Procès de Saïd Chabane à Angers : "J'attends que la vérité soit reconnue juridiquement", espère une plaignante

Le procès de l'ex-président du Angers SCO s'est ouvert ce 18 décembre. Durant deux jours, Saïd Chabane répondra des actes d'agressions sexuelles aggravées qui lui sont reprochés, des faits qu'il conteste depuis quatre ans. Quatre des sept plaignantes sont présentes pour ce premier jour d'audience.

Saïd Chabane, l'ex-président et actuel propriétaire du club de football d'Angers, est arrivé ce lundi matin au tribunal entouré de ses deux avocats. Il est jugé jusqu'à mardi pour des agressions sexuelles "commises par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction".

Dans la salle d’audience, quatre jeunes femmes victimes sont présentes sur les sept identifiées lors de l’enquête. Toutes étaient salariées du club ou de son entreprise de charcuterie au moment des faits dénoncés, entre 2014 et 2019. 

D'une voix chevrotante, Saïd Chabane, 59 ans, a lu un texte dès l'ouverture du procès. "Cette audience publique, je la vis comme une délivrance pour exprimer enfin ma vérité". Il s’estime victime d’un acharnement médiatique violent, se dit aujourd’hui complètement détruit, et reproche au procureur de ne pas avoir respecté le secret de l’instruction et la présomption d’innocence.

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"Ce n'est pas moi, ce n'est pas moi"

La présidente du tribunal questionne ensuite le prévenu sur sa personnalité avant d’entamer l’examen des faits : des caresses, des baisers, des attouchements décrits aux enquêteurs par une première victime, dont le témoignage va libérer la parole au sein du club de football.

D'après la jeune femme, 25 ans à l'époque des faits, Saïd Chabane lui avait caressé la cuisse lors d'un trajet en taxi, avant de prendre sa main et de la placer sur son sexe en érection. Il lui avait ensuite touché, selon elle, les fesses et la poitrine lors d'une séance de shopping en tête-à-tête, à laquelle elle n'avait "pas pu ni osé dire non".

"Ce n'est pas moi, ce n'est pas moi", répète Saïd Chabane à la barre.

Lorsque la présidente lui demande pourquoi, selon lui, la plaignante a donc porté plainte, il répond : "Je ne sais pas. Je ne sais pas. C'est la question que je me pose depuis quatre ans. Je ne sais pas."

- "Est-ce que (la plaignante) est une menteuse ?", insiste un peu plus tard la présidente.

- "Dans ce cadre-là, oui", dit-il. 

"Une ambiance de machisme"

"J'ai déposé plainte pour éviter que ce comportement ne se reproduise sur d'autres femmes. J'ai déposé plainte de moi-même, sans aucune autre pression", confie-t-elle à la barre.

Une autre plaignante explique avoir été agressée alors qu'elle était seule avec Saïd Chabane dans les bureaux du club. D'après elle, Saïd Chabane lui a massé les épaules puis touché la poitrine alors qu'elle était assise à son poste. Il l'a ensuite enlacée en caressant ses fesses, a-t-elle précisé dans sa plainte.

"Je ne me suis jamais retrouvé seul en tête-à-tête avec elle", a répondu le prévenu à la barre.

L'une des plaignantes a évoqué lors de l'audience une "ambiance de machisme" au sein du club à l'époque. "On m'avait conseillé de ne pas rester seule avec (Saïd Chabane)", a-t-elle ajouté.

"J’attends que la vérité soit reconnue juridiquement", espère l'une des plaignantes, interviewée lors d'une interruption de séance. Elle a attendu plusieurs années avant de porter plainte : "J'avais peur, explique-t-elle. Je ne voulais pas que mon nom soit associé à ce type d’affaire. Je voulais privilégier ma carrière professionnelle, que cela ne vienne pas entacher mon avenir."

"On n’aura jamais d’excuses ou d’explications par rapport à ce qui s’est passé. Je n’aurais pas pensé qu’il aurait été aussi loin dans le déni", regrette-t-elle.

Reportage d'Eric Aubron, Laura Striano et William Sabas

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