Réchauffement climatique. Les moissons ont débuté avec une dizaine de jours d'avance

L'année 2023 ressemble à s'y méprendre à l'année 2022. En Pays de la Loire, les moissons d'orge et bientôt de blé sont avancées d'une à deux semaines en raison de la chaleur et des faibles précipitations en mai et juin.

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De la Sarthe à la Vendée, les moissonneuses batteuses sont entrées en action pour récolter l’orge d’hiver dès la mi-juin. Sans surprise, la date de récolte a été avancée d’une à deux semaines, par rapport à l’année 2022, une année déjà marquée par la précocité.

"L’hiver a été doux jusqu’en décembre, les céréales ont eu des stades plus avancés que d’habitude, et les dernières pluies de mai sont tombées à la bonne période pour le remplissage des grains", confirme Samuel Guis, conseiller en agronomie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, spécialisé en grandes cultures.

La précocité de l'été n'altère cependant pas les rendements. "Le climat a été favorable à des rendements élevés, en moyenne entre 60 et 75 quintaux".

Quant au blé et au colza, les moissons devraient débuter entre le 5 et le 10 juillet et s’achever à la mi-juillet, sauf en cas de pluies répétées à cette période. Au regard des cinq dernières années, les dates de moissons évoluent peu, mais comparé à il y a 20 ans, elles sont avancées d'une dizaine de jours.

"Depuis deux, trois ans, les stades sont de plus en plus précoces, notamment sur les céréales. On peut avoir deux à trois semaines de décalage par rapport à des dates classiques", relève Samuel Guis. 

On voit bien que nos cycles culturaux sont de plus en plus courts.

Samuel Guis

Conseiller en agronomie à la chambre régionale d'agriculture des Pays de la Loire

Cette année, la qualité des blés et le rendement des parcelles risquent d'être affectés par un champignon. "Les résultats seront très disparates. Ce champignon, qui attaque les racines, est très lié à la climatologie de l’automne. Il entraine une nécrose de la racine donc un arrêt de l’alimentation de la plante et par défaut un arrêt de remplissage du grain. Certaines parcelles sont à 50/60% d’attaque, donc les rendements y seront limités, anticipe Samuel Guis.

Les Pays de la Loire sont la cinquième région de production de COP (Céréales, Oléagineux, Protéagineux), en milliers de tonnes. Les céréales représentent 84% des surfaces cultivées en COP. Le blé tendre est cultivé sur 45% de ces surfaces.

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Repenser ses pratiques pour s'adapter au changement climatique

Le maïs, historiquement récolté à la mi-septembre, est, lui aussi, impacté par le réchauffement climatique. "S'il est encore trop tôt pour annoncer une date prévisionnelle d'ensilage, il pourrait être avancé à la fin du mois d'aout, en cas de fortes chaleurs et de faible pluviométrie", prévoit le conseiller en agronomie.

Soumis aux aléas climatiques, les agriculteurs tentent de s'adapter, notamment en cultivant de nouvelles variétés, à la précocité plus tardive et aux cycles plus longs. Des hivers trop doux favorisent la croissance des blés, mais les rend aussi plus fragiles face à d'éventuels gels tardifs. 

Le programme CLIMATVEG, qui étudie les impacts du changement climatique sur les grandes cultures, relève que les précipitations devraient diminuer de 12 mm durant la période 2020-2049 et de 51 mm sur la période 2070-2090, en vallée de l'Authion (Maine-et-Loire). À l'inverse, les précipitations augmenteront durant l'hiver de 10 mm (2020-2049) et 14 mm (2050-2100). 

Dans toute la région, les données de prospective sont identiques. En Vendée, "on peut s’attendre, à la fin du siècle, à une multiplication par 4 du nombre de jours de stress thermique pour le maïs", précise l'étude. La récolte pourrait être avancée de 36 jours à la fin du siècle.

Les exploitants choisissent d'ores et déjà leurs blés avec des précocités différentes, selon les parcelles. "Sur des sols sableux, qui n’auront pas de réserves hydriques, on choisit plutôt des variétés précoces qui termineront leur cycle au mois de mai, à une période où l'on est sûr d’avoir encore de l’eau, explique le conseiller de la chambre régionale d'agriculture. "Sur des sols argileux, on va choisir des variétés plus tardives qui auront la capacité à finir leur cycle plus tard, et profiter de l’humidité encore présente dans le sol, pour obtenir un meilleur rendement."

D'autres agriculteurs choisissent déjà de mélanger les variétés sur une même parcelle, pour limiter l'impact du réchauffement climatique et garantir les rendements.

L'eau, le talon d'Achille des céréaliers

Le réchauffement de la planète s'accompagne aussi d'une baisse conséquente des précipitations et les Pays de la Loire ne sont pas épargnés. Outre des étés de plus en chauds et secs, "le dérèglement climatique s'accompagne d'une pluviométrie complètement disparate, dans l'année", constate Samuel Guis. "Les pratiques agricoles vont devoir évoluer".

S'il est courant d'apercevoir des rampes d'irrigation sur les cultures de blé ou de maïs en Vendée, elles étaient bien plus rares en Maine-et-Loire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis deux, trois ans, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à irriguer leurs parcelles. "Lorsque les mois de mai et juin sont très secs comme l’an dernier, irriguer un blé, c’est clair, ça rapporte des quintaux supplémentaires".

"La question de la disponibilité de l’eau se pose pour pouvoir irriguer du blé et ensuite du maïs si jamais les pluviométries sont proches de zéro pendant la période culturale du maïs", remarque le conseiller, car c'est durant l'été que le maïs a le plus besoin d'eau.

Renoncer à la culture du maïs, très gourmande en eau à une période où elle est moins disponible, n'est pourtant pas d'actualité, même si certains choisissent de planter ponctuellement du sorgho ou du sarrasin. 

"Ce que l'on voit souvent, c’est qu’une année sèche où les rendements en maïs sont très faibles, l’année qui suit, les surfaces en maïs non irriguées diminuent au profit du sorgho, qui va être beaucoup moins demandeur en eau", explique Samuel Guis. "mais ensuite tout revient en maïs comme c’était auparavant."

Les agriculteurs comptent sur les semenciers pour leur proposer des variétés résistantes au stress hydrique. 

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