Ce week-end, on part dans le pays de Retz, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Nantes à la découverte d'un lieu sauvage et mystérieux : le lac de Grand-Lieu. Deuxième réserve ornithologique française après la Camargue, c'est aussi le plus grand lac naturel de plaine de France en hiver.
Une navigation limitée sur le lac
Au port de Passay, vous croiserez surement aux petites heures du jour, David Lefort. C'est l’un des sept pêcheurs professionnels du Lac. Un des rares à être autorisé à naviguer sur la réserve, qui est interdite aux autres navigations. C’est en 2004, à l’âge de 30 ans, qu’il a l’opportunité de devenir pêcheur. Un nombre limité que les professionnels ont eux-mêmes choisi pour permettre à chacun de bien vivre du métier. Mais il y a eu jusqu’à 120 pêcheurs en 1920 ! Les conditions sont strictes pour intégrer les rangs des pêcheurs de Grand-Lieu: il faut habiter une commune du lac et être fils ou petit-fils d’un pêcheur du coin. Ensuite, il faut respecter certaines règles : pêcher en dehors du weekend, avoir des filets aux normes du lac et s'acquitter d'un bail pour l’année.
Dans les eaux du lac, on trouve près de 30 espèces : sandres, gardons, carpes, brochets, poissons chats, mais aussi beaucoup d’écrevisses rouges de Louisiane. L’espèce est devenue invasive et prolifère au grand damne des autres poissons mais aussi des plantes aquatiques. L’écrevisse a détruit les mâcres et les herbiers, qui sont maintenant en voie de disparition. On pourrait en pêcher plus pour limiter leur impact mais il existe des règles très strictes, pour des questions de traçabilité et pour éviter qu’elle ne soit remise en milieu vivant, les pêcheurs ne peuvent vendre l’écrevisse que vivante, et uniquement dans le département. Dans les filets de David on trouve bien sûr des écrevisses et les autres nobles ôtes du lac mais surtout l’anguille qui est la pêche qui est la plus rentable.
La"nantaise" sauvée sur les pâturages du grand lieu
Le lac de Grand-Lieu se divise en trois parties : une réserve naturelle au centre, une partie appartenant à des particuliers, et une surface gérée par la Fédération Nationale des Chasseurs. Christophe Sorin, est le gestionnaire et le gardien attentif de la réserve. Cet agriculteur élève des vaches « nantaises ». Elles passent six mois dans les prés et le reste du temps elles le passent « à la plage » à 10 kilomètres de sa ferme sur la pointe de la Grève. La race doit une fière chandelle à Christophe car elle a bien failli disparaitre. L’idée de relancer la race Nantaise, il l’a eue il y a une vingtaine d’années. C’est une race adaptée à l'environnement et au climat de la région, parfaite pour entretenir les rives de Grand-Lieu. Grâce à lui et quelques autres, la Nantaise est aujourd’hui sauvée avec un cheptel de plus de 1 000 têtes réparties en Loire-Atlantique et dans le nord de la France contre une cinquantaine en 1987.
En mangeant la végétation de ces zones humides, les vaches participent à la préservation du milieu et entretiennent ces prairies submersibles. Leur présence est devenue primordiale pour la biodiversité car elles entretiennent ces marais en mangeant les plantes invasives. Au fil des années les roselières ont tout doucement disparu pour être remplacées par une multitude de plantes.
La réserve dont s’occupe Christophe s’étend sur 650 hectares. Un territoire composé d’herbiers flottants, de roselières boisées et de prairies inondables où l’on compte environ 270 espèces d’oiseaux. En étant près de l’océan, Grand-Lieu est un espace privilégié pour de nombreux migrateurs dont les riverains et les ornithologues surveillent les passages au fil des saisons. On doit aussi baguer les oiseaux, rechercher des nids, installer des caméras ou vérifier comment se comportent les canards plongeurs, une espèce en déclin à Grand-Lieu !
Grand-Lieu, c’est aussi un paradis pour les grandes aigrettes, échassiers, hérons cendrés et spatules blanches, une espèce qui s’est reproduite ici, pour la première fois en France.
Un système d'écluses permet de réguler le niveau du lac
Après ce joli moment d’observation de la faune et de la flore du marais, on se rend maintenant sur l’écluse du canal de Buzay afin de comprendre le fonctionnement du lac de Grand-Lieu. En vrai passionné, Claude Trouvat, propriétaire d’une parcelle non loin de là est devenu un spécialiste du lac. Il s’est beaucoup renseigné sur ce sujet et a aussi beaucoup consulté les anciens agriculteurs.
Le lac s’est formé il y a plus de 50 millions d’années par des mouvements de plaques tectoniques, il faisait alors 60 mètres de fond, puis il a été comblé par des sédiments qui ont été charriés par des cours d’eaux qui l’alimentent. Au fil des siècles, les riverains ont été très impactés par les variations du niveau du lac, les inondations étaient fréquentes. Des moines ont même creusé le fond du lac, au 17ème siècle, pour drainer ces territoires inondés et réguler les flux. Finalement des canaux et deux écluses seront construits pour modifier profondément la vie du lac.
Grand-Lieu, c’est une sorte de cuvette qui récupère les eaux de pluies aux alentours, ce système d’écluses a permis de réguler le niveau des ruisseaux en fonction des crues.
Pour en voir et en apprendre plus sur le lac de Granc Lieu, regardez Envie dehors présenté par Julies Hattu ce dimanche 27 février à 12 H 55 et sur nos plateformes pdl.france3.fr et Francetv.fr
Production exécutive : Les nouveaux Jours Productions
Producteur : Maël Mainguy
Réalisation : Gildas Corgnet
Rédaction en chef : Camille Pitron