À la suite d’un accident cardiaque, Bruno a décidé de marcher plus de vingt kilomètres par semaine. Et à la manière des "clean walk", ces actions citoyennes de ramassage des déchets, il s’est dit qu’il allait se rendre utile en nettoyant son quartier.
Si vous croisez Bruno, évitez de lui parler des fumeurs. D'ailleurs, les mégots jetés par terre, par milliers, il ne les ramasse pas. Mais les paquets de cigarettes vides, si.
En France, entre 20 000 et 25 000 tonnes de mégots sont jetés chaque année selon le ministère de la transition écologique.
Vous comprenez pourquoi je n’aime pas les fumeurs
Bruno Androuin
Ce jeune retraité, qui travaillait dans l’imprimerie, nettoie son quartier de Monplaisir, à Angers, depuis un an.
L'idée de départ
L’idée lui est venue à la suite d’un accident cardiaque. "Mon cardiologue m’avait dit que si je ne faisais rien, ça ne serait pas très bon pour moi. Je me suis dit : j’aime bien la propreté, donc je vais nettoyer les trottoirs".
C’est ainsi qu’il parcourt plus de vingt kilomètres chaque semaine. "Six kilomètres le lundi, autant le vendredi, et neuf le mercredi. Je perds entre 800 grammes et 1,2 kilo sur chaque parcours, explique Bruno. C’est pour ça que mon cardiologue m’a conseillé de bouger".
Des tickets de caisse, des paquets de chips ou de sandwiches industriels, Bruno trouve de tout sur son passage : "des couches bien pleines parfois, un test de grossesse une fois, des boîtiers de DVD, et un billet de vingt euros".
Maigre salaire pour celui qui aimerait croiser davantage "les gars de la ville". "Je me suis aperçu que la municipalité privilégie le centre-ville et la périphérie du centre-ville pour le ramassage des déchets. Ils passent beaucoup moins de temps dans les cités" regrette-t-il. "La première fois que j’ai fait le parcours, je partais pour neuf kilomètres et je n’en ai fait que trois parce que j’ai rempli cinq sacs de cinquante litres en seulement trois heures".
L'incivilité est générale
Pour l’avoir accompagné sur un peu plus d’un kilomètre, force est de constater l’incivilité générale. Les déchets sont partout et de toutes sortes, jusqu'au carton de colis. "Il y a même le nom dessus, nous fait remarquer Bruno. Ça, c’est 135 euros d’amende". Un sac d’une enseigne bien connue de burgers trône par terre, au pied d’une poubelle.
"Ça prend cinq secondes, mais les gens préfèrent poser le sac à côté de la poubelle. Je trouve quand même que les gens sont sales. Pour moi, c’est une question d’éducation. Quand j’étais jeune, il ne fallait pas que ma mère me voit jeter quelque chose".
Et si l’initiative est régulièrement saluée par les habitants qui commencent à le connaître, "je vous admire" lui glisse une passante devant nous, aucun ne lui donne un coup de main. "Une personne, une fois, s’est proposée de m’aider, mais je ne l’ai jamais revue". En attendant, Bruno fait sa part comme il dit. Son cœur le remercie et son quartier aussi.
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