Drôle de scène devant le Château de Versailles samedi après-midi: quelques 400 militants et zadistes ont garé leurs caravanes et installé planches et tréteaux devant les grilles pour "festoyer ensemble" autour d'un banquet et dénoncer "la grande mascarade" de la COP21.
C'est sur la place d'armes, au pied du monument, que le convoi baptisé "Cap sur la COP" parti de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a fait son ultime halte pour y servir des soupes de courges, de betteraves et de pois chiches.
Autour, des touristes étonnés par ce décor inhabituel mais surtout des gendarmes mobiles et des policiers, présents en nombre, pour garder un oeil attentif sur ce rassemblement voulu pacifique par les participants.
"Rappelez-vous du mot d'ordre, PTPC, Pas taper, pas casser", s'égosille dans son mégaphone Geneviève, membre de l'ONG Attac, à l'arrivée du cortège. "C'est l'Etat, le premier terroriste", répondent en choeur les manifestants.
Dans les rangs, des tracteurs, des camionnettes et 200 cyclistes en gilets jaune fluo finissent un périple d'une semaine depuis Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.
Ils ont été rejoints en chemin par les membres d'autres ZAD (zones à défendre) venus de Bure (Meuse) et Dijon (Côte d'Or), qui luttent contre des projets de stockage de déchets nucléaires et de constructions d'éco-quartiers sur une ceinture maraîchère.
Initialement, le banquet devait se tenir à Paris, mais l'interdiction de manifester, en vertu de l'état d'urgence décrété après les attentats, a contraint les militants écologistes à s'arrêter aux portes de Paris.
"Malgré les interdictions, on a continué à avancer. On a fait de beaux pas, on est venu marcher sur le Château pour festoyer ensemble", se réjouit "Camille", nom générique que se donnent nombre de zadistes.
"Le prétexte de l'état d'urgence, c'est une façon de museler les contestations citoyennes. Sinon, les marchés de Nöel ou les matches de foot auraient aussi été interdits", s'agace un autre "Camille".
Cyril, qui se présente comme "paysan", n'attend rien de la COP21. "Je ne crois pas aux rassemblements des grands chefs d'Etat. Ils sont incompétents et incapables de prendre des décisions. Ils répondent aux demandes des lobbyistes, pas aux citoyens", juge-t-il.
"Les espoirs doivent venir des mouvements de base. La marchandisation de nos territoires concerne des millions de gens", abonde Benjamin, maraîcher près de Dijon.
"Le contexte, avec les attentats, est compliqué, on ne le nie pas", reconnaît Cyril, "mais l'Etat doit laisser le droit aux citoyens de se mobiliser et de faire entendre leurs revendications".
Le banquet doit s'achever à 17h suivi de la dispersion de tous les participants.