C'est un fait, Noël approche à la vitesse de la lumière. Alors, pour tous ceux qui sèchent affreusement question cadeaux, voici déjà une sélection de bandes dessinées qui couvre tous les styles, tous les goûts, tous les budgets. Joyeuses fêtes et bonne lecture...
Pour ceux qui aiment... les artsVous aimez la peinture ? Zara, elle, adore. Au point de refaire régulièrement la déco de la maison. Bien sûr, ses parents râlent un peu mais pas trop. Il faut dire qu'ils tiennent une boutique pour artistes. Jusqu'au jour où Zara pousse le pinceau un peu loin. "Fini la peinture, Zara, tu es encore trop petite pour ça...", lui dit son père. Un monde qui s'écroule pour la gamine qui va fort heureusement trouver un subterfuge pour continuer de vider les tubes de couleurs.
Magnifique album que celui-ci réalisé par le tandem du non moins magnifique Essence paru il y a quelques mois chez Futuropolis. Peu de pages, 22 en tout et pour tout, mais des pages épaisses qui résisteront aux petites mains maladroites, une histoire adorable, une héroïne attachante et des planches colorées et joyeuses. (Le secret de Zara, de Fred Bernard et Benjamin Flao. Delcourt. 10,95€)
Michel Vaillant est en prison ! Oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, le célèbre coureur automobile commence cette nouvelle aventure derrière les barreaux d'une prison au sud de Paris, quartier VIP mais sans régime de faveur.
Et du côté de la presse, ça se déchaîne. "Vaillant : la ruine et la prison", titre Libération. Michel Vaillant est accusé d'avoir tué son frère. À sa sortie, le héros a deux missions urgentes : prouver son innocence et remettre la famille sur les rails. Direction Macao pour le grand prix FIA F3 World Cup avec en ligne de mire le retour de l'écurie Vaillante en F1...
Personnage mythique de la bande dessinée franco-belge, né de l’imagination de Jean Graton en 1957, Michel Vaillant a connu mille et une aventures sur tous les circuits automobiles du monde. 70 albums, 20 millions d’exemplaires vendus dans 16 pays, une très belle adaptation au cinéma signée Luc Besson, une intégrale en 20 volumes parue au Lombard... et un retour fracassant en 2012 sous les plumes et pinceaux du fils Graton, Philippe, de Benéteau, de Lapière et de Bourgne qui a depuis quitté l'équipe.
Un retour réussi à 100% grâce à des aventures sportives mais pas seulement. Entre deux courses, les aventures de Michel Vaillant nous racontent les histoires d'une famille avec ses hauts et ses bas. Une histoire haletante, un scénario carré, un dessin réaliste de toute beauté... Génial ! (Michel Vaillant Tome 7, Macao, de Graton, Benéteau et Lapière. Dupuis. 15,95€)
Dans les deux premiers tomes de la série, Kaboul Disco tomes 1 et 2, Nicolas Wild racontait son expérience d'expatrié dans un Afghanistan en reconstruction mais loin d'être pacifié. Il revient avec un troisième tome, Kaboul requiem, qui ne parle pas cette fois de lui et de son histoire mais du reporter de guerre anglais Sean Langan, kidnappé ou plus exactement enfermé par les talibans durant 12 semaines en 2008 alors qu'il cherchait à interviewer l'un de leurs chefs militaires, Seraj Haqqani.
Le propos général du roman graphique est bien évidemment sérieux, on partage le quotidien du journaliste et de son fixer Sami qui lui sert de traducteur, d'aide de camp et d'interface avec les locaux, mais le ton reste finalement assez léger et même parfois carrément drôle avec certaines scènes d'anthologie. C'est la signature de Nicolas Wild. (Kaboul Requiem, de Nicolas Wild et Sean Langan. La Boîte à bulles. 19€)
170 000 planches, 700 titres... Ces seuls chiffres suffisent à mesurer l'immensité du mangaka Osamu Tezuka qui aurait eu 90 ans cette année. Pour célébrer cet anniversaire, les éditions Delcourt / Tonkam rééditent ses oeuvres emblématiques dans une collection prestige. Cinq volumes ont d'ores et déjà été publiés, L'Histoire des 3 Adolf 1 et 2, Ayako, plus récemment La vie de Bouddha et Barbara.
Osamu Tezuka, c'est un style graphique aussi épuré, simple, qu'efficace, c'est aussi un style d’écriture et un regard sur le monde singulier, humaniste jusqu’au bout de la planche, des histoires qui parlent de l’homme, du monde. Ses personnages sont les témoins privilégiés d’un Japon en plein bouleversement depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Une réédition historique ! (Tezuka. Delcourt. 29,99€ le volume sauf Barbara, 19,99€)
En 2016, les éditions Glénat lancent une nouvelle collection dédiée à l'univers de Mickey, avec la bénédiction de Disney bien entendu. L'objectif ? Offrir l'opportunité à des auteurs franco-belges d'écrire et dessiner leurs propres histoires de Mickey. Résultat, des auteurs comme Cosey, Loisel, Trondheim ou Tebo relèvent le défi en proposant des aventures forcément marquées par leur propre style.
Dernier album en date, Mickey à travers les siècles du tandem Petrossi / Dab's embarque le héros dans une aventure qui défit l'espace temps grâce à une machine inventée par deux frères savants. Un simple petit coup de tête et Mickey se retrouve au temps des dinosaures, un autre coup de tête et le voilà propulsé dans l'atelier de Léonard de Vinci, sur la Lune en compagnie des Neil Armstrong ou dans une arène au temps de l'Empire romain. Génialement drôle! (Mickey à travers les siècles, de Petrossi et Dab's. Glénat. 15€)
Ce n'est pas vraiment une bande dessinée, du moins pas comme on l'entend. Mais on le sait, avec Marc-Antoine Mathieu, il faut s'attendre à tout et surtout au meilleur. Depuis ses débuts, l'auteur n'a de cesse d'explorer les possibilités offertes par le médium, d'abord à travers les aventures de Julius Corentin Acquefacques.
Peut-être vous souvenez-vous de L’Origine, une case en moins, un trou dans la planche et toute l’histoire s’en trouvait bouleversée. Souvenez-vous aussi de l’album Le Début de la fin qui offrait une lecture à double sens, de La 2,333e Dimension avec ses problèmes de perspective et de point de fuite, ou encore du Décalage qui débutait par la page 7 et rejetait la couverture au beau milieu de l’album…
Il est de retour cette année avec 3 rêveries, un poème graphique véritablement atypique. Dans la forme d'abord. Le coffret réunit un ruban de 7,5 mètres, un leporello et un jeu de cartes. Dans le fond ensuite. L'album 3 rêveries aborde le triptyque des créations humaines que sont le temps, le faire et la pensée.
L'auteur précise que dans ces récits muets, "l'errance et la nécessité, l'adversité et la réalisation, la contingence et la logique agissent toutes, invisibles et en deçà des mots". Mais chacun y voit ce qu'il veut, c'est aussi ça l'art... (3 rêveries, de Marc-Antoine Mathieu. Delcourt. 34,90€)
Une Asiatique à la chevelure rouge. C'est plutôt rare mais c'est pour Claire un moyen d'affirmer sa personnalité et surtout de se souvenir d'un moment privilégié partagé avec sa mère dans un champ de coquelicots. "Un jour quand tu seras plus grande, je te dirai un secret", lui avait-elle dit alors.
Ce qu'elle avait à lui dire, Claire le découvre par elle-même lorsque ses parents ont un accident de voiture. Sa mère tuée sur le coup, son père plongé dans le coma, elle doit trouver des papiers pour régler l'inhumation et découvre un certificat d'adoption. Claire a été déposée au début des années 80 dans une Babybox en Corée, un boîte où les parents peuvent abandonner anonymement leurs nouveau-nés.
Admirable album écrit et dessiné par Jung à qui l'on doit précédemment l'autobiographique Couleur de peau: miel qui a été porté à l'écran en 2012 et portait sur son parcours d'enfant coréen adopté par une famille belge. Cette fois, Babybox est une fiction inspirée de faits réels. Graphiquement sublime ! (Babybox, de Jung. Soleil. 18,95€)
Marcello aime Louisa. Louisa aime Marcello. Le bonheur parfait ? Non. La jeune femme est promise à un autre mariage. Et personne, dans sa famille, ne veut entendre parler de ce Marcello, simple ouvrier et qui-plus-est syndicaliste, leader d'une grève qui n'en finit pas et paralyse son entreprise.
Peu importe, Marcello et Louisa sont décidés. Puisqu'ils ne peuvent vivre leur amour ici, alors ils fuiront. Mais à la veille d'enlever sa belle, Mario est embarqué malgré lui sur un bateau, direction un lointain pays d'Amérique centrale où le gigantesque chantier d'un canal réclame des bras vigoureux. Certains l'appellent l'Eldorado mais il a tout de l'enfer. Marcello tentera d'y survivre en écrivant chaque jour des lettres enflammées à Louisa, lettres interceptées par une autre femme, l'épouse désœuvrée du directeur de chantier...
Eldorado s'inscrit dans la tradition des grandes aventures romanesques, une histoire d'amour contrariée par la morale bourgeoise de ce début du XXe siècle et par le peu de compassion pour la classe ouvrière traitée comme du bétail. Dans un décor époustouflant de jungle tropicale où apparaissent ici et là quelques Indiens, Damien Cuvillier, et Hélène Ferrarini nous racontent aussi l'histoire du monde, de la lutte des classes, de la destruction des terres indiennes... Un scénario qui prend son temps, un graphisme époustouflant ! (Eldorado, de Damien Cuvillier et Hélène Ferrarini. Futuropolis. 26€)
Cet album paru Chez Casterman est à l'image du personnage évoqué dans ses pages, exceptionnel. Exceptionnel dans le fond d'abord, l'auteur Typex y retrace la vie du génial Andy Wharhol, The Pope of the Pop comme on le surnommait, en 10 chapitres correspondant à 10 périodes clés de sa vie, depuis sa jeunesse dans la banlieue industrielle du Pittsburg des années 30 jusqu'à sa mort en 1987 à New York.
Dans la forme ensuite, l'album de près de 550 pages est un hommage au pop art et à son célèbre représentant. Cinq ans de travail ont été nécessaires à Typex pour en venir à bout, un projet ambitieux, un festival d'esthétiques, dix styles graphiques en fonction des périodes, inspirées de l'oeuvre de Warhol et des revues contemporaines.
Mais le livre est bien plus qu'une simple biographie de Warhol, Typex nous offre un regard plus large sur la culture populaire avec l'apparition d'une flopées de stars, Lou Reed, Jager, Madonna ou encore Basquiat. Toute une époque ! (Andy, un conte de faits. Casterman. 35€)
L'album Est-Ouest a permis à son auteur de recevoir très récemment le Prix René Goscinny qui honore chaque année le travail d'un scénariste de bande dessinée. Pierre Christin est l'un des géants du neuvième art. Il a travaillé avec les plus grands dessinateurs, de Jean-Claude Mézières à Enki Bilal en passant par Tardi, Jean Giraud ou Annie Goetzinger, et ses albums, ses séries, ont marqué des générations de lecteurs. Valérian, les Phalanges de l’Ordre Noir, Partie de chasse, ou La Demoiselle de la Légion d’honneur sont aujourd'hui des classiques.
Dans ce nouvel opus autobiographique paru aux éditions Dupuis, Pierre Christin nous emmène en voyage, depuis le grand Ouest américain jusqu'aux coins les plus reculés du bloc communiste, et nous fait partager ses découvertes, d'un côté les voitures américaines, le crédit, les Mormons, les échangeurs autoroutiers, les hippies, la Ford Mustang, les cowboys, de l'autre la musique tzigane, les limousines Tatra, les brasseries de Pilsen, Berlin-Est et son mur, le métro de Moscou et le sarcophage de Tchernobyl. Une sacrée balade en compagnie de ce "devenu scénariste sans trop savoir comment, dans un métier qui n'existe pas vraiment" habilement mise en images par Philippe Aymond. Essentiel !
(Est - Ouest, de Pierre Christin et Philippe Aymond. Dupuis. 26€)