Le tribunal des affaires de sécurité sociale du Maine-et-Loire reconnait l'origine professionnelle de la maladie de Parkinson d'un ancien employé arboricole, aujourd'hui décédé.
La maladie de Marcel Geslin, atteint de Parkinson et décédé en juillet 2018 à l'âge de 74 ans, a été reconnue maladie professionnelle par le tribunal des affaires de sécurité sociale d’Angers. L'ancien employé arboricole avait travaillé près de 40 ans dans les vergers au contact de produits pesticides.
Son frère, Michel, qui se battait depuis septembre 2016 pour obtenir de la MSA (Mutuelle Sociale agricole) la prise en charge de la pathologie, vient d’apprendre la décision.
"Ce n'est pas qu'une victoire pour l'honneur. Nous souhaitons qu'elle contribue à faire évoluer la législation sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires, afin que ce qui est arrivé à mon frère n'arrive plus", a-t-il déclaré.
Marcel Geslin a travaillé pendant 37 ans dans la même entreprise arboricole à Loiré, à l'ouest d'Angers, où il a passé toute sa vie. Il était préposé à l'entretien des vergers, la taille, l'éclaircissage, la cueillette...
Ses troubles sont apparus en 2008 après son départ en retraite. D'abord diagnostiqué "de type Alzheimer" ils ont été requalifiés en "maladie de Parkinson" quelques années plus tard, entraînant l'ouverture d'une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides."Il ne manipulait pas lui-même les produits phytosanitaires. Mais comme tous les employés à l'époque, il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements" - Michel Geslin
Reconnaissance refusée une première fois en 2017 "parce que le certificat initial de son médecin traitant n'avait fait mention que de "troubles de mémoire". Alors même que la MSA (Mutualité sociale agricole)disposait de tous les avis des spécialistes", regrette Michel Geslin.
"Un parcours du combattant"
Un deuxième refus est opposé à la famille de Marcel Geslin en 2018 pour des questions de délai d'instruction. C'est l'avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne, où le cas de Marcel Geslin a été délocalisé, qui se révélera décisif.
"Pour qui veut faire reconnaître sa maladie, c'est un parcours du combattant", assure Michel Besnard, porte-parole du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest, lequel revendique 14 reconnaissances auprès des Tass de la région depuis sa création il y a quatre ans."C'est un cas emblématique car il montre que les organismes de protection sociale agricole, bien que parfaitement informés, préfèrent laisser filer" - Michel Besnard
A l'échelle nationale, il n'existe aucune donnée statistique publique sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires. En 2017, Patrice Heurtaut, directeur de la santé-sécurité au travail de la MSA avait indiqué qu'elles représentaient "2% des maladies professionnelles déclarées au titre du régime agricole".
Phytovictimes, une autre association d'aides aux victimes professionnelles, a recensé 429 dossiers depuis sa création en 2011, dont 92 pour des maladies de Parkinson.
Selon une étude de Santé Publique, menée conjointement avec l'Inserm et publiée en 2018, "1 800 nouveaux cas par an de maladies de Parkinson sont survenus chez les exploitants agricoles âgés de 55 ans et plus, ce qui correspond à une incidence de 13% plus élevée que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie".
Une incidence plus marquée dans les populations résidant "dans les cantons les plus agricoles, y compris parmi les personnes qui ne travaillent pas dans l’agriculture".