centre pénitentiaire de l'agglomération d''Angers. Un projet d'ampleur autant qu'un dossier complexe. Associations de riverains, élus et habitants attendent des clarifications.

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C'est un projet d'ampleur pour l'agglomération d'Angers qui doit voir le jour en 2027 : l'implantation du futur centre pénitentiaire de Loire-Authion de 850 places, en remplacement de l'actuelle prison d'Angers -la maison d'arrêt date de 1856- vétuste, et surpeuplée.

D'ici là, les habitants peuvent consulter et donner leur avis sur le projet lors de l'enquête publique qui se déroule jusqu'au 11 octobre.

Face à l'ampleur du dossier, qui divise, ou inquiète des habitants du secteur, une association de riverains organisait ce samedi 5 octobre une réunion d'information, à Brain-sur-l’Authion, suivie par près de 200 personnes d'après les organisateurs.

Un devoir de citoyen, nécessaire, pour le co-président de l'association de riverains "Les 3C", Lionel Goubeau.

"Le dossier fait 3 800 pages, donc il faut se laisser un peu de temps de lecture. L'objectif c'est de sensibiliser les gens au delà du périmètre foncier possible du cente pénitentiaire. C'est d'aller aussi expliquer aux gens comment ça fonctionne, et ce que ce projet peut induire dans les 10, 15, 20, 50, 100 années à venir sur la commune et notamment sur la périphérie Est ou Sud-Est d'Angers." 

Nous pensons que le terrain choisi n'est pas le mois contraint pour faire ce type d'établissement

Lionel Goubeau

Co-Président de l'association "Les 3C"

Pourtant, cette étape importante de l'enquête publique n'a fait l'objet d'aucune communication officielle de la part des pouvoirs publics. 

"On peut sous-entendre que peut-être la communication sur ces sujets sensibles, il vaut mieux moins en dire que trop. Nous, on prend nos responsabilités en tant qu'association et on ne sait pas tout, on ne connaît pas tout, on ne répond pas à tout. Mais c'est important, je pense, que les gens, même au-delà des riverains les plus proches, le sachent".

A Trélazé, une permanence est organisée en mairie autour de l'enquête publique, en présence d'un commissaire enquêteur. Quelques habitants se sont déplacés ce samedi, même si la majorité a déposé ses commentaires en ligne.

Un habitant venu sur place se questionne. "Je trouve que ce n'est pas très simple de comprendre vraiment les enjeux de l'enquête publique en tant que telle et de faire la différence avec le projet en lui-même. Ce que je comprends, c'est qu'on est quand même sur les détails. C’est très technique."  

A cette étape du projet, de l'enquête publique, effectivement la phase est technique et plus politique.

Méfiance des habitants

Certains riverains se méfient. Preuve en sont les pancartes affichées dans le quartier concerné et choisi pour l'implantation de la prison, sur lesquelles on peut lire "Pas de prison devant nos maisons". 

Un projet polémique dès ses débuts

Car le projet, situé à cheval sur les communes de Trélazé et de Loire-Authion n' a eu de cesse de susciter des frictions depuis sa toute première annonce en 2011.

A l'époque c'est le ministre de la justice, Michel Mercier qui annonce la nécessaire construction d'une nouvelle prison à Angers lors du dévoilement de la nouvelle carte pénitentiaire. Sept communes sont alors pressenties, certaines géographiquement très éloignées de la prison d'alors. Ce qui inquiète les familles de détenus quant aux containtes d'un déménagement. 

En 2015, suite à une mutinerie de prisonniers révoltés contre l'état déplorable de la prison et contre leurs conditions d'incarcération, le projet de la nouvelle prison est anoncé "livrable" pour 2020.

En novembre 2016, le projet piétine. A 6 mois des présidentielles, le Ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas promet une nouvelle prison, dans l'agglomération angevine. En modifiant le plan local d'urbanisme, le terrain du futur établissement pénitentiaire de Trélazé devait être déclaré constructible dès le mois de février 2017. Sachant qu'il est alors estimé en moyenne à 10 ans le temps nécessaire pour réaliser une prison, les élus locaux, les professionnels, et les associations d'aides aux détenus rêvent d'un délai le plus court possible.

Le député PS de Maine-et-Loire d'alors, Marc Goua, pose alors la question à l'Assemblée nationale. La réponse tombe comme un couperet : le projet est repoussé à 2023.

Quid de l'impact environnemental?

À l’automne 2023, un premier dossier de déclaration d’utilité publique ( ou DUP) est retiré après les critiques d’élus et de riverains. Au coeur de la discorde : la réclamation d'un rond-point face au centre pénitentiaire. Et des habitations trop proches.

Le DUP est corrigé et c'est l'Agence publique pour l’immobilier de la justice (Apij) qui pilote le second projet, enfin validé en mars 2024. 

Mais c'était sans compter l'avis de l'Autorité environnementale, telle que le veut la procédure. En avril dernier, cette dernière a rendu un avis sur l'impact environnemental du projet de la future prison Loire-Authion. Avec des réserves. 

Les élus et habitants doutent. En cause notamment, le bois de Verrières avec des arbres centenaires ou classés qui pourrait être impacté car ils seraient inclus en partie dans la zone de construction.

Voir le reportage de notre équipe:

durée de la vidéo : 00h01mn52s
C'est un projet d'ampleur pour l'agglomération d'Angers qui doit voir le jour en 2027 : l'implantation d'un futur centre pénitentiaire de 850 places en remplacement de l'actuelle prison vétuste d'Angers. Ce qui en fera la 6e prison de France. D'ici là, les habitants peuvent consulter et donner leur avis sur le projet lors de l'enquête publique qui se déroule jusqu'au 11 octobre. Face à l'ampleur du dossier, une association de riverains organisait aujourd'hui une réunion d'information. Equipe : Eric Aubron, Laurence Couvrand. Mobntage : Stéphane Hérel. Intervenants : - Jean-Yves Albert, Commissaire enquêteur - Lionel Goubeau, Co-pdt association de riverains "Les 3C" - Jean-Charles Prono, Maire de Loire-Authion ©France 3 Pays de la Loire

Mais la réunion organisée ce samedi 5 octobre par les riverains aura au moins eu le mérite d'apporter certaines réponses, comme le confirme le maire de Loire-Authion, Jean-Charles Prono. 

"Parmi les choses concrètes, on a obtenu la centralisation du quartier, c'est-à-dire que l'entrée se fera bien à partir des ronds-points sur la D347 à destination de la prison, et ce sera aussi l'entrée des travaux. C'est notamment grâce aux riverains qui ont fait bouger les choses".

Il préfère voir le verre à moitié plein que le verre à moitié vide dans ce dossier complexe qui lui a été imposé par l'Etat. Et mise sur l'alignement des municipalités et des intercommunalités. 

"Il faut voir comment l'arrivée de cet établissement national va nous permettre d'aménager le territoire tous ensemble et en partageant les coûts surtout. Parce que sinon, l'aménagement se fera mais dans encore combien de temps...", explique l'élu.

On ne veut pas que ça se fasse n'importe comment ni à n'importe quel prix

Jean-Charles Prono

Maire de Loire-Authion

Et il poursuit : "Si le prix n'est pas acceptable, chacun prendra ses responsabilités. C'est-à-dire que si on n'obtient rien ou si les constructeurs, la projection de l'établissement ne correspondent pas à ce qui nous a été annoncé et si on n'obtient rien, notre position pourra être différente" avant de temporiser : " Aujourd'hui, effectivement, on accompagne en disant voilà comment on peut faire mieux." 

Habitants et élus restent en veille.

Dernière phase, après le 11 octobre, le rapport du commissaire enquêteur est censé permettre au préfet de prendre une décision pour rendre constructible les terrains.

Une dernière étape, normalement, avant l’obtention du permis de construire, puis le démarrage des travaux en 2025. La fin du chantier est prévue en 2027. 

La prison pourra accueillir 850 détenus, ce qui en fera la sixième prison de France. 

L’État a promis d’allouer 230 millions d’euros pour le projet.

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