Nicolas Touzaint et Claire Supiot préparaient les Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020. Tous deux comprennent la décision des instances internationales de les reporter. Il faut désormais se tourner vers 2021, même si la date précise du report des Jeux n’est pas encore connue.
Le cavalier angevin Nicolas Touzaint, ne dit pas autre chose : "(Le report des Jeux Olympiques), ce n’est pas le plus grave, ça reste du sport. Je relativise les choses, la priorité ce n’est pas ça".
Les deux athlètes s’attendaient à ce que les Jeux de Tokyo prévus cet été soient reportés, à l’image d’autres compétitions comme le championnat d’Europe de football.
Désormais, il faut faire avec les contraintes du confinement pour s’entraîner. Et adapter la préparation pour l’année prochaine.
"Tout était axé sur l’été 2020"
Champion olympique d’équitation en concours complet par équipe en 2004, Nicolas Touzaint s’apprêtait à disputer ses sixièmes J.O. Avec une préparation particulière, comme tout hiver préolympique. "Ça devait être une continuité avec la fin de saison dernière. En novembre j’ai un peu soufflé mais pas décroché.""Tout était programmé en fonction des Jeux : j’ai deux chevaux concernés assez jeunes (Absolut Gold et Vendée Globe’Jac) qui avaient besoin d’un travail de fond sur le dressage notamment. C’est la période où on avait le temps de faire du travail sur le plat. Tout était axé là-dessus et d’un seul coup, tout s’arrête."
Rien n’est perdu pour l’Angevin qui a l’avantage de pouvoir travailler malgré le confinement : "on travaille les chevaux presque comme d’habitude. Il fait beau, je suis à cheval toute la journée, contrairement à des gens dans des appartements… Je ne me plains pas".
Claire Supiot, elle, ne peut plus nager car les piscines ont fermé. Très suivie par ses entraîneurs et l’équipe qui l’entoure, elle continue, à 52 ans, de préparer ses premiers Jeux Paralympiques – après avoir disputé les Jeux Olympiques de Séoul en 1988, on lui a diagnostiqué la maladie de Charcot-Marie-Tooth, près de vingt ans plus tard, Tokyo est devenu son objectif.
"Je travaille le cardio : je fais du home trainer (vélo en intérieur), de la marche nordique dans mon jardin. On essaie vraiment de positiver : tout ce travail, on n’aurait pas pu le faire si je continuais de nager en même temps."
Les Jeux sont reportés mais la préparation ne s’arrête pas totalement. Elle fait près de deux séances de préparation physique par jour. En attendant de retrouver les bassins.
"Je sais que je ne vais pas nager pendant peut-être deux mois. Mais je sais que ça va revenir. Je me suis arrêtée de nager pendant 28 ans et je vois où j’en suis. Donc ça va revenir. Par contre, il faut rester rigoureuse sur l’alimentation, le repos."
Ce report : un mal pour un bien ?
En 2021, les Jeux Olympiques pourraient avoir lieu au printemps ou alors l’été, comme prévu en 2020. Une décision doit être prise d’ici quatre semaines par le Comité International Olympique (CIO).Ce report chamboule beaucoup de choses, "les contrats de sponsoring, les partenaires, tout est souvent calqué sur les olympiades", explique Nicolas Touzaint.
Mais laisser une dizaine de mois supplémentaires de préparation pourrait s’avérer bénéfique aux deux athlètes, pour des raisons très différentes.
"Mes chevaux ont 10 et 11 ans, c’est assez jeune à ce niveau, explique Nicolas Touzaint, on considère que la maturité, c’est à 12-13 ans et jusqu’à 15-16 ans. Mes chevaux ont une marge de progression assez importante.
"Avec un an de plus, ils vont encore progresser, à l’inverse de cavaliers qui ont des chevaux de 15-16 ans dont la fin de carrière se rapproche".
Pour lui, les mois de préparation à venir se feront qui plus est dans une certaine sérénité : grâce à une quatrième place aux Championnats d’Europe par équipe l’an dernier, il était déjà qualifié pour les Jeux.
Et il le restera pour l’an prochain. "On vient de recevoir un mail de la Fédération ce matin qui indique que les personnes et les chevaux qui étaient qualifiés pour cet été le resteront d’une année sur l’autre".
Pour Claire Supiot, la qualification n’est pas encore totalement acquise malgré deux médailles de bronze sur 50 et 100m aux Mondiaux de Londres en 2019 et une 4eme sur 500m. D’ailleurs, elle reste "assez sereine. Dans le chemin de sélection, on n’est pas loin de le finir."
Mais l’essentiel est surtout ailleurs, "ça va être des mois de gagnés par rapport à ma santé. Le sport est très bon pour ce que j’ai. Le principal c’est que mes jambes continuent de fonctionner. Je bosse moins les bras mais le côté positif c’est que je continue à bouger."
Une sérénité décuplée par le fait que toute son équipe est prête pour se concentrer sur un objectif désormais fixé en 2021.