Un sélectionneur basé près de Cholet, dans le Maine-et-Loire, a mis au point une technique de sexage des canetons. Elle permettra d'éviter le broyage des femelles qui ne sont pas valorisées dans cette filière. La pratique était dénoncée depuis longtemps par les associations de défense des animaux.
Les associations de défense des animaux se battaient depuis des années contre cette pratique qui consiste à broyer les canetons femelles ou les poussins mâles non valorisés par les élevages.
Pour la production d'œufs de poules, identifiés après leur naissance, les poussins mâles inutiles, étaient ainsi sauvagement éliminés. Une technologie permet aujourd'hui de connaître le sexe de l'oisillon dans l'œuf. La spectrophotométrie, basée sur la reconnaissance des couleurs des premières plumes permet de déterminer si le poussin est un mâle ou une femelle. On évite ainsi le broyage.
Cette technologie utilisée pour les œufs de poules, ne fontionne pas chez les canards. Elle ne permet pas de déterminer le sexe du caneton par la couleur des plumes.
Le broyage des poussins interdit en France en 2022
La France s'est engagée à interdire le broyage des poussins fin 2021 mais, pour les canetons, la technologie ne permettait pas jusqu'à maintenant de poser un tel ultimatum réglementaire. Le broyage pouvait donc malheureusement se poursuivre.
Face aux critiques, la profession a poussé les recherches pour faire avancer le sexage vers une méthode moins barbare.
Une entreprise du Maine-et-Loire, le sélectionneur Grimaud Frères, annonce avoir trouvé le moyen de sexer les œufs avant éclosion.
Là encore, on utilise la spectrométrie mais c'est la couleur de l'œil qui est déterminante.
Chez le mâle de l'espèce mulard, élevé pour la production de magrets ou de foie gras, l'œil est foncé. On pourra donc ainsi sélectionner les œufs (dès le 9ème jour) que l'on souhaitera faire éclore. Seule un petit pourcentage de femelles trouve un marché pour la reproduction ou en Egypte où l'on pratique un peu l'élevage.
La technique mise au point par Grimaud Frères, installé à Sèvremoine, au nord-ouest de Cholet, fonctionne pour l'espèce mulard et celle des canards de barbarie (canard maigre à rotir dont le mâle est préféré également).
"Ça fait des années, explique Julien Leblond directeur marketing du groupe Grimaud, que l'interprofession demande de travailler pour qu'on puisse arrêter ces pratiques d'élévage (le broyage des femelles). Grimaud travaille depuis cinq ans sur ce projet."
Un surcoût de production
Même si cette technique, le procédé Lunix™ , implique un surcoût de production pour les accouveurs, environ plusieurs dizaines de centimes d'euro par caneton, elle reste néanmoins moins chère que celle utilisée pour le sexage des poussins.
"Les premiers animaux issus de cette technologie seront disponibles au début de l'année 2021" annonce Julien Leblond.
Grimaud n'a pas l'intention de vendre sa découverte, ses concurrents sont également sur le point de mettre en pratique leur propre technique de sexage.
Cette avancée satisfera sans doute les défenseurs de la cause animale mais elle ne les comblera pas. La pratique du gavage qui attend les canards élevés pour la production de foie gras n'est toujours pas remise en cause.
Grimaud Frères, groupe multimétiers
C'est à la fin des années 60 que les frères Grimaud ont décidé de parfaire leur élevage en sélectionnant les meilleures individus, en collaboration avec l'INRA.Grimaud Frères est la maison mère du groupe Grimaud qui a de multiples activités. Outre la sélection de canards de barbarie et mulard, principales espèces élevées en France, le groupe travaille aussi sur la sélection de lapins, pintades, porcs, crevettes, poules pondeuses et pigeons.
Il a également une branche biopharmacie et travaille comme d'autres à la mise au point d'un vaccin contre le covid-19, par l'intermédiaire du laboratoire Valneva, à Saint-Herblain, près de Nantes, dont le groupe Grimaud est actionnaire.