"On salit sa mémoire", des locataires d'une cité Emmaüs veulent garder le portrait de l'abbé Pierre

En partie grâce à l'abbé Pierre, en 1961 un lotissement a vu le jour à Laval. Faut-il faire disparaître son portrait peint sur une façade ? Pour les familles de locataires, il n'en est pas question.

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"C’est en discussion au Conseil d’administration", nous répond-on au siège de l’ACEL, les Amis de la cité d’Emmaüs de Laval. "Rien n’est encore tranché". Car face à la vague d’indignation que suscitent les révélations d’Emmaüs sur des agissements coupables de la part de l’abbé Pierre, se pose cette question : faut-il retirer les nombreux portraits qui existent un peu partout en France ?

À Laval, l’ACEL a donc honoré l’abbé Pierre et le Lavallois le père Laizé qui en 1961 ont fondé un petit lotissement de 24 pavillons dans le quartier des Pommeraies, à destination des familles dans le besoin.

Une peinture de bonne taille des deux hommes agrémente donc la façade de la première demeure.

"L'abbé Pierre a sauvé mes parents de la misère"

Des accusations qui font hurler Christine, 59 ans : "c’est inadmissible, on est en train de salir sa mémoire. L’abbé Pierre, il a sauvé mes parents de la misère !". Le couple vivait en effet à l’époque dans un baraquement situé sur le champ de courses, avant d’être relogé dans des conditions plus dignes, grâce à Emmaüs.

Ce que confirme sa sœur, Jocelyne, un an de plus : "nous sommes nées toutes les 2 dans cette maison où a été dessiné la fresque, personne n’y touchera !".

Juste en face du lotissement, dans un pavillon plutôt coquet, Bernard, la cinquantaine, est plus mesuré : "tout d’abord évidemment que je trouve intolérable les agressions contre les femmes, si cela est avéré. Maintenant, si le portrait était accroché au-dessus de mon lit, je le retirerais, mais ici, je n’en vois pas la nécessité. Ça ne me gêne pas qu’il reste en place, j’ai juste peur que dans l’avenir cela apporte diverses dégradations et autres actes de vandalisme…"

De son côté, la mairie de Laval a déjà fort à faire avec la rue de l’abbé Pierre, située dans un autre quartier, en réfléchissant au fait de changer de nom ou pas. Et de toute façon, le bâtiment appartient à l’ACEL donc la commune n’a pas vraiment son mot à dire.

Même attitude gênée pour les compagnons d’Emmaüs de la Mayenne et de Châteaubriant qui possèdent plusieurs magasins et une communauté dans le département.

Les vieux compagnons le vivent très mal

Pour son président, Jacques Beauvalet : "nous condamnons sans réserve les agressions contre des femmes, mais notre position est difficile. Les vieux compagnons le vivent très mal. Il y en a un qui m’appelle tous les jours pour en parler", révèle-t-il.

"Pour ce portrait dépend de l'ACEL. Quant à nous, nous avons effectivement quelques représentations de l’abbé Pierre, dont un bronze. Nous allons bientôt en parler en conseil d’administration, mais je pense que nous garderons tout ce qui est souvenirs et œuvres d’art. En revanche, tout ce qui est lié à l’action commerciale, nous le retirerons. Mais la grande majorité de notre public, clients ou donateurs, nous apporte des témoignages de soutien, cela ne devrait pas changer leurs habitudes".

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