C'est l'un des lieux les plus prestigieux du monde équestre. Depuis le 17 mars, premier jour du confinement, le Cadre noir de Saumur dans le Maine-et-Loire tourne au ralenti. Pour l'instant, l'institution a perdu 750 000 euros mais à terme, les pertes pourraient s'élever à un million d'euros.
Des gradins vides et des cavaliers qui tournent en rond, une image rare dans le manège du Cadre noir. Sur les 350 chevaux de l'institution, la moitié continue de travailler. Les autres ont été mis au pré ou sont repartis avec les élèves de l'école. Une décision logique pour le colonel Patrick Telssenrec, écuyer en chef du Cadre noir: "S'il y a moitié moins de chevaux, il y a moitié moins d'hommes présents en même temps sur le site".
S'il est inhabituel, ce calme est une aubaine pour les chevaux restants : "Je pense qu'il le vivent bien, explique le colonel Patrick Telssenrec. Il y a beaucoup moins d'agitation autour d'eux, et il n'y a pas les visites qu'on a quotidiennement. Les chevaux ont souvent du mal à le supporter parce que ça fait beaucoup de gens qui les touchent".
Pas question pour autant de s'arrêter de travailler. Le rythme a été allégé, mais les chevaux continuent à s'entraîner une fois par semaine. Pour la préparation et les soins, des précautions ont été mises en place. Chaque cavalier s’occupe de cinq à dix chevaux. "Je ne nettoie que les box, détaille Olivier Prevault, soigneur. Ensuite, le cavalier brosse et équipe son cheval seul". Même l'écuyer en chef a dû reprendre son matériel. "On s'interdit de caresser les chevaux des autres. Bien que les chevaux ne transmettent pas le virus, leur peau est une surface comme peut l'être le matériel".
750 000 euros de pertes
Fermé depuis le 16 mars, le Cadre noir a dû annuler tous ses spectacles et notamment le gala du Cadre noir "Au coeur du Grand Manège" prévu les 19, 20 et 21 juin prochain. "On est à 750 000 euros de pertes, explique Jean-Roch Gaillet, directeur général de l'Institut Français du cheval et de l'équitation. C'est déjà considérable. Et on aura moins de monde dans nos prochains galas quand ça va redémarrer en septembre-octobre. On ne remplira pas les salles comme on les remplissait jusque là".Il estime que les pertes pourraient monter jusqu'à plus d'un million d'euros. Si la demande est au rendez-vous, le Cadre noir réflechit à augmenter le nombre de représentations à la réouverture, pas avant le 14 juillet.
► Reportage de Charles Lemercier, Antoine Roynier et Florence Thibert