Originaire d'Amérique du Sud, la patate douce a conquis depuis quelques années les consommateurs français. En Mayenne, un agriculteur a relevé le défi d'en cultiver, tablant sur des températures plus chaudes. Mais cette année, les pluies et le manque de chaleur ont largement impacté sa production.
D'ordinaire, la patate douce se récolte avec l'aide d'une souleveuse qui extraie les lianes du sol. Mais cet automne, la terre est tellement gorgée d'eau que les salariés sont obligés de travailler à la main, avec des fourches bêches.
"La météo est catastrophique. D’abord, on a accumulé l’eau pendant des mois ; il y a eu un petit répit, on a pu travailler pendant deux jours, mais ça n’a pas assez "essuyé" pour utiliser les machines", explique Pascal Leclerc, producteur de patates douces au Prée-d'Anjou en Mayenne.
"Comme on n’a pas une récolte très abondante, ça nous permet d’en récupérer le maximum et éviter la perte", ajoute l'agriculteur, qui s'attend à un volume deux fois moindre que l'année dernière, environ 12 tonnes.
Pascal Leclerc est l'un des rares producteurs, en Mayenne, de ce tubercule importé d'Amérique du Sud. Il a d'abord testé et expérimenté sa culture durant deux ans, avant de planter 22 000 plants sur un hectare de sa ferme, en 2023.
"C’est un défi de démarrer la patate douce en Mayenne. Même si on parle de réchauffement climatique, moi, je le traduirais plutôt par des perturbations climatiques. Effectivement les températures sont plus élevées, ça nous autorise à envisager de faire de la patate douce, avec des risques."
Là, il pleut beaucoup, ça ne lui convient pas, et les modalités d’arrachage et de valorisation sont beaucoup plus compliquées.
Pascal LeclercProducteur de patates douces
Une fois récoltée, les légumes sont lavés sur place avant de sécher 48 heures dans un hangar. Puis direction la chambre chaude, entre 26 et 27 degrés, durant six jours.
"L’objectif, c’est qu’elles restituent leurs qualités gustatives et ça permet aussi à la patate douce de cicatriser les petites blessures. On peut la conserver comme cela jusqu’au mois de mars, voire avril", explique l'agriculteur.
La totalité de la récolte sera vendue localement, à la ferme, sur les marchés, dans les grandes surfaces environnantes ou encore auprès des cantines et restaurateurs.
"Depuis une quinzaine d’années, c’est devenu un produit de consommation courante, ça rentre dans le panier de la ménagère", remarque Pascal Leclerc. En France, la culture ne couvre que 40 % des ventes. 46 000 tonnes sont importées chaque année des États-Unis, d'Espagne et d'Israël.
Courge et chia
Dans le même département, Thibaud Gigan, installé au Petit Nuillé à Houssay, aime à tester de nouvelles cultures. Il produit notamment des graines de chia et de courge. "C'est un panel de culture plus large que le conventionnel qui permet des rotations sur chaque parcelle tous les ans".
En 2021, il avait aussi lancé la production d'arachide, une plante endémique d’Amérique latine, cultivée majoritairement en Chine, en Inde, au Nigéria et aux États-Unis. Mais après trois ans, il constate que c'est un échec.
"On n'avait pas la variété adaptée à notre climat. L'arachide n’arrivait jamais à maturité. Le climat n'est pas assez chaud et il faut des terres sableuses, explique Thibaud Gigan. Il reste convaincu de l'intérêt de tester et produire des cultures à forte valeur ajoutée. "Il faut essayer, mais rester prudent, ne pas mettre en péril son exploitation".
► Le reportage de Pierre-Erik Cally, Florie Cotenceau et Alexis Le Grand
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv